Chère amie,
Que se passe-t-il, est-ce un article de science fiction ?!? Eh non, ma chère, les morts-vivants sont bien vivants dans notre réalité quotidienne…
Qui sont-ils ? Où sont-ils ?
Viens, je vais te les présenter. Ils peuvent être même parfois très sympathiques… malgré les apparences…
Vivons-nous dans l’illusion ou dans la réalité ?
Il est très drôle de constater combien les médias, les informations en continu, les films, etc., ont transformé notre sensibilité ; la majorité des habitants de ce monde pourra s’effondrer sans souci devant la rupture amoureuse - fictive - de Bryan et Jennifer dans une série américaine, mais ne pas sourciller devant une famille de malheureux affalés et affamés dans la rue. Pourtant, dans la réalité, Bryan et Jennifer vivent paisiblement, chacun dans sa villa dernier cri de Los Angeles, et ne souffrent ni de faim, ni de froid, mais plutôt d’une vie qui manque de sens. D’une pauvreté spirituelle. Mais elle, par contre, ne se voit pas extérieurement…
Comme le résume très bien Rav Yéhia Benchetrit, « on vit le réel de manière virtuelle, et le spirituel de manière réelle ». C’est tout le travail du Yétser Hara’ sur cette planète : flouter notre perception de la réalité, rendre le vrai, faux. (Pour continuer sur notre exemple, combien de téléspectateurs aduleront l’acteur qui joue le rôle de Bryan, seulement pour sa mèche blonde gominée et sa stature musclée, alors qu’ils dénigreront des personnes tout à fait honorables ayant fait le choix d’une vie dédiée à des œuvres caritatives par exemple. Pourtant, dans la réalité, Bryan a une vie sans dessus-dessous et malheureuse, par rapport à la vie intérieurement si riche de la seconde catégorie !)
Alors, certes, à Roch Hachana, le Livre des morts était ouvert devant Hachem, mais de qui parlons-nous ici, de personnes qui vont réellement quitter ce monde cette année ? Non, c’est bien plus subtil. C’est de mort spirituelle dont il s’agit ici. Par mort spirituelle, entendons la focalisation sur des choses vaines, « mortes », à savoir le matériel, qui a un début et une fin. De par son existence temporaire, il est illusoire, contrairement aux choses de l’esprit qui, elles, sont infinies, et représentent bien les seules choses réelles en ce monde. Car elles ne s’arrêteront jamais !
Par exemple, si l’on compare une journée de shopping intensive avec une journée de visites à des malades intense en émotion, laquelle donnera plus de réelle satisfaction à sa Néchama (âme) ? Celle dont la trace sera indélébile dans notre histoire, aussi bien que dans l’histoire des malades visités. Cet acte-là est réellement attaché à la vie au sens noble du terme, car procure un sentiment qui perdurera ad vitam.
Partant de là, nous pouvons redéfinir la vie et la mort sous un autre prisme : la vie est porteuse de tout ce qui continuera sans cesse à évoluer, tandis que la mort incarne tout ce qui a une fin. En ce sens, les vivants sont ceux qui, en acceptant leur réalité quotidienne et en répondant présent à toutes les invitations à grandir que leur propose la vie, deviennent éternels. Tandis que les morts sont ceux qui, en refusant leur réalité, vivent perpétuellement dans l’illusion, l’illusion de vivre autrement, plus facilement, ailleurs, et avec d’autres personnes. L’illusion aussi que c’est eux qui dirigent leur vie, alors qu’elle est complètement régie par le Yétser Hara’, qui conduit à leur place : pas de choix, pas de décision. Ça roule ! Pas tant que ça…
Ainsi, les « morts » vus sous cet angle sont très nombreux… dans ce monde. Nous pourrions penser qu’ils vivent, physiquement, mais, étant morts spirituellement, car attachés à toutes les illusions de confort - sans efforts - de ce monde, nous les appellerons des morts-vivants.
« Et tu choisiras la vie »…
Nous pouvons appréhender la notion de vie et de mort sous un angle encore différent.
Hachem nous enjoint la recommandation suivante : « J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction, et tu choisiras la vie » (Deutéronome, 30, 19). Et Rachi de commenter ce verset en nous rappelant que la vie est le fruit de choix successifs. Et non le fruit du hasard. Quels types de choix ? Décider d’être en permanence en mouvement, dans l’action, et non dans l’apathie, dans la réaction.
Par exemple, une maman demande à son jeune enfant de ranger sa chambre. Ce dernier, pris dans d’autres projets - destruction du château en lego de son frère, frapper sa sœur, renverser le sucre glace de maman pour faire une jolie fumée blanche dans toute la maison - ne se met pas immédiatement à l’œuvre. La maman, humiliée, s’énervera très vite à son égard. C’est une réaction. Une meilleure action serait de choisir de se lever, de s’asseoir tout près de son enfant, et de lui proposer de ranger ensemble, c’est tellement plus amusant avec maman !
De la sorte, en faisant le choix de l’action, elle se sera liée beaucoup plus harmonieusement à lui, et, ce, pour un long moment. Elle fera un avec lui.
À ce propos, nos Sages nous enseignent justement la chose suivante : « La mort, c’est la séparation ». En effet, un aliment qui pourrit souffre d’un manque d’énergie à l’avoir transformé en un bon repas ! Ce sera alors la fin de cet aliment, sa mort.
De la même façon, des époux qui se séparent vont causer la mort de leur couple. Par manque d’énergie investie en eux.
Dès lors, toutes les choses ou personnes, en lesquelles nous nous investirons, fabriqueront toujours de la vie et des êtres bien vivants. Tandis qu’à l’inverse, toutes choses ou personnes de notre entourage que nous laisserons aller, dans lesquelles nous ne placerons aucune énergie, n’alimentera que d’avantage le réseau des morts-vivants.
À nous de choisir de quel côté nous souhaitons être !
Puisse l’énergie que tu investiras en ton mois de Tichri te créer une vie merveilleuse cette année Bé’ézrat Hachem.
Chana Tova Oumétouka.