Oh mon D.ieu, si Bienveillant et Patient, enseigne-moi la patience ! Que je reste indulgent devant celui qui me met en colère. Compréhensif devant celui qui me pique et me provoque ! Fermement serein devant la raillerie, devant la provocation. Maître au cœur de la tempête. Tolérant d’être déçu et confiant en un avenir déjà meilleur...
Quand mon fils aîné a commencé à me répondre : « Attends ! » Ou encore des phrases du genre : « Non maman, ce n’est pas tout à fait comme tu penses ! » … « Je ne suis pas de ton avis ! » etc. J’ai compris que cela m’arrivait à moi aussi ! Mon fils commençait sa crise d’adolescence !
Nous nous sommes assis, et j’ai tenté de lui expliquer que j’étais une femme ouverte, sensible, dévouée, aimante et pleine de patience… Je l’ai regardé dans les yeux, et je lui ai dit d’un ton plein d’assurance : « Ensemble, nous pourrons passer cette période de l’adolescence vraiment facilement. ». Mais sa réponse : « Oui, mais… », et son regard incrédule, m’ont fait comprendre que la muraille de compréhension réciproque et d’écoute accusait des fissures.
Quelques jours après, je l’ai invité à prendre un café. Je lui ai parlé de mon expérience personnelle, de ma patience, et l’ai informé qu’il pouvait compter sur moi. Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : « Maman, avec toute ta bonne volonté, il y a des choses que je dois faire tout seul, par moi-même, et je ne peux pas m’appuyer sur ton expérience, c’est mon expérience que je veux ! J’ai besoin de me mesurer, d’hésiter, de combattre, d’échouer, je sais que cela va être difficile, mais je n’ai pas d’autre choix ! »
Je lui répondis alors : « Qu’attends-tu de moi ? Que dois-je faire quand je te vois courir, la tête contre le mur ? Je sais très bien dans quel état tu seras quand tu te seras cogné ! »
Mon fils me regarda, et me dit ! « Je voudrais que tu m’attendes près du mur avec des pansements ! Et surtout ne pas t’entendre me dire : « Ah, je te l’avais dit ! »
L’adolescence, c’est l’étape où le jeune se trouve à la croisée des chemins
Que se passe-t-il pendant cette période qui bouleverse tellement le jeune et ses parents ?
Les livres qui traitent des sujets de l’adolescence, portent des titres comme : « L’âge ingrat », « Où donc a-t-il mis sa tête ? » Ils étudient les conflits, la détresse qui apparaît pendant cette période de transition, avec les risques de danger, mais aussi les gains recueillis par une famille quand un enfant en sort grandi, plus mature, avec une stabilité et une confiance plus vraies.
« À quel âge commence cette période me demande-t-on souvent, et surtout, quand finit-elle ? »
Le début est relativement facile à repérer. Les signes annonciateurs commencent quand nous interrogeons le conjoint : « Tu ne trouves pas que Benjamin n’est plus le même ? » Ou bien : « Où a disparu le regard doux et rêveur de Sarah ? »
Ce serait le moment idéal de prescrire aux parents des calmants, en leur disant : « On se revoit dans cinq ans ! » Comme cette solution est difficilement réalisable, il nous faut comprendre notre adolescent. Il n’a pas fini de grandir, il n’est pas encore adulte, pourtant, ce n’est plus un enfant.
L’adolescent subit différentes transformations :
D’ordre corporel : l’adolescent ressemble souvent à un tube avec deux grandes mains qui arrivent jusqu’au genou, deux jambes jusqu’à la poitrine, et une petite tête. Le pantalon est toujours trop court, l’appétit est toujours surexcité, la peau du visage devient plus grasse et boutonneuse.
Labilité des sentiments : l’adolescent passe par des états d’humeurs changeants. Il est susceptible, toujours sur la défensive, nourri d’une agressivité démesurée. Il a le sentiment qu’il est l’être au monde le plus incompris. Des études en laboratoire ont démontré que certaines hormones déclenchaient de l’agression chez les garçons, et de la dépression chez les filles. En fait, l’adolescent se trouve complètement déstabilisé, parce qu’il croit qu’il comprend ses états d’âme. Il peut réclamer une relation d’adulte et être vexé de n’avoir pas reçu son bonbon.
Transformation intellectuelle : l’adolescent se trouve de plus en plus sous l’influence de la société. Il découvre des nouvelles idées, il a une soif de connaissances, et s’intéresse aux choses inconnues. Ce tourbillon de connaissances le pousse à croire, à penser, et à réfléchir à des choses parfois même contradictoires en même temps. Cet état lui fait prendre des positions extrêmes sans qu’il en ait toute la compréhension.
Quelle position, parents, allons-nous adopter ? Comment le soutenir ?
Face à ces pressions, ces troubles, son agressivité, nous devons être nous, parents, calmes, confiants, et dominer la situation. Attention, ne nous laissons pas entraîner par des provocations !
L’humour est un excellent moyen. Mais, attention, ni d’ironie, ni de cynisme !
Les limites
Il est important de permettre à l’enfant de se frotter aux limites de la maison. Pourtant, il faudra se montrer souple, et éviter d’aborder les sujets trop frontalement. Il faut définir ensemble les limites. Elles doivent porter sur trois dimensions : la première, les choses absolument interdites, la seconde, les choses permises, la troisième, le compromis :
L’interdit :
L’adolescent doit comprendre pleinement le bien fondé des lois qui régissent les bases d’éducation de la maison, et réaliser que le parent adulte est lui aussi tenu de respecter ces lois. La clarification de ces lois doit tenir compte des capacités de l’adolescent, et les respecter.
Le permis :
Ici, on lui établira les limites que l’on sait pertinemment qu’il pourra tenir, et le laisser entièrement libre dans cette zone-là. Ni en parler, ni se mêler, ni fouiner.
Le compromis :
L’adolescent a besoin de confrontation, il aime argumenter. Il doit et veut montrer sa force de persuasion. Attention aux prises de tête, elles sont inutiles ! Évitez de montrer que vous êtes celui qui sait, et qui comprend tout.
Ce genre de réflexions est très négatif : « Qu’est-ce que tu peux déjà savoir, toi ?! » ou « Quand moi j’avais ton âge… » ou « Qu’est-ce que l’on va pouvoir tirer de toi… ? » encore « Tu ne vas jamais réussir ! »
Dans ces pourparlers, l’adulte doit pouvoir traiter l’adolescent comme un être indépendant, avec un respect de ses idées, une écoute et une possibilité de céder. Les limites de l’interdit seront mieux préservées, si on sait établir un dialogue franc, dans le compromis.
Quand se termine l’adolescence ?
La réponse est difficile. Au dénouement de la crise, l’adolescent trouve son originalité tout en se sentant le prolongement de ses parents, un maillon dans la transmission des générations, un élément positif dans la société et dans la famille. Alors il a des rapports équilibrés qui le nourrissent lui et la société.
Un adolescent sain connaît ses limites mais aussi ses qualités, il n’accuse pas son entourage. Il n’a plus besoin de se mesurer, ni de se venger de ses parents.
Un adolescent sain peut développer sa personnalité dans des situations positives après qu’il a été formé dans le creuset de sa crise d’adolescence.