Durant de longues années, Madame N. ne cessa de parler durement à son époux et de le harceler.
Il était attiré par l’étude de la Halakha et elle n’était pas satisfaite…« Mon père approfondissait le Talmud » se plaisait-elle à répéter. « Regarde quel grand érudit il est devenu ! Il a terminé le Chass… C’est un enseignant qui traite de sujets profonds, il est réputé pour son charisme ! »
Il tenta de lui expliquer qu’il étudiait différemment, que le domaine de la Halakha le captivait beaucoup plus. Elle n’en démordait pas.
Finalement, il se rendit chez le Rav Chakh.
Le Rav Chakh invita les deux conjoints à le suivre.
Madame N. était sous l’emprise de vives émotions.
Etait-ce possible d’être assis à la table du grand Sage de la génération ? Elle se prépara à écouter les paroles de D.ieu, elle espérait en découvrir plus sur la Torah de son mari et elle était sûre de recevoir bien vite les éloges du Rav pour « les encouragements » qu’elle prodiguait à son époux.
Le Rav leur proposa de se servir une part de gâteau puis s’adressa à Madame N. :
« Savez-vous comment confectionner ce dessert ? »
Elle garda le silence, confuse et perplexe.
Le Rav réitéra sa question.
« Non, pas vraiment » répondit-t-elle. « Il me semble que c’est un gâteau simple, à base d’œufs, de farine, de sucre et d’huile… » Elle ajouta les ingrédients dont elle se souvenait puis se tu.
Le Rav surenchérit et lui dit :
« Je vois que vous êtes une bonne pâtissière. Rentrez chez vous, confectionnez de bons plats ! C’est ainsi que vous remplirez votre mission à la perfection. S’il vous plaît, ne vous immiscez pas dans l’étude de votre mari et du rôle qu’il doit jouer… »
Nos Sages, de mémoire bénie, nous enseignent (Traité ’Avoda Zara 19,71) :
« Un homme ne peut étudier la Torah que là où son cœur le désire »
Les individus sont si différents !
Le premier est désigné pour être un directeur des ventes alors que le second a pour domaine de prédilection la comptabilité. L’un aime travailler dans le bâtiment alors que son ami préfère l’enseignement.
Celui, qui s’investit dans le domaine qui lui correspond est béni, réussit et s’épanouit.
Il en est de même pour l’étude de la Torah où chacun trouve son compte en fonction de ses traits de caractère.
La nature de l’un tend vers l’érudition, celle de l’autre vers la subtilité et la finesse d’esprit. L’un porte le fanion de la Halakha, l’autre celui de la Haggada. Ils sont tous porteurs des paroles de D.ieu.
La femme doit être pour son mari « une aide face à lui. »
Elle doit lui permettre de s’élever en fonction de ses forces morales. Elle ne doit pas lui assigner son domaine de préférence, même s’il se démarque totalement de sa famille.
« Je suis originaire d’une famille lithuanienne » raconte Rivka. « Et D.ieu a voulu que je me marie avec un ’Hassid ! Au début, je ne voyais aucun inconvénient, déclarant en toute bonne foi : les deux servent D.ieu ! Mais bien vite, des différences essentielles m’ont sauté aux yeux !
Dans la maison de mon père, l’élévation spirituelle se réalise principalement à travers l’étude de la Torah. Pour mon mari, la prière et l’attachement à D.ieu ont une place prépondérante.
Chez nous, on boit les paroles des Grands de la génération, alors que mon mari court chez son Rav à chaque pas de sa vie pour recevoir des instructions.
Il m’a fallu une année entière de travail sur moi pour changer mon point de vue.
J’ai alors pu constater combien mon mari est proche de D.ieu et combien il Le sert sincèrement.
Je me suis aperçue de la crainte du Ciel qui brûlait en lui.
Aujourd’hui, je remercie D.ieu d’avoir choisi cette situation qui me convient à la perfection… »
On chante dans « Echet ’Haïl » : « Son mari est considéré aux portes. », pour toi, femme, qui porte le joug, qui lui offre la régularité et lui fait découvrir son potentiel !