L’apogée de notre voyage en Russie et Ukraine a été notre visite sur les tombes de nos Sages - le Ba’al Hatania, le Ba’al Chem Tov, le Rabbi de Breslev, et le Rabbi de Berditchev. L’évocation même de ces noms nous fait trembler de déférence. Ces noms sont gravés dans le cœur et l’esprit de toute personne attachée à la Torah, mais la perspective de prier sur ces tombes, en particulier avant les Jours Redoutables, nous a coupés le souffle.
Nous avons quitté Kiev le matin pour nous rendre d’abord à Ouman. Tant de Juifs nous ont fait part de l’inspiration qu’ils ont puisée dans ce lieu. Nous étions pris d’un sentiment de vénération et de fébrilité. Ma fille, la Rabbanite ‘Haya Sora Gertzulin, donna dans l’autobus un cours sur la vie et les enseignements du Rabbi de Breslev. Le contraste entre sa biographie et ses enseignements nous a fait réfléchir : il était constamment joyeux, alors que sa vie personnelle a été jalonnée de malheurs et de souffrances. Arrière-petit-fils du Baal Chem Tov, Rabbi Na’hman est né en 1772 et est décédé prématurément à l’âge de 38 ans en 1810. Il s’est marié à l’âge de 13 ans et a eu 5 enfants, mais a perdu ses deux fils et sa femme qui ont succombé à la tuberculose. Il a vécu de terribles épreuves, mais son esprit positif et ses sentiments authentiques de Sim’ha, de joie, l’ont maintenu. Il aimait Erets Israël de tout son être et s’embarqua dans un voyage périlleux en direction de la Terre sainte. Au terme d’un long voyage risqué, il arriva à ‘Haïfa et se rendit à dos d’âne jusqu’à Tibériade, où les Turcs le déportèrent et il fut contraint de retourner à Breslev, en Ukraine. C’était une période horrible pour le peuple juif. Dans la localité d’Ouman, les Juifs furent les victimes d’un massacre sanguinaire au cours duquel des milliers d’entre eux furent brutalement assassinés. Rabbi Na’hman s’identifia à la douleur de ces martyrs et demanda à être enterré avec eux. Voici quelques points importants de ses enseignements que ma fille a évoqués devant notre groupe.
Accéder à la Sim’ha
Si tu ne te sens pas heureux, fais semblant de l’être. Même si tu es déprimé, affiche un sourire.
Joue la comédie en prétendant être heureux et une joie authentique s’ensuivra.
Si tu n’as aucune raison de sourire, souris et Hachem te donnera une raison de sourire. Rabbi Na’hman répétait : « Mitsva Guédola Lihiyot Bésim’ha - c’est une grande Mitsva d’être toujours d’humeur joyeuse. »
Créer la joie par le chant
Le moyen le plus direct de s’attacher à Hachem est la musique et les chants. Même si tu ne sais pas chanter, CHANTE. Chante pour toi-même, chante dans ton cœur…chante !
Sanctification
« Sanctifiez vos bouches par la prière et l’étude ; vos narines par de longues inspirations de patience ; vos oreilles en écoutant les paroles des sages ; vos yeux en les fermant au mal. Ne succombez jamais à des sentiments de solitude. Où que vous soyez, D.ieu est proche de vous. »
Foi
Il recommandait au Juif d’affirmer sa foi en croyant qu’il est important aux yeux de D.ieu, et peu importe à quel point il s’est éloigné du droit chemin, il a la résilience et la force de changer et de revenir vers Hachem.
Il réprimandait les Juifs de ne pas faire l’erreur stupide d’abandonner, en pensant qu’il est trop tard pour eux et qu’ils sont les victimes de leur passé. « Si tu le désires et es prêt à travailler dur, tu es capable de tout surmonter », déclara-t-il.
Tous les débuts nécessitent d’ouvrir de nouvelles portes. La clé est de donner et d’agir : donner la Tsédaka et réaliser des actes de ‘Hessed, de bonté. La croissance spirituelle doit progresser lentement et régulièrement. Trop souvent, nous voulons nous améliorer si rapidement que nous en devenons frustrés et troublés.
Sache qu’aucun effort déployé pour se rapprocher de Hachem n’est perdu, même si au final, tu n’arrives pas là où tu espérais. Retiens toujours que tu ne reçois jamais d’obstacle infranchissable pour toi. Occupe-toi de faire du bien et le mal disparaîtra.
Respect pour les autres
Imite Hachem et ne cherche pas les défauts d’autrui. Au contraire, cherche le bien chez tout le monde, et en agissant ainsi, tu seras en paix. Il est facile de critiquer les autres et de leur donner le sentiment d’être indésirables, mais ce qui nécessite des efforts et des compétences, c’est de les relever lorsqu’ils sont déprimés et les aider à se sentir mieux. Rabbi Na’hman n’était pas seulement préoccupé par la manière dont nous traitons les autres, mais aussi par la manière dont nous nous traitons nous-mêmes. Recherche toujours le bien en toi, et transforme ta dépression en joie.
La prière fonctionne !
Le Rabbi de Breslev pensait que la prière est l’outil le plus puissant de l’homme. Pour tous tes besoins, la prière est le meilleur moyen de l’obtenir. Garde à l’esprit que l’essence de tes prières est d’avoir confiance qu’elles seront exaucées. Exprime tes pensées et sentiments les plus profonds devant Hachem chaque jour, dans la langue où tu es le plus à l’aise. Parle à Hachem comme tu parlerais à ton meilleur ami…Dis tout au Saint d’Israël. Le Rabbi croyait à la Hitbodédout - la méditation avant la prière.
Colère
Lorsque tu sens la colère monter, STOP ! Imagine que tu as explosé et que tu as le sentiment d’avoir gaspillé ton temps. C’est ce qui se passe lorsque tu te mets en colère. Ton âme te quitte. Stop…et ta colère se dissoudra.
Réponds aux insultes par le silence - lorsque quelqu’un te fait de la peine, ne réponds pas dans le même esprit. Tu seras alors digne d’un honneur véritable - un honneur qui est intérieur. Un honneur du Ciel.
‘Haya Sora a également relaté plusieurs histoires extraordinaires sur Rabbi Na’hman, puis nous sommes arrivés à Ouman : là, dans ce shtetl ukrainien, nous avions un hôtel glatt Cachère et un supermarché ! En entrant à l’hôtel, nous aperçûmes des ‘Hassidim du monde entier, et en marchant vers le Kéver, la tombe du Tsadik, je me suis souvenue que ‘Haya Sora nous avait relaté qu’au moment de la mort du Tsadik, ses élèves l’avaient entouré et demandé : « Qui sera notre guide ? » Ce à quoi le Rebbe avait répondu : « Je serai toujours avec vous. »
Plus de 200 ans se sont écoulés depuis sa disparition, mais les Juifs citent toujours le Rabbi de Breslev, relatent ses récits, chantent ses chants, récitent des chapitres de Téhilim qu’il a indiqués. Nous avons prié Min’ha à Ouman et avons regretté de ne pouvoir y rester plus longtemps…