Nous avons reçu d’innombrables appels dans nos bureaux - des connaissances qui étaient curieuses de savoir comment s’était déroulée ma visite à la Maison-Blanche. Vous savez peut-être que j’ai été invitée pour les fêtes de ‘Hanouka à la Maison-Blanche en présence du Président et de la Première dame. En tant que survivante de la Shoah, l’idée d’être invitée à la Maison-Blanche était, c’est le moins qu’on puisse dire, assez fantastique. Non seulement m’a-t-on accordé ce privilège, mais plusieurs jours avant la réception, j’ai été invitée à donner une bénédiction lors d’une rencontre privée limitée à quelques dirigeants religieux et le Président. Ça, c’était vraiment extraordinaire !
Avoir un véritable rendez-vous avec le Président des États-Unis, l’homme qui occupe la plus haute fonction dans le monde ! Je n’aurais jamais pu l’imaginer, lorsque, toute petite, j’étais debout à l’appel à Bergen Belsen. La tête rasée, couverte de poux, vêtue de haillons, ma survie même était en jeu. Qui aurait pu rêver d’une telle opportunité ? Mais à part ça, même si vous êtes né en Amérique, imaginer d’être invité un jour à une fête de ‘Hanouca à la Maison-Blanche et à une table ronde avec le Président des États-Unis, vous donne la chair de poule.
J’ai voyagé dans le monde entier et me suis adressée à des communautés juives sur tous les continents, et je peux affirmer avec certitude qu’un tel événement ne peut avoir lieu qu’en Amérique. Aucun autre pays n’est aussi accueillant, aussi respectueux de ses citoyens juifs que les États-Unis. De nos jours, nous assistons à une résurgence de l’antisémitisme qui rappelle l’Europe d’avant- guerre.
Immédiatement après la Shoah, pendant une brève période, la conscience du monde a été alertée, et il était politiquement incorrect d’exprimer des sentiments antijuifs. Mais aujourd’hui, tout ceci a changé (bien qu’ils se défendent d’être antisémites, mais uniquement antisionistes). De tous les pays, l’Amérique est le seul ami d’Israël et notre Président est le seul dirigeant au monde à parler en faveur d’Israël. Pour tout ceci, nous devons avoir de la Hakarat Hatov, de la gratitude. Mais comme toutes les autres bénédictions que nous possédons, précisément parce que nous la possédons, nous avons tendance à la prendre pour acquise.
Dotée d’un sentiment de respect mêlé de crainte, je me rendis à Washington. J’avais rendez-vous à 13 heures et nous devions rencontrer le Président à 13h45. Entrer dans un bâtiment si prestigieux est en soi, une expérience inoubliable. L’amabilité et l’efficacité de nos hôtes étaient également impressionnantes. Nous avons été escortés jusqu’à la salle Roosevelt, occupée par une grande table de conférence sur laquelle étaient disposés des cartons de table. Nous étions environ quatorze personnes et nous commençâmes à parler. Un Rav âgé et éminemment respecté, les larmes aux yeux, ne cessait de répéter : « Ceci n’aurait jamais pu se passer en Europe ! Ça n’aurait jamais pu se passer en Galout (exil). »
Il était bientôt 13h45, chacun regagna sa place et c’est alors que je réalisai que l’on m’avait placée à côté du Président. Une fois de plus, je me dis : c’est uniquement en Amérique qu’une Rabbanite, survivante de la Shoah, est assise à côté du Président des États-Unis ! Le Président Bush entra alors dans la salle et nous nous levâmes tous. Il accueillit chacun chaleureusement et serra la main à chacun des invités. Arrivé à mon niveau, la seule femme dans la pièce, il ne tendit pas la main. Il était extrêmement sensible par rapport à la loi juive qui interdit le contact physique entre les genres, mais il me fit un sourire très gentil et chaleureux, et me dit : « Merci de prendre la parole à notre convention » il répéta ces remerciements encore deux fois. Je fus submergée par l’authenticité de cet homme. Il n’était nullement snob, nullement prétentieux, ce qui est hors du commun dans la société d’aujourd’hui. Le pouvoir s’accompagne généralement d’arrogance, mais notre Président est réellement humble…trouver une synthèse entre le pouvoir et l’humilité existe rarement. Pensez à tous les hommes puissants et prospères que vous connaissez, et vous serez tenus de concéder qu’une telle combinaison est rare.
Je m’étais donnée beaucoup de peine pour préparer la bénédiction, qui devait durer une minute. Je n’ai généralement pas de difficulté à préparer un discours, mais c’est différent lorsque chaque mot doit être mesuré en raison d’une limite de temps. Il est facile de faire un discours, mais très difficile de transmettre un message succinct en quelques instants.
M. Marc Pearlman, l’un de nos membres fidèles de Hinéni, en apprenant que j’étais invitée à la Maison-Blanche, demanda à un jeune artiste, Nicholas Farrow, de créer une magnifique sculpture abstraite : une maquette des Tours Jumelles s’élevant de l’obscurité et irradiant une lumière brillante. Le passage que je choisis pour être gravé sur cette œuvre d’art était une citation du Livre de Vayikra : « en proclamant, dans le pays, la liberté pour tous ceux qui l'habitent. » suivi par : « Au Président George W. Bush, qui s’est engagé, pendant sa présidence, à bannir l’obscurité, grâce à la lumière de la liberté brillant dans les cœurs de l’humanité. »
Connaissant la ferveur du Président par rapport à la prière, j’emportai également avec moi une édition spéciale du Livre des Psaumes.
Lorsque le Président s’assit, il plongea directement dans la discussion et finalement, ma bénédiction ne fut pas récitée. Le président évoqua avec beaucoup de sincérité et d’éloquence son engagement envers la démocratie, envers Israël, et le combat mondial contre l’antisémitisme, ainsi que d’autres problèmes internes et internationaux. Réalisant qu’il restait peu de temps et que le Président devait bientôt partir, j’exprimais mes préoccupations pour Erets Israël, et c’était également le thème de ma bénédiction, que je vous livre ici.
Bénédiction en l’honneur de ‘Hanouka, la fête des lumières
Avinou Chébachamayim - Notre Père au Ciel - nous savons que les 36 bougies que nous allumons au cours des huit jours de ‘Hanouka correspondent à la lumière originelle de Ta Création.
C’est avec cette lumière divine que Tu as béni Adam et Eve dans les 36 premières heures de leur existence. Ta lumière leur a conféré la sagesse et la vision pour voir d’un bout à l’autre de la terre.
Lorsqu’Adam a fauté, il a perdu cette vision…mais rien de ce que Tu as créé, o D.ieu, n’est réellement perdu. Le Midrach nous enseigne que Tu as caché cette lumière dans Ta Torah. Lorsque nous vivons conformément à Ta foi, lorsque nous accomplissons Tes commandements, lorsque nous imitons Ta bonté, nous nous relions à cette lumière divine, et c’est le sens des bougies de ‘Hanouka.
Les prophètes ont proclamé que lorsque le peuple juif sera à nouveau installé sur sa terre, les rayons de lumière irradieront de Jérusalem et illumineront le monde entier.
Nous Te remercions, ô D.ieu, de nous bénir par un Président qui vit par cette lumière, un Président qui apprécie le sens du retour du peuple juif sur sa terre ancestrale après 2000 ans, un Président déterminé à bannir l’obscurité qui enveloppe notre monde et qui a le courage de parler en faveur d’Israël.
Nous prions pour que Tu bénisses notre Président et tous nos dirigeants et les hommes et femmes courageux de nos forces armées. Puisse Ta lumière briller sur eux. Puisses-Tu accorder au Président la force et l’intelligence afin qu’il puisse devenir Ton fidèle émissaire et accomplir Ton rôle dans la Création, afin que nous puissions rapidement voir le jour où la terre sera emplie de Ta science divine lorsque les eaux couvriront la terre. Amen. »
Je n’ai pas récité cette bénédiction, mais j’ai transmis le texte au Président. J’espère que Hachem le guidera dans cette période troublée afin que la lumière triomphe de l’obscurité dans le monde.
Dans la soirée, il y a eu une fête de ‘Hanouka à laquelle ont assisté 500 personnes. La Ménora était placée en évidence au centre, de la musique juive jouait en fond, et la table était dressée avec de la nourriture cachère.
Le Président et la première dame se trouvaient dans une pièce adjacente devant laquelle une longue file de gens attendait. Lorsque les invités entraient dans cette pièce, ils pouvaient prendre une photo avec le Président et Mme Bush. Je m’émerveillai de leur amabilité et de leur incroyable patience alors qu’ils accueillaient chacun de leurs invités avec chaleur et bonté.
Grâce à D.ieu, Israël et le peuple juif ont un très bon ami à la Maison-Blanche, mais au final, n’oublions pas que notre pouvoir, notre puissance, notre survie même ne dépendent que de D.ieu Tout-Puissant, et notre relation avec Sa lumière divine et sacrée, la lumière de notre Torah.