Dans le traité du Talmud « BabaBatra », nos sages apprennent de l'un des versets de notre paracha de cette semaine, ‘Houkat, comment combattre le mauvais penchant. Il faut réfléchir sur la perte et le gain qu'occasionnent une faute et une mitsva.
En d'autres termes, il faut se demander si le simple profit ou confort qu'apporte une faute vaut assez pour subir les souffrances qu'elle cause ? Est-ce que les difficultés engendrées par certaines mitsvot sont-elles si difficiles à surmonter, au point de renoncer aux immenses récompenses reçues pour chaque infime effort ? La prise de conscience de l'enjeu de notre service divin nous aidera à vaincre les forces du mal !
[Le livre Messilat Yécharim rapporte ce texte et ajoute que cette méditation ne doit pas s'arrêter sur l'ampleur des fautes et des bonnes actions, mais elle doit aussi entraîner un examen de conscience sur l'utilité de notre vie, à savoir si nous accomplissons correctement notre mission.]
La Torah nous raconte qu'après le décès de Myriam Hanévia (la sœur de Moché rabbénou), la source d'eau qui abreuvait le peuple d’Israël dans le désert s'assécha. Manquant d'eau, le peuple d'Israël s'en prit à Moché pour blâmer cette situation.
D.ieu dit alors à Moché de demander au rocher de faire sortir de l'eau, et ce, en présence de tous les enfants d’Israël. Moché rassembla donc le peuple et ordonna au rocher de faire jaillir une source. Mais ce n'était pas le bon rocher et il ne s’exécuta donc pas. Moché décida de frapper le rocher avec son bâton, et la source jaillit enfin.
Par cet acte, Moché avait commis (à son haut niveau) une erreur et il se fit réprimander par le Tout-puissant : en effet, D.ieu avait ordonné de parler au rocher, et non de le frapper. Si Moché avait fait jaillir la source en stimulant le rocher par la parole (et non par un coup), cela aurait davantage sanctifié le Nom de D.ieu, puisque les enfants d'Israël se seraient renforcés, en pensant : « Ce simple rocher, issu du monde minéral, qui n'a même pas la faculté de parler ni d'entendre, s'exécute dès que D.ieu lui donne un ordre ! A plus forte raison, nous, qui sommes dotés de toutes nos facultés, devons exécuter la parole de D.ieu, sans attendre qu'Il nous secoue !
Ainsi, Moché fut reproché de n'avoir pas suffisamment sanctifié le Nom de D.ieu, et suite à cette faute, le Saint-béni-soit-Il décréta qu'il ne rentrerait pas en terre sainte.
Le Rav Y. Galinski rapporte un texte du talmud de nos sages selon lequel les enfants d’Israël ont mérité ce miracle (du rocher qui faisait jaillir de l'eau) grâce au mérite du patriarche Avraham, qui avait servi de l'eau aux trois invités. Les sages précisent que de la même façon qu’Avraham a abreuvé ses invités par l'intermédiaire de son fils, le miracle du rocher fut fait par l'intermédiaire de Moché (et non directement par D.ieu).
Le rav fait remarquer l'immense impact que peut causer un simple geste : si Avraham avait lui-même servi de l'eau à ses invités, le miracle du rocher ne se serait pas produit par l'intermédiaire de Moché, mais directement par D'. L’erreur de Moché n’aurait pas eu lieu et les enfants d’Israël auraient rejoint leur terre sous la direction de Moché rabbénou. En conséquence, le temple aurait été immédiatement construit, pour ne jamais être détruit, et nous aurions toujours vécu en paix, sous le règne du machia'h.
Malheureusement, ces événements ne se sont pas produits, et il y a eu des milliers d'années d'exil, de malheurs et de souffrances. Toutes les catastrophes auraient été évitées par un effort en plus. Voici l'impact d'un seul geste !
Nous avons tendance à penser que seule une grande mitsva a de la valeur, et qu'un petit effort n’a pas de répercussion. Cette pensée nous décourage d'être pointilleux dans le service divin, et nous empêche d’accumuler plus de mitsvot.
L'enseignement de nos maîtres nous apprend que cette approche est totalement erronée. Si un simple geste (que ce soit celui de Moché rabbénou ou celui d'Avraham avinou) peut avoir une telle répercussion négative, alors combien une petite mitsva a-t-elle de force ! Les conséquences de petits efforts que nous pouvons faire, tels que dire quelques mots de Torah, nous garder de parler, de voir ou d’entendre des propos interdits ou bien d’être plus attentifs à l'ablution des mains (la nétilate yadaïme) sont inimaginables !
Et si nous sommes maintenant convaincus de la valeur de chaque petit geste, essayons de nous imaginer l'ampleur des mitsvot difficiles. Imaginons l'énorme mérite de quelqu'un qui va à la yéchiva ou au séminaire, de quelqu’un qui va à des cours de Torah réguliers etc. Le véritable serviteur de D.ieu ne se contente pas de peu (« Moi, c'est doucement doucement ... »), mais il fait tout ce qu'Il peut, et encore plus.
Prions D.ieu de nous aider à passer ces vacances dans la sainteté et dans la Torah (bien entendu, il ne suffit pas de prier, il faut aussi faire tout notre possible pour ne pas nous laisser aller, et pour fixer des moments d'étude). En attendant la venue du machia'h, et en attendant de vos nouvelles que j’espère bonnes, je vous souhaite Chabbath Chalom.