Le nourrisson regarde sa mère, elle est la personne la plus importante pour lui et la meilleure sur Terre.
Il l’observe tout le temps et dans chaque situation. Il commence à discerner ce qui est essentiel pour elle, ce qui la réjouit et ce qui l’attriste.
Il sait ce qui la fait sortir de ses gonds, si c’est la tache sur le canapé ou le mensonge qu’il a formulé, si c’est un verre cassé ou la frappe qu’il a donnée à sa sœur, si c’est une page déchirée ou une effronterie.
Il entend le compte-rendu qu’elle rend à son père, sur quoi elle se focalise, si c’est sur sa mauvaise note ou sa manière de réviser la Torah ou si ce sont les travaux d’aménagement du voisin ou son nouveau carrelage qui l’intéressent.
« J’ai frappé une fois mon frère. » raconte David.
« Je n’oublierai jamais la réaction de ma mère à cet instant ! Vous n’en croirez pas vos oreilles : elle s’est mise à pleurer… Comme si elle avait appris une mauvaise nouvelle… C’est pourquoi je n’ai jamais plus recommencé ! »
La mère peut jouer le rôle d’un conférencier éloquent exposant les priorités dans la vie. Il est cependant impossible de tromper les enfants. Si l’effronterie et le manque de politesse sont facilement excusés, ils sauront où se situe la vérité…
« Lorsque l’un des enfants de la Rabbanite Pinkous cassait un verre en cristal, rien ne transparaissait sur son visage. Mais lorsqu’elle entendait des paroles inconvenantes ou qu’elle voyait une main levée, on remarquait immédiatement sa souffrance.
De plus, chaque Mitsva comptait énormément pour elle. Les enfants le savaient bien. Aucune bonne nouvelle ne la réjouissait plus qu’une Mitsva accomplie par eux. Elle aimait la Mitsva tout simplement…
Quand l’un de ses fils finissait un traité ou un chapitre de Talmud, la Rabbanite s’enthousiasmait et respirait le bonheur. Elle exprimait sa joie en organisant une fête en son honneur et en lui offrant des cadeaux. » (Extrait du livre Néfesh ’Haya)
Un enfant qui sent le manque d’intérêt de sa mère pour ses études, qui ne reçoit pas de préparation préalable à la Bar Mitsva ou qui ne voit pas de travail sur les Middot de ses parents, enregistre inconsciemment la façon de considérer les Mitsvot.
Lorsqu’un enfant s’aperçoit que le sujet de conversation principal de sa mère est l’achat de nouveaux canapés ou la rénovation de sa cuisine et que son père est préoccupé par l’achat d’une nouvelle voiture ou par le taux du dollar, il comprend au-delà des mots ce qui est essentiel dans la vie.
Mais si la mère manifeste une réelle joie à chaque progrès qu’il fera devant une page de Talmud, l’enfant décryptera un message important : seul le spirituel procure à ses parents une réelle satisfaction.
Dans une petite classe de Talmud Torah, un enseignant demanda aux enfants ce qui revêtait le plus d’importance à la table de Chabbath.
- « Les chants de Chabbath ! » s’exclama l’un d’eux.
- « La Paracha de la semaine ! » cria un autre.
- « La bouffe ! » dit le troisième d’un air convaincu.
Le professeur lui demanda la raison de sa réponse. L’enfant lui répondit alors :
- « Lorsque l’on chante, papa sommeille, lorsque l’on parle de la Paracha, papa est déjà endormi. C’est seulement quand arrive le plat principal que papa se réveille et s’intéresse à l’élaboration du plat… C’est bien la preuve que le Choulent est l’essentiel de Chabbath ! »