Le témoignage de Sarah, 65 ans, est la preuve que les Mitsvot n’ont pas d’âge. Même si certains pensent avoir bouclé toute une existence parsemée d’actes bons et pieux, nous pouvons encore et toujours avancer. Et parfois rendre un ultime hommage à notre Créateur.
Je m’appelle Sarah, j’ai 65 ans, 4 enfants et je viens de vivre la plus merveilleuse des expériences que la mamie que je suis puisse vivre. Je viens d’accomplir mon premier* et dernier Mikvé… (*en tant que femme mariée)
Je n’ai jamais été très pratiquante. Mes parents étaient des gens traditionalistes et respectueux de la religion, mais ils vivaient selon leurs convictions, à savoir « la religion, ça se passe dans le cœur ». En tant que fille aînée, j’ai vraiment suivi leurs traces. J’ai fait mes études, je me suis mariée avec un homme traditionaliste comme moi, et nous avons eu 4 enfants, auxquels nous avons offert une enfance qui ressemblait en tous points à la nôtre. Ma sœur cadette, par contre, a depuis toute jeune été attirée par la religion. Ça l’intriguait, même plus que ça, ça la passionnait. Aujourd'hui, elle, son mari et ses enfants sont très pratiquants, mais cela n'a, heureusement, jamais entaché notre relation.
Le mois dernier, c’était mon anniversaire, et à cette occasion, ma sœur et son mari étaient là. Avant de partir, elle m’a remis mon cadeau… un très beau livre ! Mon attention a d’abord été retenue par sa dédicace sur la couverture intérieure : « Je ne peux pas te laisser passer à côté de quelque chose de si merveilleux ». Puis, je me suis mise à lire les premières pages. Il s’agissait d’un livre sur l’importance de se tremper au Mikvé. J’étais interpellée, j’engloutissais les pages, à ma plus grande surprise d’ailleurs. Je découvrais alors la beauté de la Mitsva, les bienfaits médicaux et pour le couple des lois de pureté familiale, les témoignages de femmes dont les vœux ont été exaucés suite à leur Mikvé, etc. J’en étais désormais convaincue. Je ne m’étais jamais trempée au Mikvé, non pas par rejet de la Mitsva, mais par ignorance. Aujourd’hui, je savais, et je voulais. Et même si j'avais atteint l'âge de la ménopause, je pouvais encore “rattraper” mon retard. Car j'ai su que le fait de se tremper au Mikvé, même une fois ménopausée, m'apporterait toute la pureté que j'aurais pu accumuler à chaque Mikvé pendant toutes ces années. Pour la première fois et la dernière fois, je voulais me sanctifier par cette Mitsva si spéciale, en tant que femme mariée. Je ressentais alors le besoin de faire MON pas vers Hachem, de purifier MON foyer, de choisir et de prendre sur moi MON avancée.
Cette nuit, je ne dormais pas beaucoup. Le lendemain matin, j’appelai ma sœur et je lui fis part de ma décision et je lui demandai les coordonnées d’une Rabbanite qui pourrait me guider dans mes démarches. Je l’ai contactée, convaincue, passionnée et déterminée. Le moment était venu de célébrer ma propre avancée dans la religion. L’entretien a duré près de deux heures. Quelle femme ! Douce, attentionnée, compréhensive. Elle a pris le temps de répondre à chacune de mes questions, à apaiser chacune de mes appréhensions, à deviner chacun de mes non-dits, tout cela dans la bienveillance. Pas une seule fois, elle ne m’a pointée du doigt, pas une seule fois elle ne m’a jugée, pour toutes ces années où j’avais manqué l’occasion de purifier mon foyer. Elle a pris le temps de m’expliquer, techniquement ce que je devais faire, où je devais me rendre... Si je ne comprenais pas un détail, elle répétait avec patience et gentillesse. Puis, elle a fini par m’annoncer avec sa voix douce et rassurante : « Rendez-vous mardi soir à la tombée de la nuit pour votre renaissance ». Je vous laisse imaginer dans quel état d’excitation j’étais en raccrochant. Je ne sentais plus mes années. Mes courbatures, mes douleurs, je ne sentais plus rien ! J’étais transportée par un élan d’enthousiasme et d’impatience mélangés. Je retrouvais mes 20 ans, j’étais dans la peau d’une jeune mariée qui était sur le point de se purifier et de purifier son foyer par la même occasion.
Puis, le jour J arriva. Préparée physiquement et prête mentalement, j’ai attrapé mon sac et je me suis dirigée vers la porte. Avant de sortir, je me suis retournée et j’ai lancé un regard à mon mari, un regard serein et fier. Je savais que je reviendrais différente, je savais que je fermerais la porte sur une vie qui ne serait plus la même désormais après ce soir. Mon mari, sans me dire un mot, m’a accompagnée de son sourire protecteur. Avec ses yeux, il me disait : « Je serai là à ton retour, je suis fier de ce que tu fais pour nous ». Je pouvais lire l’amour et la reconnaissance dans son regard.
A l’entrée du Mikvé, m’attendait la Rabbanite. Bien que je ne l’aie jamais vue de ma vie, je l’ai tout de suite reconnue. Je percevais sa gentillesse à travers son visage souriant et bon. Elle m’a aidée, soutenue et accompagnée durant les derniers préparatifs. Elle était là, tout en restant discrète, pour ne me voler aucune seconde du moment magique que j’étais en train de vivre. Puis, le moment est arrivé. Et je suis entrée dans la pièce même du Mikvé. Je regardais ce bassin, et je pensais à mon mari que j’aimais tant et qui m’a toujours soutenue quoique je décide dans la vie. Je pensais à mon père qui m’a inculqué l’amour du judaïsme et l’amour de D.ieu, je pensais à ma mère, qui nous a toujours aimé ma sœur et moi de la même force et pour qui, notre bonne entente, était fondamentale. Je pensais à mes enfants, mon moteur. Je pensais évidemment à ma sœur, qui ne m’a jamais jugée et qui m’a toujours montré respect et amour. C’était grâce à elle que j’étais là aujourd’hui. Puis, je pensais à D.ieu, Lui qui ne m’a jamais fermé les portes. Même si j’avais mis des dizaines d’années à comprendre, aujourd’hui, Il m’acceptait et Il me faisait le plus beau cadeau qu’un Père puisse faire à sa fille. Il me permettait de me rapprocher de Lui, Il m’accueillait dans son “chez Soi” le plus intime, Il m’enlaçait et me chuchotait à l’oreille avec fierté et confiance : « Bravo Ma fille, Je savais que tu y arriverais ».
Lorsque je suis descendue doucement dans le bassin, j’étais émue, mais sereine. Tout ce tumulte d’émotions que je vivais depuis que j’avais pris la décision de me tremper s’est instantanément calmé, j’étais tellement heureuse de vivre ce moment. C’était un moment unique et spécial, moment que je ne revivrai pas. Ces eaux pures m’enveloppaient avec douceur. Je sentais la sainteté du moment. Je savais que j’emporterais cette pureté avec moi et que j’en imprègnerais les murs de ma maison. Peu importe comment j’avais vécu jusqu’à présent, je savais que tout changerait dorénavant. Tout changerait grâce à cette immersion.
Lorsque je rejoignis ma salle de bains, j’éclatais en sanglots. Je me sentais littéralement purifiée à jamais. Je renaissais à l’âge de 65 ans. J’avais vécu tellement de choses dans ma vie, mais aucun moment ne s’est apparenté à celui-ci en matière de bien-être. Je sentais que chaque centimètre de mon corps, chaque millimètre de mon esprit était sanctifié. Je respirais un air neuf, tel le nouveau-né qui remplit ses poumons d’oxygène pour la première fois. Chaque membre de mon corps semblait me remercier de cette courageuse décision que j’avais prise. Je n’avais plus mal aux épaules et aux genoux. Mon dos n’était plus voûté, les traits de mon visage n’étaient plus tendus. Je me sentais épanouie et chanceuse.
Mesdames, les mamies, ne renoncez pas à cette renaissance, ne renoncez pas à cette quiétude. Quoi de plus magnifique que de repartir à zéro à l’âge de 60 ou 70 ans ? C’est un véritable cadeau du Ciel. Peu importe votre degré de religion, peu importe si vous vous couvrez la tête ou si vous faites Chabbath, ne vous privez pas de ce bonheur. Il vous appartient, alors vivez-le, vivez-le pleinement et vivez-le maintenant.
Témoignage anonyme - adapté par Myriam H.
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