Il y a quelques semaines de cela, j’ai pris quelques jours pour aller rendre visite à ma fille et mes petits-enfants. Ils habitent dans une ville en bord de mer, donc j’en ai profité pour faire de longues balades sur la plage. Mes poumons de citadine me remerciaient à chaque bouffée d’air salin que je respirais. Un matin, lors d’une de mes promenades, je me suis retrouvée nez à nez avec un panneau qui m’a interpelée : « Il se peut que vous soyez perdus, mais peu importe, vous êtes ici maintenant. »
Cette phrase résonnait à mes oreilles dans un écho de vérité et de simplicité. C’est tellement vrai, c’est tellement ça. Nous rencontrons tous des difficultés dans la vie, mais ce sont ces difficultés qui nous mènent à l’endroit où nous sommes ; ce sont ces « mauvaises rencontres » qui ont forgé notre caractère, ce sont ces défis au quotidien qui nous ont permis de devenir des personnes plus sûres d’elles, ce sont ces mauvais choix qui nous ont conduits aux bons endroits.
La vie est un puits sans fond de surprises. Alors qu’on pense tenir les rênes, alors qu’on se sent en pleine maîtrise, un évènement survient de nulle part et nous ébranle. Toutes nos certitudes s’envolent, tous nos projets s’effritent. Mais à aucun moment, nous ne devons regretter, à aucun moment nous ne devons être pris de remords et nous en vouloir des choix que nous aurions faits, des décisions que nous aurions prises peut-être sans trop réfléchir.
Le regret est ce qu’il y a de plus néfaste, il freine toute réalisation, il ne permet pas aux personnes d’aller de l’avant. Telle une voiture qui est embourbée et qui essaye d’avancer, rien n’y fait, tant que l’environnement n’est pas assaini.
Dans tous les centres commerciaux ou autres grands bâtiments, où les gens sont plus susceptibles de se perdre, on y trouve plusieurs tables d’orientation, des plans de l’endroit. Et sur chacun d’eux, l’information en rouge, c’est-à-dire la plus importante à connaître, est votre position actuelle « VOUS ÊTES ICI ». Effectivement, quand on y réfléchit, c’est tout ce qu’il nous faut savoir, et c’est surtout tout ce qui compte. Vous voulez rejoindre tel endroit, vous convoitez tel poste ou telle maison, vous avez des ambitions, des projets, c’est parfait. Mais d’où venez-vous ? Où êtes-vous aujourd’hui ? Ce n’est qu’en ayant cette information que vous saurez quel chemin emprunter pour atteindre vos rêves, ce n’est qu’en évaluant la distance et le type de route (calme ou avec obstacles) qui vous sépare de vos aspirations que vous saurez comment y arriver et que vous aurez une idée claire et réaliste du temps que cela peut vous prendre, des moyens qu’il faudra déployer…
Je marchai et réalisai que vivre une vie positive ne tient qu’à nous. Elle ne dépend aucunement de notre chance ou malchance, elle ne dépend pas des évènements qui nous arrivent, elle ne dépend pas de l’aboutissement de nos projets ou de la réussite dans certains domaines. Elle dépend de nous, et de notre relation à différents éléments.
- Notre relation avec le Créateur du monde. Donnons à Hachem la place qu’Il mérite dans nos vies, dans nos foyers, dans notre quotidien. Le Maître du monde peut tout, mais vraiment TOUT ! Plus on Lui donne les rênes de notre vie, plus Il accomplira des choses extraordinaires pour nous. Mais malheureusement, nous avons tendance à Le placer en dessous de la logique, de la raison, de la médecine ou de la science. Hachem peut tout ! Et c’est très rassurant de se dire que c’est Lui qui est aux commandes et pas moi.
- Notre relation avec nos proches. Apprenons à nous écouter, à nous entraider, à nous aimer. Une vie positive se cultive dans la bonté, la générosité et l’empathie. Apprenez à comprendre l’autre et à accepter ses problèmes, même si, pour vous, il y a bien plus grave.
- Notre relation à l’argent. Souvenez-vous bien de cette phrase : l’argent est un moyen et non un but ! L’argent doit servir à rendre heureux, à ne manquer de rien… mais il ne doit jamais être une source de souci ou d’obsession.
- Notre relation au bonheur. Prenez tout ce qu’il y a à prendre dans ce domaine. Soyez cupides en matière de bonheur. Partagez vos joies et associez-vous à celles des autres. Soyez heureux pour vos amis, vos voisins… Souriez tant que vous pouvez, remplissez votre bouche et votre cœur de bénédictions à l’égard de tous, on n’a jamais assez d’occasions d’être heureux. Ne soyez pas radins dans ce domaine. Et inversement, lorsque malheureusement nous connaissons une peine, n’en rajoutons pas, en termes d’intensité et de temps. Essayons le plus vite possible de sortir de ce moment douloureux.
- Notre relation à la religion. Ces derniers temps, la religion a perdu de son éclat. La religion n’est pas un ensemble de lois encombrantes, de restrictions, d’interdits exagérés, ou de corvées sans fin. La religion est magnifique, la religion est juste, elle est d’une beauté divine que seuls les cœurs purs perçoivent. Appréhendez les préparatifs de Chabbath, le ménage de Pessa’h, les courses de chaque fête différemment... Voyez la chance que nous avons de faire partie de ce peuple, mettez-vous en cuisine le sourire aux lèvres et le cœur en fête et vous verrez que chacun de ces moments bénis vous le rendra au centuple.
- Enfin, notre relation à la communauté. Faire pour soi-même ou faire pour les autres, ça n’a rien à voir. Lorsqu’on fait pour soi-même, le rayon de répercussion de l’action est limité. Je fais, je profite, ça s’arrête là. Par contre, lorsqu’on fait pour les autres, ça a l’effet d’un ricochet sur l’eau, ou même d’une lumière dans un projecteur. On commence par la même petite action, mais elle a une étendue sans bornes. Notre action prend alors une valeur inestimable, car elle a affecté un nombre de vies incroyable dont on ne se doute même pas.
Ce matin-là, mes pensées avaient occupé mon esprit plus que de coutume et en rentrant à la maison, mes petits-enfants ont couru vers moi en criant « on pensait que tu t’étais perdue ». J’ai alors souri et en caressant leurs doux visages, je leur ai répondu « bien au contraire, je me suis trouvée ». Ce jour-là fut le premier jour de ma vie positive. J’étais là et heureuse d’être là, sans regret, sans remords, sans frein. J’allais de l’avant, mais ce qui avait le plus d’importance à mes yeux c’était le fait que j’étais ici maintenant.