נוֹדָע בַּשְּׁעָרִים בַּעְלָהּ בְּשִׁבְתּוֹ עִם זִקְנֵי אָרֶץ.
Son époux est considéré aux Portes, quand il siège avec les anciens du pays.
On fait un éloge sur le mari de la Echet ‘Hayil ! Tiens donc ! Ce poème ne s’appelle-t-il pas Echet ‘Hayil (“la femme vertueuse”), et non pas Ich Hayil (“l’homme vertueux”) ? En fait, le niveau spirituel d’un homme s’acquiert… grâce à l’influence de sa femme. Pour comprendre cela, regardons le verset de plus près.
La femme est celle qui donne au mari la possibilité et le goût d’étudier la Torah
Tout d’abord, le verset nous parle de portes, ce qui fait en fait référence au Sanhédrin [1] qui était aux portes de la ville. Son mari rend des jugements au tribunal rabbinique et il est impliqué dans les décisions spirituelles du peuple juif. S’il en est arrivé à un tel niveau d'érudition, cela ne peut être que par le mérite de sa femme qui lui a donné le goût de l'étude en montrant de façon explicite combien elle apprécie ses Divrei Torah (paroles de Torah) ! De plus, elle pourrait préférer qu’il soit à la maison un maximum de temps. Mais, au contraire, elle l'encourage à rester longtemps dans la maison d'étude. Pour cela, elle va s’armer d'enthousiasme et de courage pour gérer le foyer d’une main de maître, ce qui donne à son mari la possibilité d'étudier sans s’interrompre [2].
Ra’hel, le soutien spirituel de Rabbi Akiva
Ra’hel, la femme de Rabbi Akiva en est l'emblème par excellence ! Ra'hel était la fille unique de Kalba Savoua, un homme notable et érudit, vivant à Jérusalem. Elle était une jeune femme distinguée et accomplie qui aurait pu avoir le choix de n'importe quel jeune et riche érudit en Torah. Cependant, lorsqu’elle a aperçu Akiva (l'un des bergers de son père), qui était totalement ignorant en Torah, elle a été émerveillée par sa modestie et ses traits de caractère raffinés. Elle lui a donc demandé de l’épouser, à condition qu'il accepte de s'engager dans l'étude de la Torah.
Après s’être marié et avoir eu deux enfants, Rabbi Akiva a quitté leur domicile pour étudier la Torah et Ra'hel a travaillé pour subvenir à ses besoins et à ceux de son mari pendant… vingt-quatre ans ! Une fois, alors qu’elle a découvert qu'il ne pouvait pas se permettre d’acheter de l'huile pour étudier la Torah la nuit, elle même a vendu ses cheveux sur le marché… Après toutes ces longues années, Rabbi Akiva est revenu, accompagné de 24 000 disciples. Ra’hel est sortie à sa rencontre et les disciples de Rabbi Akiva, ne la connaissant pas, étaient consternés qu’une étrangère s’approche de leur Maître et voulaient la repousser. Mais Rabbi Akiva a dit : "Laissez-la. Ce qui est à moi et ce qui est à vous est à elle", ce qui signifie: "Ma Torah et votre Torah n'existent que par son mérite".
Déborah, celle qui allume la flamme
De plus, les portes font référence à d’intelligence : l’homme peut gravir les échelons de l’intelligence et de l’érudition, grâce à sa femme [3]. Parfois de façon explicite, et parfois… avec ruse ! La Torah abonde d’exemples de femmes qui ont oeuvré pour faire prospérer l’étude de leur mari, mais la femme qui, par excellence, s’est montrée très rusée pour y parvenir est Déborah. Elle a été nommée « Echet Lapidot », « la femme aux flambeaux ». D’où lui vient ce surnom ?
Lapidot (appelé aussi Barak) était l’époux de Déborah. Il était un homme aimable et droit, mais il n’était pas érudit en Torah. Alors, que fit-elle ? L’a-t-elle réprimandé ? S’est-elle battue contre lui ? L’a-t-elle « forcé » à étudier ? Non, rien de tout cela. Elle rassembla toute l’énergie que D.ieu lui avait conférée et la mit à bon usage. Plutôt que de contraindre son mari à étudier, elle conçut un plan. Tous les jours, elle façonnait des mèches spéciales pour le Tabernacle et demandait à son mari de les apporter au Grand-Prêtre, afin qu’il s’imprègne de l'atmosphère de l’étude et de dévotion pour le service divin [4]. Elle le dirigea donc sur le bon chemin sans même qu’il le sache. Déborah était à la fois dirigeante du peuple juif et prophétesse, et pourtant le nom qui a été retenu dans la Torah pour la définir fut « Echet Lapidot », « la femme aux flambeaux » ! Pourquoi ? Afin de valoriser sa grandeur d’avoir subtilement encouragé son mari sur la voie de l'étude de la Torah.
Qui est la femme qui se cache derrière ce verset ?
Selon le Midrach, derrière chaque verset se cache une femme de la Bible.
Il s’agit de Mi’hal, la femme de David
Mi’hal était la fille de Chaoul et l’épouse du Roi David. Lorsque son père Chaoul a décidé de poursuivre David pour le tuer, Mi’hal fut face à un dilemme : devait-elle suivre son père ou protéger son mari ? Ce n’était pas un choix évident car son père était celui qui lui avait donné la vie et qui l’avait éduquée, il était le Roi d’Israël, oint par le prophète Samuel. Pourtant, elle a décidé de rester loyale à David et a joué un rôle fondamental en le sauvant des mains de son père, grâce à un fin stratège [5]. Mi’hal nous apprend que le rôle d’une femme est de soutenir son mari de façon inconditionnelle.
Mi’hal et la Echet ‘Hayil nous rappellent qu’il est important de faire les bons choix dans la vie. Si parfois il faut utiliser la ruse et l’esprit stratégique, comme notamment dans le cas de Mi’hal et de Déborah, le soutien doit être absolu et inconditionnel ! D.ieu a donné à la femme la possibilité d’être le moteur spirituel de son mari en le motivant à prendre le goût de l’étude de la Torah avec assiduité et engouement. Il faut avoir conscience de notre force pour l’utiliser à bon escient en essayant de soutenir et renforcer notre conjoint spirituellement… avec finesse et intelligence !
[1] Metsoudat David sur Michlei (31,23)
[2] Achlikh sur Michlei (31,23)
[3] Malbim sur Michlei (31,23)
[4] Rav Moché Weizmann dans "le Midrach raconte sur la Haftara" (béchala’h)
[5] Samuel I chap 18-19