Il est écrit dans notre paracha de Béréchit (1, 1) : בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים אֵת הַשָּׁמַיִם וְאֵת הָאָרֶץ (Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre).
Rabbi Moché Leib de Sassov commentait ce verset de la façon suivante :
« Au commencement » – la toute première chose qu’un Juif doit savoir est que « D.ieu créa le ciel et la terre » – il existe un Créateur et Dirigeant derrière l’univers. C’est à cette prise de conscience qu’arriva Avraham en son temps, lorsqu’il exhorta ses contemporains à la découverte de l’existence de D.ieu en raisonnant ainsi : tout comme il ne peut y avoir de demeure sans propriétaire, le monde ne peut exister sans Force Suprême pour le diriger.
A ce propos, le Talmud raconte qu’un renégat demanda un jour à Rabbi Akiva :
« Ce monde-ci, qui l’a créé ?
– C’est le Saint béni soit-Il, répondit le maître.
– Donne-m’en une preuve concrète, demanda l’hérétique.
– Demain, reviens chez moi, lui dit Rabbi Akiva. »
Le lendemain, le renégat fut de retour. Rabbi Akiva l’interrogea :
« Que portes-tu sur toi ?
– Un vêtement.
– Et qui l’a confectionné ?
– Le tailleur !
– Je ne te crois pas, prouve-le moi !
– Qu’y a-t-il à prouver ? rétorqua le renégat. Ne sais-tu pas que c’est le tailleur qui l’a confectionné ? »
Et Rabbi Akiva de riposter : « Quant à toi, ne sais-tu pas que c’est le Saint béni soit-Il qui a créé le monde ! »
Quand l’hérétique fut parti, les disciples de Rabbi Akiva exprimèrent leur étonnement : « Quelle est donc cette preuve que tu lui as donnée ? » Le maître leur répondit : « Mes enfants, tout comme la maison prouve l’existence d’un maçon, le vêtement celle du tailleur, la porte celle du menuisier, de même l’univers prouve que c’est le Saint béni soit-Il qui l’a créé » (Midrach Temoura).
D'autre part... on raconte que dans le voisinage de Rabbi Yéhouda Halévy, le prodigieux poète d’Israël en Espagne, vivait un non-Juif, léhavdil, lui-aussi poète, qui prétendait dans sa grande érudition que le monde s’était créé tout seul. De nombreux débats sur le sujet eurent lieu entre Rabbi Yéhouda Halévy et cet homme, mais le sage ne parvint pas à le convaincre de modifier sa vision des choses. Un jour, le poète non-Juif composa un chant et, arrivé aux strophes finales, il ne parvint pas à trouver de conclusion adaptée. En quête d’inspiration, il sortit se promener dans son verger, espérant que le grand air profiterait à sa muse. A ce moment précis, Rabbi Yéhouda Halévy passa près de la demeure du poète et, à travers la fenêtre, aperçut le chant inachevé posé sur la table. Ni une ni deux, il ajouta en marge du parchemin une strophe finale à la composition particulièrement soignée.
Quand le gentil rentra chez lui, il eut la surprise de trouver son chant achevé mais ignorait bien évidemment le nom du mystérieux compositeur du couplet final. Au comble de l’émotion, le poète se précipita chez son voisin Rabbi Yéhouda et lui fit part de ce mystère. Mais ce dernier fut loin de partager sa surprise :
« Pourquoi cet étonnement ? demanda le sage. Le couplet a dû s’écrire tout seul.
– Mais c’est impossible, objecta le non-juif. Un chant ne peut pas s’écrire tout seul ! » Et Rabbi Yéhouda Halévy de riposter d’une voix triomphale : « Tu prétends qu’un simple chant ne peut s’écrire tout seul, mais que le monde entier a pu se créer tout seul ? » Mortifié, le non-Juif n’eut d’autre choix que de reconnaître son erreur (Torat Haparacha).