Ma fille de six ans aime réciter le birkat hamazon.
Elle fait le birkat hamazon – c’est-à-dire qu’elle remercie D. – après un repas à base de pain. Elle le fait après avoir mangé deux parts de pizza. Elle le récite après nos repas de Chabbat. Elle le récite tout le temps. À tout moment, je peux entendre ma fille chanter certaines parties du birkat hamazon, qu’elle soit en train de jouer, qu’elle soit dans la voiture, ou en train de se mettre en pyjama.
Et bien que cela puisse devenir pénible d’entendre la même mélodie toute la journée, tous les jours, cela montre clairement que mon enfant, nos enfants se familiarisent très vite avec ce qu’ils entendent et ce qu’ils apprennent.
En réalité, je préfère l’entendre réciter le birkat hamazon, dire des paroles de Thora et de sainteté, plutôt que de l’entendre chanter des paroles profanes et immorales de la culture pop.
Je me rappelle, il y a quelques années, quand ma fille a appris l’histoire de ‘Hannouca et d’Antiochus. Quelques semaines plus tard, elle apprenait l’histoire de Pharaon et des Juifs qui furent esclaves en Égypte. Elle me bombardait de questions concernant chaque épisode, voulait connaître tous les détails du mode de vie des esclaves, il y a tant d’années en Égypte, ce que cela signifiait de vivre sous le règne d’un empire grec hostile... Et puis un soir, elle demanda : « Qui était pire – Pharaon ou Antiochus ? »
Elle réitéra cette question pendant plusieurs semaines. Ma fille pesait les avantages et les inconvénients de chacun et terminait invariablement avec une réponse bien conçue. Elle insistait pour que je lui réponde aussi. Mon mari et nos parents furent aussi mis sur la sellette.
Une autre fois, ma fille apprit à l’école que Yaacov Avinou était mort. (Je ne parle pas du fait qu’un tel sujet soit étudié pendant dix minutes en maternelle. Cela fera l’objet d’une prochaine discussion.) Elle revint ce jour-là de l’école et se mit à me poser des questions du genre « Comment Yaacov est-il mort ? », « Où est-il allé ? », etc.
Et elle répétait ces questions durant des mois.
J’étais consternée que cela la fascine tant. Mais elle me montra bien à quel point les enfants s’imprègnent de ces informations et les intériorisent, même lorsque l’on ne s’y attend pas, ou qu’on ne le réalise pas.
Je suis une grande amatrice des Pirké Avot (Maximes des Pères). C’est une mine d’or pleine de sagesse et d’inspiration qui parle de tout.
« Elicha ben Abouïa dit : "Celui qui étudie la Thora dès son jeune âge, à quoi peut-il être comparé ? – À de l’encre déposée sur du papier neuf". » (Pirké Avot 4:25)
Des études montrent à quel point les enfants apprennent rapidement les langues. On peut faire la même remarque sur leur faculté à comprendre ce que nous estimons important et ce que nous laissons de côté.
Nous avons tous des histoires marrantes sur nos enfants qui ont répété quelque chose que nous leur avons appris ou qui nous ont imités, à des moments où l’on s’y attendait le moins. Ils entendent ce que nous leur disons même s’ils ne nous donnent pas l’impression d’écouter. Et ils s’imprègnent de nos paroles même s’ils n’en ont pas l’air.
La plus jeune de mes filles rapporte constamment les dires de sa mora, son institutrice. « La mora a dit que nous devons faire ceci », ou « La mora a dit de ne pas faire cela ». Sa maîtresse n’est pas seulement une institutrice, elle est aussi son exemple.
Mais, en tant que parents, nous sommes les principaux enseignants et exemples de nos enfants.
Il existe tant de moyens simples, mais importants, d’instruire nos enfants. Partager des paroles de Thora ou bien faire un récit mimé de la paracha à la table du Chabbat, réciter nos berakhot (bénédictions) à voix haute, dire le chéma avec nos enfants… sont des façons merveilleuses dont nous disposons pour encourager un esprit de Thora dans notre foyer.
Nous pouvons parler de nos parents et de nos beaux-parents respectueusement et donner à nos enfants une opportunité de créer un lien avec leurs grands-parents, afin que le temps passé en leur compagnie soit considéré comme un moment spécial, et non comme une corvée dont on se débarrasse en toute hâte. Je garde de précieux souvenirs des moments passés auprès de mes grands-parents. Nous jouions, grignotions, parlions de notre journée. J’allais souvent parler à mon grand-père, qui vécut avec nous plusieurs années durant, quand j’avais besoin de son aide pour mes devoirs de ‘Houmach (Bible) ou d’histoire. Je chéris ces instants partagés, particulièrement maintenant.
Lorsque nos enfants répondent au téléphone et que c’est un commercial qui demande à nous parler, est-ce que nous secouons frénétiquement la tête et murmurant : « Je ne suis pas là ! » (Soyons honnêtes !!) Nous pouvons plutôt refuser poliment l’offre et répondre simplement que le moment n’est pas opportun. Nos enfants comprendront immédiatement qu’il est important de dire la vérité, même lorsque cela n’est pas facile ou agréable. N’attendez pas que votre enfant simule des « A » sur son bulletin scolaire pour le gronder d’avoir menti. Soyez son exemple, avant que le besoin ne s’en fasse sentir.
Comment saluons-nous nos voisins ? Est-ce que nos enfants nous voient nous précipiter pour les éviter ou faire semblant de ne pas les voir ? Ou bien prenons-nous le temps, malgré notre programme chargé, de s’arrêter, de dire bonjour, et peut-être d’apporter un peu de joie à une journée qui aurait autrement été bien triste ?
Faisons participer activement nos enfants dans leur judaïsme. C’est un travail continu, un travail éreintant. Mais, nous le savons tous, le jeu en vaut la chandelle.