Comment fonctionne notre esprit ?
Tout commence avec de l’apprentissage. Dans notre enfance, nous avons appris des significations. Telle chose est un camion, telle chose est un arbre etc. Nous avons ensuite mémorisé ces représentations, ceci est un camion, ceci est un arbre…. et ainsi de suite concernant une immense quantité d’informations. Depuis, lorsque nous voyons un camion, nous sommes sûrs qu’il s’agit bel et bien d’un camion, car nous avons photo-intégré la forme de cet objet. Sa représentation est désormais stockée dans notre mémoire représentative. La mémoire dispose de 2,5 Po (2,5 pétaoctets) soit 2500 téraoctets. Autant dire qu’il y a de la place…
A part les objets, il y aussi les actions, qui, comme les objets, sont aussi sujettes à apprentissage. On nous a enseigné que lorsqu’on se déplace d’un endroit à un autre, on « va ». Nous avons enregistré la signification de cette action. On parle d’une mémorisation sensorielle. On se rappelle de cette action, et on lui attribue la définition du verbe « aller » dans notre esprit. De même pour l’action de manger, celle de sauter etc. Toutes ces expressions font référence à des actions dont on a intégré le mécanisme.
Une fois les symboliques inscrites dans notre base de données, elles serviront de matières premières à la construction de sens plus riches une fois associées les unes aux autres. L’esprit va ainsi visualiser chacun des éléments et les combiner à d’autres, pour traduire le sens de l’action qui y est représentée. Une fois la lecture de la scène visionnée par notre esprit, on en va décortiquer chacune des étapes pour trouver une cohérence associative entre les éléments et ainsi donner un sens général à la séquence.
Par exemple, on traduit la phrase : « Michel est monté dans le camion et roule en direction de Paris » par le fait que nous savons que « Michel » représente un homme. Il réalise l’action de « monter » dans un « camion ». Pour se diriger vers « Paris » que nous savons être un lieu. Nous visualisons tout cela dans notre esprit et interprétons le sens de l’action de Michel.
Après les représentations de type visuel, il y a les concepts.
Le concept est une représentation mentale (dans l’esprit) résultant d’un processus d’abstraction et de généralisation d’objets réels ou imaginaires. C’est une réalité abstraite distinctes des représentations visuelles qu’on a en stock.
Les concepts sont formés par des représentations sensorielles, ce que nous concevons comme des notions. La « vérité », par exemple, est une notion. Ce concept est ensuite intégré dans la mémoire sous la forme d’une information sensorielle, c’est-à-dire qui mêle l’expérience, la sensation et la représentation abstraite lors du rappel de la notion de vérité.
Le Gaon de Vilna classe en cinq groupes les différentes parties de l’esprit : la faculté imaginative, la faculté associative, la faculté conservatrice, la faculté réflective et la faculté à se rappeler.
Toutes ces facultés agissent ensemble pour comprendre une information et l’analyser. Cependant, la faculté réflective, bien qu’elle se seconde également des autres ressources, est la principale en jeu dans le traitement analytique d’une information.
L’analyse au sein de l’esprit se fait au travers du raisonnement. Pour ce faire, on utilise la logique (syllogisme, sophisme etc.), l’analogie (basée sur l’expérience), la démonstration par l’absurde, la relation de cause à effet etc.
Pour raisonner, on se sert de schémas de pensée appris que nous utilisons lorsque nous sommes confrontés au même type d’informations. Notre esprit rapproche les informations qu’il reconnaît, les situe et les fait concorder, en fonction d’un but précis et d’un contexte particulier.
Là aussi, ces mécanismes de réflexions s’amorcent dans un premier temps à la maison avec les parents et se poursuivent à l’école.
On apprend des mécanismes de logique sur des problèmes mathématiques par exemple, puis on les réutilise dans des registres différents, grâce à l’utilisation des schémas acquis. Ainsi, dans le judaïsme, lors de l’étude de la Guémara, on acquiert une immense somme de schémas rationnels qu’on réutilise dans toutes sortes de secteurs de pensée nouveaux, et les calculs fusent à une vitesse étourdissante. A titre d’exemple, l’une des plus puissante machines au monde a été comparée au cerveau humain, et devinez qui l’emporte ?
Le puissant supercalculateur chinois datant de 2015 - le Tianhe-2 - est certainement un des plus puissants au monde. Composé de 260 000 processeurs, il possède 1 375 Tio de mémoire vive et une mémoire de masse de 12,4 Po. La puissance de calcul est mesurée en Flops (Floating point Operations Per Second) : 1 Flop correspond à une opération à virgule flottant par seconde. Le Tianhe-2 effectue 33 860 000 milliards d’opérations par seconde, soit 33,86 Flops.
Le cerveau humain quant à lui en fait beaucoup plus. Pour simuler juste 1 seconde de temps d’activité cérébrale, il a fallu au superordinateur K et ses 86 000 processeurs 40 minutes de calcul. Autrement dit, ce que 86 000 processeurs font en 40 minutes, le cerveau humain le fait en 1 seconde !
Le cerveau humain : une création Surhumaine
Comment avons-nous intégré la première fois le sens du mot camion, de l’arbre et de toutes les autres représentations qui serviront de base à notre compréhension ? Comment avons-nous initialement compris le sens des premières informations qu’on a intégré et qui formeront l’édifice de notre intelligence cognitive ?
La science n’a pas de réponse à cela. Elle sait bien sûr que la région du cerveau activée lors de l’utilisation du langage se situe dans l’hémisphère gauche, communément appelé l’aire de Broca, ou que le centre de la compréhension du langage se situe dans la partie postérieure du lobe temporal gauche, l’aire de Wernicke. Qu’un important faisceau de fibres nerveux connecte les deux régions afin qu’elles interagissent ensemble : le faisceau arqué. Mais personne ne sait comment l’esprit humain comprend les choses…
L’esprit n’a pas seulement la faculté de se représenter différents éléments, il en a conscience. Il comprend leurs sens et leurs implications. Il possède également la faculté de « sentir » intuitivement la validité d’une information. Il en va de même des raisonnements logiques, si l’homme n’était pas lui-même doté d’une logique innée (qui lui est donné de développer), il ne pourrait pas comprendre la logique d’une information. Qui donc lui a imbriqué cette capacité à la logique ?
Est-ce le cerveau qui est capable de toutes ses choses ? Assurément pas !
Malgré son étonnante complexité, il n’en reste pas moins un bout de “viande”, de qui ne peut émaner aucune pensée ni sentiment.
Sans ces compréhensions acquises dès notre plus jeune âge sur lesquelles se superposent l’ensemble de nos conceptions intellectuelles, nous ne pourrions tout simplement pas créer, entreprendre, avoir de vie sociale, ni même aimer. L’esprit est une part spirituelle qui nous habite, d’essence immatérielle, il est le fief de l’âme. C’est sans doute ce que voulait insinuer Job lorsqu’il disait « Après que ma peau, que voilà, sera complètement tombée, libéré de ma chair, je verrai D.ieu ! » (Job 19, 26)
Notre dépendance vis-à-vis du Créateur est tellement profonde et indispensable que nous ne pouvons nous détourner des innombrables bienfaits qu’Il nous prodigue. Il nous incombe allégeance et gratitude.
Remercier Hachem pour la compréhension et la Lui demander
C’est ainsi que nous entamons notre journée avec la bénédiction sur l’intelligence « Source de bénédiction, Tu Es Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers qui donne au cœur (Lassekhvi) l’entendement de distinguer entre le jour et la nuit ».
Le mot Sekhvi signifie le cœur comme dit le verset Job (38, 36) : « qui a imprégné dans le cœur le discernement ». On remercie le Créateur d’avoir gratifié l’homme de la faculté de distinguer le jour de la nuit. Le coq a lui aussi cette faculté c’est pour cela qu’il est aussi appelé Sekhvi.
Nous poursuivons avec la quatrième bénédiction de la ‘Amida, qui est la première des bénédictions personnelles « Tu donnes à l’homme la connaissance, et Tu enseignes à l’être humain l’intelligence. Donne-nous de Toi la compréhension l’intelligence et la connaissance. Tu es source de bénédiction Hachem qui donne la connaissance ».