Vous est-il déjà arrivé d'avoir des pensées comme : « Si j'avais plus d'argent, j'aurais été plus heureuse » ou encore : « Si j'étais mariée à quelqu'un d'autre, ma vie serait tellement différente » ?! Il faut savoir que ces pensées mensongères proviennent d'un manque de totale confiance en Hachem, qui ne veut que notre bien. En effet, si cette Émouna en la bonté infinie de l'Éternel était claire et nette chez nous, on ne laisserait jamais pénétrer dans notre être des pensées pareilles !
Les moindres détails de notre vie sont décidés et dirigés par la Providence
Que ce soit notre Parnassa (réussite matérielle), l'endroit où l'on travaille, les gens qui nous entourent, les enfants qu'on a eus, nos réussites ou nos échecs… bien sûr, après avoir fait les efforts nécessaires pour y arriver (y compris les prières). Il est de notre devoir d’investir nos forces pour réussir mais le résultat n’est pas entre nos mains ! Et là, rentre en jeu notre Émouna : quelle sera notre réaction face aux résultats obtenus ? Est-ce qu'on dira : « C’est la volonté d'Hachem, alors je l’accepte avec joie » ? Ou alors, voudra-t-on se débarrasser de notre conjoint parce qu'il ne correspond pas à nos attentes ? Ou encore renvoyer notre enfant parce qu'il est rebelle ?
La Paracha de Mikets commence en mentionnant la fin des deux années supplémentaires que passa Yossef en prison. En effet, Yossef aurait pu être libre déjà deux ans auparavant s'il n'avait pas dit au maître échanson de se rappeler de lui et de le mentionner devant Pharaon [1]. Comment est-il possible que la profération de deux mots lui ait coûté une telle prolongation de son emprisonnement ? En fait, Yossef avait une Émouna tellement grande et un niveau spirituel tellement élevé, que pour lui, demander de l’aide à autrui fut considéré comme un manque de confiance en l’Éternel. Hachem attendait de lui qu’il ne se repose que sur Lui !
Nos acquis ne résultent pas de nos efforts !
La fin de la période d'emprisonnement de Yossef et le songe de Pharaon sont apparemment deux sujets complètement distincts, si ce n’est qu'ils arrivent au même moment. Il nous faut alors comprendre pourquoi le verset cite ces deux faits ensemble ?
Le Beth Halévi nous explique :
Le monde fonctionne sur un système de cause à effet, c'est-à-dire qu’il y a toujours une raison (la cause) qui provoque un résultat (l'effet). Si nous regardions rétrospectivement le déroulement de notre vie, nous penserions voir clairement quelles causes ont provoqué quels événements. Par exemple, si un homme investit dans une affaire et que celle-ci rapporte un bénéfice important, sa lucidité lui dira que c'est grâce à son investissement qu'il a gagné une telle somme. Mais en réalité, selon la vérité absolue, il se trompe !
Ce n'est pas son investissement qui lui a fait gagner cet argent, mais du Ciel, il a été décidé qu’il devait recevoir une telle somme, et il a été fait en sorte qu'il investisse dans une bonne affaire. C’est-à-dire que la cause est en réalité le gain qu'il doit de toute façon obtenir, et l'affaire est l’effet !
C'est ce que nous voyons avec Yossef et sa sortie de prison. Nous pourrions croire que c'est à cause du rêve de Pharaon qui eut besoin de Yossef pour l'interpréter que celui-ci sortit de prison, et bien pas du tout ! C'est exactement le contraire, c'est parce que le moment de la délivrance était arrivé que Pharaon eut ce rêve.
Demander de l'aide à Hachem et Le remercier
Le Rav Chalom Arouch parle énormément de l'influence de la prière sur la construction de notre personnalité. Il explique que l’un des effets favorables de la prière est la prise de conscience que sans Hachem, on n'est rien ! Comme l'ont si bien dit Avraham Avinou (« Je suis de la poussière et de la cendre ») et le roi David (« Je suis un ver et pas un homme »). Malgré leur grandeur, ces deux géants étaient conscients de leur petitesse par rapport à l'Éternel, leur Créateur.
Bien entendu, on parle ici de la qualité de l’humilité qui est la plus grande de toutes les qualités (comme il est écrit dans la lettre du Ramban) et pas d'une mauvaise estime de soi. Car une bonne image de soi est strictement nécessaire pour servir Hachem !
Un jour, un élève du Ba'al Chem Tov a remarqué qu’il manquait du vin à son maître. Il décida alors d'aller lui préparer un vin de bonne qualité. Pour cela, il voyagea dans une ville lointaine où il y avait de très beaux raisins. Il pressa lui-même ces raisins, les mis en bouteille et retourna chez le Ba'al Chem Tov. Pendant qu'il se trouvait à la porte de la maison de son maître, voilà qu'un travailleur de la municipalité passa à côté de lui et mit sa main dans le sac où se trouvait la bouteille. Comme il était non Juif, le vin devint interdit à la consommation. En voyant le fruit de ses efforts s'envoler, l'élève du Ba'al Chem Tov explosa alors en sanglots, ce qui alerta ce dernier qui s’empressa de le questionner : « Que se passe-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? »
Et voila qu’il répond : « J'ai été très loin pour vous préparer du vin, j'ai pressé moi-même les raisins, je les ai mis en bouteille, et voilà que ce vin est inconsommable. » Après l'avoir écouté avec beaucoup d'attention, Le Ba'al Chem Tov continua : « Est-ce qu'avant de partir, tu as demandé à Hachem qu’Il t'aide dans ton entreprise, et est-ce qu’en arrivant tu L'as remercié ? Est-ce qu’à chaque étape de tes efforts, tu as parlé avec Hachem ? »
Cette question lui a suffi pour comprendre qu’il s’était reposé sur ses efforts et avait oublié l'essentiel : demander de l'aide à Celui qui peut tout donner !
Il est dit sur Yossef que le nom d’Hachem était toujours dans sa bouche. Il vivait avec Hachem. Imitons-le et n’hésitons pas à faire rentrer Hachem dans les plus petits détails de notre vie : « Je t'en prie, mon D.ieu, fasse que je trouve rapidement une place pour me garer » et après l’avoir trouvée : « Merci Hachem d’avoir écouté ma prière ! »
Chabbath Chalom à toutes !
[1] Béréchit Rabba 89,3