Veille de Pessa’h, l’Iran tire sur Israël 300 missiles. Toute la famille dans l’abri. Et là, les yeux de ma fille me fixent. D’ordinaire pleins d’innocence, ses beaux yeux sont aujourd’hui emplis de peur. Une peur qui glace. Son regard semble murmurer : pourquoi ? Pourquoi nous ? Ce n’est pas seulement un cri personnel, mais une question qui porte en elle l’histoire millénaire de notre peuple, de nos souffrances et de nos espoirs.

Quelques mois plus tard, veille de Roch Hachana, de nouveaux tirs de missiles, près de 200 cette fois-ci. Ma fille tremble, mais elle prie maintenant. Elle ne demande plus pourquoi, car elle a compris que cette haine qui traverse les siècles n’a pas d’explication rationnelle. Elle sait, elle ressent dans son cœur d’enfant, que notre salut, notre délivrance, dépendent de notre Père céleste. "Mon aide vient de l'Éternel, qui fait le Ciel et la Terre", écrivait déjà le roi David dans ses psaumes.

Les nations, des marionnettes 

Au fil des générations, le peuple juif a appris qu'il ne pouvait pas s'appuyer sur les nations pour garantir sa survie ou sa sécurité. À Roch Hachana, nous prenons conscience que ces nations ne sont que des marionnettes dans les mains d’Hachem. C'est pourquoi les déclarations comme celles de Trump, affirmant que si Harris est élue, l'État d'Israël disparaîtrait en deux ans, ou celles de Macron, pensant nous intimider en menaçant de suspendre la livraison d'armes à Israël, frisent le ridicule. Notre peuple est éternel, sa survie est miraculeuse et ne tient pas à des calculs humains. 

Les alliances diplomatiques, les traités de paix, les accords militaires, tous ont montré leurs limites. Ils sont, comme l’a dit le prophète Isaïe, des « roseaux brisés » (Isaïe 36:6), fragiles et prompts à se casser au moindre coup de vent. Ce n’est ni dans les gouvernements ni dans les armées que réside notre espoir.

Est-ce effrayant d'être seul contre tous ? 

Nous descendons d’Avraham, celui qui était de “l'autre côté du fleuve”, séparé spirituellement de ses contemporains. Avraham s’est forgé dans l’adversité, affirmant sa foi dans un monde d’idolâtrie. Nous descendons aussi de Ya’akov, qui a lutté seul contre l'ange (l'ange d'Essav, figure de l'Occident), symbolisant les épreuves spirituelles et physiques auxquelles Israël sera confronté tout au long de l'histoire. Ya’akov a trouvé sa force dans sa relation directe avec Hachem, et c'est à travers cette lutte qu’il a été transformé et a reçu le nom d’Israël, affirmant que notre protection vient d'en Haut.

Le Midrach Rabba [1] souligne que la lutte de Ya’akov reflète les épreuves qu'Israël devra affronter au cours des siècles. La persévérance de Ya’akov jusqu’à l’aube symbolise la capacité d’Israël à résister malgré les défis, jusqu’à la délivrance finale. Selon Ramban [2], l’ange représente les obstacles qui se dressent contre Israël. La victoire de Ya’akov, bien qu’il en sorte blessé, montre qu’Israël saura résister à ses ennemis, même au prix de la souffrance. Ce message résonne encore aujourd'hui.

Vous l’aurez compris : c'est dans notre ADN de survivre seuls contre tous : notre force et notre protection ne proviendront ni des rois ni des armées, mais de notre lien indéfectible avec Hachem…

Les menaces actuelles qui pèsent sur Israël ne font que confirmer cette vérité. 

Et la peur ? 

Il est facile de céder à la peur face aux dangers physiques Sur un groupe de mamans, les femmes se demandaient si elles devaient envoyer leurs enfants à l’école le 7 octobre. Cette peur, on peut  la justifier… Certes, les missiles, les guerres, les attentats nous ébranlent profondément et nous sapent le moral (c’est d’ailleurs ce que cherchent nos ennemis). Mais comme le dit le célèbre proverbe juif : « Le monde est un pont étroit, et l'essentiel est de ne pas avoir peur. » 

Il y a une semaine, ma fille a compris que notre salut ne viendra ni des Nations unies ni des grandes puissances, mais de Hachem, notre Rocher, qui veille sur nous, même dans les ténèbres les plus profondes.

Avoir confiance en Hachem ne signifie pas ignorer les réalités du monde ou rester passifs. Cela nous invite, au contraire, à renforcer notre lien spirituel, à nous rappeler que notre défense la plus solide est celle que nous construisons à travers la Téfila (prière), l’étude de la Torah, la Tsédaka (charité), les actes de ‘Hessed

[1] Béréchit Rabba 77:3

[2] Béréchit 32:25