Je suis une jeune fille de 17 ans, qui a grandi au sein d’une famille traditionaliste. Mes parents nous ont élevé mes deux frères et moi dans le plus grand respect les uns des autres. Nous mangeons Cachère et faisons Chabbath, mais notre pratique de la religion s’arrête à peu près là. Puis, il y a un an environ, une famille orthodoxe a emménagé près de chez nous. Ils avaient une fille de mon âge qui était scolarisée au même lycée. Nous nous rencontrions souvent dans les transports en commun. Nous avons discuté, sympathisé et, pour faire court, il y a de cela quatre mois à peu près, j’ai fait Téchouva.
Ma famille a été formidable, elle m’a accompagnée et encouragée dans ma démarche. Le plus difficile pour une adolescente qui décide de faire Téchouva, est de faire le vide dans sa garde-robe. Chaque jupe trop courte ou haut trop échancré que je jetais, m’arrachait le cœur de ma poitrine, mais je savais que je ne pourrais avancer que si je tournais véritablement la page et si je me débarrassais définitivement de tous ces démons de chiffon, dangereusement attirants.
Même si je passais plus de temps avec ma voisine et ses copines, je ne voulais pas pour autant couper les ponts avec mes amies. Ainsi, lorsqu’un après-midi, ma meilleure amie me demanda de l’accompagner au centre commercial pour l’aider à trouver une robe pour le mariage de sa sœur, je ne me fis pas prier.
Aussitôt arrivées, on se dirige vers notre boutique préférée, des robes tendance, fraîches. On trouvait toujours notre bonheur entre ces quatre murs. Et là encore, à peine rentrée, ma copine me dit : « J’ai le coup de foudre, c’est celle-là ». En moins de 20 secondes, elle était en train d’essayer la robe de ses rêves dans la cabine. Pendant cette attente, je ne me sentais pas très à l’aise. Je sentais le regard dédaignant des vendeuses sur moi, j’entendais le chuchotement moqueur des clientes. Il faut dire qu’avec mon look méga couvert de la tête aux pieds par cette journée étouffante du mois d’Août, je ne cadrais pas vraiment avec l’endroit. Je crois que même les robes entre elles se demandaient si je ne m’étais pas perdue.
Puis, ma copine est sortie de la cabine vêtue de cette magnifique robe rouge. Elle avait l’air tellement heureuse, son reflet dans le miroir lui renvoyait ce bonheur qui inondait la pièce de joie. La vendeuse est alors arrivée avec en mains une étole en voile rouge également. « Vous êtes splendide, si vous rajoutez cette étole sur vos épaules de façon à en couvrir une et à en découvrir l’autre, ça rajoutera une touche de glamour et ce petit jeu de séduction fera son effet, croyez-moi… Je vous conseillerais également de faire reprendre la taille afin de mettre en avant votre silhouette élancée, ce serait dommage de cacher un si bel atout... Nous avons ces escarpins rouges qui iront parfaitement avec cette robe et qui ne laissera personne indifférent sur votre passage, je vous le garantis… ». Je vous passe, évidemment, les conseils sur le choix des sous-vêtements qui montreraient ce qu’il y a à montrer…
Je l’écoutais parler et je sentis un frisson d’effroi parcourir mon corps. Nous étions dans une des boutiques les plus prisées de la ville et la vendeuse ne faisait que parler de comment montrer, comment séduire, comment intriguer et comment attirer… J’étais choquée, pourtant, j’étais venue des dizaines de fois dans cette boutique et j’avais moi-même été conseillée par ces femmes plus d’une fois dans ce sens. Mais, pour la première fois, j’entendais différemment. Mes bras et mes jambes étaient couverts, mon décolleté était bien au chaud, il ne restait que mon esprit. J’entendais cette femme qui jetait mon amie en pâture en lui disant « va te montrer, va faire tourner des têtes ».
Sous prétexte que j’avais un coup de fil à passer, je quittai la boutique. Je suffoquai, j’avais chaud, mais ce n’était pas à cause de ma jupe longue, j’avais du mal à respirer. Je venais de comprendre pourquoi la pudeur vestimentaire est si importante, je venais de faire une deuxième Téchouva, celle que l’on fait avec le cœur, celle que l’on fait par conviction et amour. Le roi David dit que « la gloire de la fille du Roi est à l’intérieur ». Je me sentais désormais pleinement une princesse. Je ne voulais plus être regardée de cette façon, je ne voulais plus me montrer comme un vulgaire morceau de viande. Je voulais être valorisée. Je voulais qu’on s’intéresse à moi pour mon esprit et non pour mes jambes. Je voulais me préserver de toutes ces humiliations, je voulais me garder pure et discrète afin de servir mon Créateur de la meilleure façon qui soit. Enfin, je voulais décider de ce que les autres verraient de moi. La pudeur est un signe de noblesse, on ne décide pas pour moi, je suis la princesse, je décide, qui, quoi, comment.
Ce jour-là, pour la première fois depuis quatre mois, je marchais dans la rue la tête haute, je me sentais royalement respectée, je me sentais protégée, j’avais pris la décision de me montrer différemment et j’aimais cette sensation.