Lorsque vous demandez à une maman quel est le meilleur moment de la journée, elle vous répondra certainement : « Celui où les enfants dorment ! »
Le seul problème est que, pour qu’ils en viennent à dormir, il faut passer par l’étape incontournable de… les mettre au lit ! Et là, c’est au contraire le moment le plus redouté de la journée.
Essayons de comprendre pourquoi le coucher des enfants est si difficile…
D’une part du côté de l’enfant : pourquoi n’aime-t-il pas aller dormir ?
D’autre part du côté des parents : pourquoi perdons-nous patience ?
Du point de vue des enfants :
Il faut tout d’abord se mettre à leur place. Telle est la façon de faire d’un Juif : essayer de comprendre l’autre, la Mitsva de base de Véahavta Léré’akha Kamokha.
Imaginez que vous êtes à un mariage, avec des gens que vous aimez, il règne une atmosphère sympathique. Et là, votre mari vous appelle pour partir, car le lendemain vous devez vous lever tôt !
Que ressentiriez-vous ? Au mieux, vous vous exécuteriez en prenant largement le temps pour dire « au revoir » à vos amis, danser encore une fois avec la mariée, etc.
Au pire, vous lui diriez qu’il ne s’inquiète pas et que vous vous lèverez très bien le lendemain.
Cette situation que je viens de décrire est exactement celle que vivent les enfants chaque soir.
Même si vous leur rappelez que s’ils ne vont pas dormir, ils seront fatigués le lendemain, l’attirance du moment est trop forte : il y a encore de la vie dans la maison, peut-être même des grands frères ou sœurs qui se couchent plus tard, ou pire encore des invités. Pour eux, aller dormir à ce moment-là est exactement comme, pour vous, quitter le mariage d’un être cher.
À cela vient s’ajouter l’isolement que les enfants ressentent dans leur lit, l’aspect sombre de la chambre qui n’est pas agréable, voire inquiétant.
Nous venons de comprendre leur réticence quotidienne.
Du point de vue de la maman : la journée a bien souvent été chargée, la soirée débordante, et la maman n’attend qu’une chose : profiter d’un peu de temps pour elle-même, bien mérité...
Elle se dit qu’elle va bien organiser le coucher et que « pour une fois », tout se passera bien.
Et c’est vrai, de façon effective, à peu près toutes les mamans prennent du temps pour mettre leurs enfants au lit.
Toutefois, il faut bien admettre que l’on discerne au fond de chacune une envie de se débarrasser de leurs enfants chéris !
Bien entendu, les enfants le ressentent, et vous pourrez leur dire qu’ils ont besoin de dormir et qu’ils sont fatigués, que nous ne souhaitons qu’une chose, c’est qu’ils passent le lendemain une bonne journée, leur sentiment leur dira tout autre chose, à savoir « maman ne veut pas de moi, elle en a assez de m’avoir dans ses pattes, je la dérange, bref, elle ne m’aime pas ».
En résumé : l’enfant ne PEUT PAS avoir envie d’aller dormir, il va traîner, s’exciter, ou même se révolter en réaction au sentiment qu’il a qu’on se débarrasse de lui.
Après ce constat, vous devez penser qu’il n’y a donc rien à faire, et qu’on doit laisser nos bambins gambader jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus !
Bien sûr que non, notre rôle de parent est qu’ils aient un rythme équilibré, avec une heure de coucher à peu près stable : la rigueur contribue largement à l’épanouissement de l’enfant. Une stabilité dans les horaires en est un facteur essentiel.
Pour parer aux constats faits précédemment, il faut donc que le coucher soit un moment agréable pour l’enfant avec une maman détendue.
Plusieurs « trucs » peuvent aider :
- Une bonne organisation : lorsque les enfants savent qu’ils ont un déroulement clair et détaillé de la soirée, qui se termine par le coucher à une heure précise, ils ne sont pas surpris du « maintenant il faut dormir ». Pour renforcer cet aspect, dire « dans 20 minutes on va se coucher » ou « encore un jeu et au dodo », permet de ne pas prendre l’enfant de court ; il se prépare psychologiquement. Ceci est un point extrêmement important dans tous les domaines qui nécessitent que l’enfant abandonne une activité qu’il aime.
- Il y a bien sûr l’histoire du soir que tous les enfants apprécient, mais je voudrais vous suggérer quelque chose qui porte plus ses fruits : cherchez une histoire à raconter en plusieurs fois, les enfants adorent les longues histoires, ça fait grand ![1]. S’il y a plusieurs enfants répartis dans plusieurs chambres, rassemblez-les dans une seule, même si vous êtes serrés, et racontez environ 10 à 15 minutes. Ensuite, chacun doit regagner son lit, en sachant que la suite est au lendemain. Essayez de vous arrêter à un moment palpitant. Quel bonheur vous aurez le lendemain, lorsque vos enfants vous demanderont d’aller se coucher… pour l’histoire ! Bien sûr, tout n’est pas fini, car il y a maintenant le risque (ou plutôt la certitude) que personne ne regagne son lit. Cette étape sert à engranger le coucher et à poser une atmosphère sereine dans la maison. Passons à l’étape suivante :
- Un temps pour chacun : une fois les esprits calmés, nous pouvons passer au coucher proprement dit.
Les enfants doivent aller au lit et attendre maman qui va venir passer un petit moment avec chacun. 3 minutes détendues, sans regarder sa montre pour que ça se termine. Vous toute seule avec chaque enfant. Il peut vous raconter sa journée, peut-être une petite contrariété, ou au contraire un bon moment. Aidez-le à vous dire des choses. S’il n’y arrive pas, posez-lui des questions : « Qu’est-ce que tu as aimé aujourd’hui ? », « Raconte-moi quelque chose que tu as appris en classe », prenez des nouvelles de ses camarades, entrez dans son univers le temps de quelques minutes. Vous n’imaginez pas le bien que cela leur fait.
Vous terminerez par « Chéma’ Israël » et une belle Brakha avec un gros bisou pour qu’il passe une bonne nuit.
Tout ce processus peut vous sembler long, mais vous saurez qu’en y consacrant une demi-heure, les enfants seront couchés et sereins. Vous-même finirez par y prendre plaisir, pour le plus grand bien de toute la maison !
[1] Par exemple je vous suggère à partir de 6 ans « Trésor d’Agadot sur le Nakh », c’est une série de livres qui racontent tout le Nakh aux enfants. C’est passionnant, même pour vous, l’histoire de Yéhochou’a, David Hamélèkh etc.