Si vous aviez rencontré Chiraz et son mari le jour de leur mariage, vous auriez rencontré le couple le plus heureux au monde, tous deux s’étaient mariés à un âge assez avancé, après pas mal de difficultés, mais ils avaient ressenti que l’attente avait valu le coup, ils auraient enfin le mérite de fonder une famille.
« Nous étions persuadés qu’immédiatement après le mariage, je tomberais enceinte, relate Chiraz, nous n’avions même pas envisagé un autre scénario. » Mais deux ans et demi s’écoulèrent, et rien ne se profilait à l’horizon, Chiraz commença à comprendre que le temps pressait, et la tension à la maison augmentait.
« Je sais que certains couples attendent plus que nous, et que deux ans et demi, c’est une blague pour eux, mais chez nous c’était critique, car j’avais presque atteint les quarante ans, et chaque jour qui s’écoulait était extrêmement important, relate-t-elle. J’aime énormément les enfants, et toute ma vie, j’ai rêvé de la famille que j’allais fonder. Soudain, lorsque j’ai compris que j’avais un problème, mon monde s’est écroulé et je ne peux décrire par des mots la tristesse que j’ai ressentie alors. Je n’avais pas la force de sortir dans la rue et de voir des femmes enceintes, ni des bébés dans les poussettes, je coupai les liens avec des amies qui mettaient au monde des enfants, car je n’arrivais tout simplement pas à leur souhaiter Mazal Tov. »
« A un certain stade, poursuit-elle, nous avons décidé, sur le conseil des médecins, d’entamer une série de traitements. Pendant cette période, à plusieurs reprises, on a cru que les traitements réussissaient et que nous étions en voie nous aussi d’avoir un enfant, mais la déception était grande à chaque fois, je rentrai à la maison et je pleurai pendant des heures. Que n’aurais-je donné pendant cette période pour avoir des enfants ? J’étais prête à tout dans ce but. »
Décision courageuse
Chiraz était donc prête à tout faire pour réaliser son rêve, tout, c’était aussi écouter son mari qui lui annonça de manière surprenante un matin : « A partir d’aujourd’hui, je commence à mettre les Téfillines, et toi, tu commences à respecter les lois de la pureté familiale. »
« Quelqu’un qui ne connaît pas mon mari ne peut comprendre à quel point cette décision était surprenante, précise-t-elle, mon mari s’était toujours décrit comme laïc, athée, il mangeait tranquillement à Yom Kippour, et mangeait sans problème dans des restaurants non-Cachères. Il n’avait absolument aucun penchant pour le judaïsme, et soudain il avait fait cette déclaration étonnante ! Quant à moi, après le choc initial, l’idée me plut. Je cherchais un élément spirituel auquel je pouvais me raccrocher, qui pouvait me donner des forces. J’ai décidé que j’allais commencer à respecter les lois de la Tahara. »
Mais Chiraz rencontra alors un problème : elle n’avait aucune idée de la manière de respecter cette Mitsva importante. « J’étais tellement ignorante sur le sujet », nous confie-t-elle. Par chance pour elle, l’une de ses meilleures amies était religieuse, Chiraz s’adressa à elle pour obtenir des directives. « Cette amie m’adressa à une Rabbanite, et ce fut la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie. »
La voix de Chiraz tremble lorsqu’elle évoque cette période : « Je pris contact avec la Rabbanite, et elle me parla avec une telle bienveillance, avec une vraie chaleur. Elle s’intéressa à moi, elle ne tenta absolument pas de m’imposer quoi que ce soit, mais elle me renforça beaucoup. Lorsque j’eus fini de lui parler, j’étais persuadée que j’allais commencer à observer les lois de la pureté familiale, et elle, avec délicatesse et efficacité, m’appelait de temps en temps pour me rappeler les lois, et m’envoyait des messages pour m’encourager. J’ai eu l’impression qu’elle allait devenir ma meilleure amie ».
Une épreuve à l’horizon
Bien que Chiraz espérât que dès l’instant où elle commencerait à respecter la Mitsva, elle verrait une grande délivrance, plusieurs mois s’écoulèrent sans rien de neuf, puis on la convoqua pour un rendez-vous avec des médecins. « Les médecins nous expliquèrent de manière tranchante que je n’arriverais pas à tomber enceinte tant que je respecterai les lois de la pureté familiale, relate Chiraz en pleurs. Selon leurs calculs, c’était impossible, et ils nous firent comprendre que nous avions deux options devant nous : ou un enfant, ou la pureté familiale. »
Quel a été votre choix ?
« La vérité ? Lorsque nous étions assis devant les médecins, nous avons opiné du chef avec obéissance, nous pensions réellement qu’ils avaient raison et nous comprîmes qu’il fallait renoncer à cette Mitsva déterminante, mais dès l’instant où nous sortîmes du cabinet, la Rabbanite me téléphona. Je me souvins subitement que je lui avais fait part de notre rendez-vous avec l’équipe médicale, et elle voulait savoir ce qu’on nous avait dit et ce que nous allions faire. Nous lui racontâmes nos hésitations, et elle me répondit par une phrase qui nous renforça beaucoup : « Tu penses vraiment que le Maître du monde a des difficultés à te donner des enfants ? Ra’hel Iménou était stérile, et malgré tout, le Saint béni soit-Il lui a donné des enfants. Au contraire : justement maintenant, lorsque tu entends de tels propos tenus par les médecins, tu dois encore plus te renforcer et comprendre que la clé de la délivrance ne se trouve qu’entre les mains du Saint béni soit-Il. »
Néanmoins, Chiraz précise que l’épreuve n’était pas simple, elle et son mari eurent de grandes angoisses. « Mon mari me confia qu’il me laissait décider, et que je devais agir à ma guise. J’hésitai énormément, et, à un moment donné, je lui annonçai que ma décision était prise : je continuerai à observer la Mitsva, et je croyais d’une foi parfaite que le Saint béni soit-Il agit selon Sa volonté - s’Il souhaite nous donner des enfants, Il nous en donnera même dans cette situation, et, dans le cas contraire, c’est semble-t-il que nous ne le méritons pas. La vérité, c’est qu’à ce stade, j’ai commencé à penser à une adoption, j’étais sûre qu’il n’y avait aucune chance, mais je n’en dis rien à mon mari, je ne voulais pas le désespérer. »
Pendant plusieurs mois, Chiraz et son mari continuèrent à respecter la Mitsva. « Nous l’avons observée avec les larmes aux yeux, et la seule chose qui me renforça à ce moment-là, c’était les téléphones et les messages de la Rabbanite, relate-t-elle. Même les jours où d’après les médecins, nous avions une chance de tomber enceinte, je savais que j’y renonçais pour pouvoir observer la Mitsva, car je l’avais promis à la Rabbanite, promis à mon Créateur, et j’étais obligée de respecter ma promesse. »
L’histoire de Chiraz s’achève de manière très émouvante. « En vérité, je pensais n’avoir aucune chance de tomber enceinte, et je me préparais à un scénario d’échec, mais le Saint béni soit-Il nous a montré qu’Il est omnipotent, et il y a un an, on nous a annoncé la meilleure nouvelle au monde : le traitement avait réussi. »
Dès le troisième mois de sa grossesse, Chiraz est en grossesse surveillée et hospitalisée au département des grossesses à haut risque. Elle traverse une période inquiétante et stressante, jusqu’il y a trois mois, à l’âge de 41 ans, où elle a eu le privilège de mettre au monde son fils aîné. « Nous l’avons appelé Matanel, nous confie-t-elle, et, à ce stade, elle s’autorise à pleurer, car c’est un vrai cadeau, un cadeau de D.ieu [traduction litérale de "Matanel"]. »