Sarah, 35 ans, a toujours réussi tout ce qu’elle entreprend : mariée, mère dévouée de trois enfants adorables, elle est aussi responsable du marketing dans une marque de cosmétique les plus en vogue. Et elle sait jongler entre tous les rôles : elle est une épouse qui épaule son mari, elle gère les devoirs des enfants, les repas de Chabbath avec ses traditionnelles salades et plats, sans oublier sa carrière qu’elle a su avec brio ne pas laisser de côté malgré toutes ses obligations familiales.
Tout le monde la trouve géniale, sauf… elle ! En vérité, Sarah est une perfectionniste. Et à force de tout vouloir réussir, elle n’est jamais satisfaite d’elle-même, même lorsqu’elle réussit. Et le pire, c’est que lorsqu’elle essuie des échecs, elle se sent nulle, frustrée, et accablée… À quoi bon tout réussir si elle reste malheureuse ?
Sarah n’est pas un cas isolé, et dans notre génération où nous avons l’habitude de recevoir des produits parfaits, nous tendons tous vers ce terrible défaut qu’est le perfectionnisme.
On a tendance à croire que la joie provient de la réussite, mais c’est faux : la joie provient de la perception que l’on a de nos succès et de nos échecs !
Paradoxalement le perfectionnisme, au lieu de nous tirer vers le haut, nous enlève toute notre joie de vivre.
Voici donc 5 principes pour nous permettre de remédier à ce défaut afin de mieux vivre les choses, et de nous aider à changer sur le long-terme.
1) Personne n’est parfait !
Seul Hachem est Parfait, et, surtout, Il ne s’attend pas à ce que l’on soit parfait. La seule chose qu’Il attend de nous est de nous efforcer d'atteindre notre potentiel individuel. Souvenez-vous bien de ce principe fondamental : nous ne sommes pas venus dans ce monde pour réussir, mais pour essayer. Ce qu’Hachem attend de nous, c’est que l’on essaye de faire de notre mieux, en fonction du contexte, de nos facultés, et des opportunités qui s’offrent à nous.
D’ailleurs, la Torah nous dit elle-même de ne jamais nous décourager par l’ampleur de notre tâche en nous imaginant qu’elle est impossible à réaliser. “Elle n'est ni trop ardue pour toi, ni placée trop loin. Non, la chose est tout près de toi : tu l'as dans la bouche et dans le cœur, pour pouvoir l'observer !” (Dévarim 30,12)
Quant à savoir combien nous pouvons profiter de ce monde, le Midrach dit : “Un homme ne meurt pas avec la moitié de son désir accompli” (Kohélèt Rabba 1,34). Une fois ce principe intégré, nous n’avons pas de remords à avoir si nous avons raté une occasion de nous amuser !
2) Si on ne rencontrait jamais d’échecs, on ne pourrait pas progresser…
Pouvez-vous imaginer à quel point une vie sans enjeux serait ennuyeuse ? Les plus belles vies et les personnes les plus inspirantes sont celles qui ont eu de véritables enjeux, et qui ont d’ailleurs échoué, mais ne se sont jamais laissé abattre par leurs insuccès. Comme le dit le plus sage des hommes : “Le juste tombe sept fois, et se relève” (Proverbes 24,16).
L’un des buts des échecs est justement d’apprendre à mieux nous connaître, à apprendre de nos erreurs, et surtout à savoir remettre sa confiance en Hachem à chaque instant.
3) La recherche de perfection est nuisible pour l’âme
On pourrait penser que rechercher la perfection est l'impulsion de notre Yétser Hatov, mais ce n'est pas vrai : c'est le Yétser Hara’, le mauvais penchant, qui insiste sur le fait de toujours chercher à vouloir améliorer les choses.
Le but du Yétser Hara’ étant que l’on passe à côté de certaines choses essentielles :
- L’humilité : bien qu’il n’appartienne qu’à nous de faire des efforts, paradoxalement, le résultat n’est pas entre nos mains mais entre celles de D.ieu. Si, après avoir tenté de faire de notre mieux, on a échoué, on doit avoir l’humilité d’accepter que D.ieu sait mieux que nous ce qui est bien pour nous. Il faut savoir lâcher prise.
- La Sim’ha, la joie : si vous êtes contrarié parce qu’un de vos enfants a été puni par sa maîtresse, vous ne pourrez pas en même temps vous réjouir qu’un autre enfant a rapporté une bonne note. Car notre cerveau ne peut pas traiter deux émotions simultanément. Donc, à chaque fois que l’on se sent frustré, par ailleurs, on passe aussi à côté d’autres occasions de nous réjouir. On est donc doublement perdante.
- Le Tikoun ‘Olam (améliorer le monde) : D.ieu fait parfaitement bien les choses, et pourtant… Il a créé un monde imparfait ! Pourquoi ? Afin de nous impliquer et de nous pousser à l’améliorer et à le rendre plus beau. Par exemple, il a créé des inégalités sociales afin de nous permettre de réaliser la Mitsva de Tsédaka, afin de nous rendre plus méritants et de nous permettre d’être plus proches du Divin.
4) Même dans notre façon de pratiquer notre judaïsme, il ne faut pas chercher à être parfait
Chaque Mitsva compte, même si elle n’est pas accomplie parfaitement et dans les moindres détails. Bien sûr, il faut chercher à faire du mieux que l’on peut, mais, comme dans le reste, tout n’est pas entre nos mains. De plus, il y a des aléas dans la vie qui nous empêchent parfois de faire certaines Mitsvot, mais nous devons également accepter cela avec joie et Émouna (foi en D.ieu).
Il faut également éviter de tomber dans des schémas comparatifs : chacune d’entre nous est différente et a donc sa propre façon de se connecter à D.ieu. Certaines auront plus de ferveur dans leurs prières, d’autres seront plus impliquées dans la Mitsva de recevoir des invités, d’autres auront plus les moyens de pratiquer la Tsédaka etc.
Il est donc nuisible de se comparer aux autres, car cela détourne notre attention et nous empêche de réaliser notre mission spécifique pour laquelle nous sommes venues au monde.
5) La perfection, même physique, est terriblement ennuyeuse…
Si nous étions parfaites, nous aurions un très gros défaut : être ennuyeuses ! D’ailleurs, les spécialistes en esthétique ont prouvé que même un visage parfaitement symétrique serait ennuyeux, donc soyons ravies de nos petites imperfections physiques : c’est elles qui nous rendent belles, mesdames !
En conclusion, ne nous laissons plus piéger par ces idéaux, qui n’en sont pas, puisqu’en fait ils nous gâchent la vie ! Soyons moins exigeantes avec nous-mêmes et avec les autres, acceptons l’échec comme faisant partie du plan Divin, et profitons-en à chaque fois pour exprimer une prière au Créateur en Le remerciant de nous pousser chaque jour à nous améliorer.