1. On trouve déjà dans les livres de Moussar et d’Halakha tout ce qu’il faut savoir sur les lois relatives à la sainteté et à la pudeur, sur la vigilance nécessaire pour ne pas tomber dans les interdits les concernant, et sur l’importance du mérite et de la récompense qui attendent celui qui s’en préserve (pour plus de détails, on se reportera à la fin de cet opuscule).
Nous voudrions revenir ici sur l’une des choses dont tire avantage le peuple d'Israël dans son ensemble de l’attention que chaque Juif porte à ces deux vertus.
2. Il est écrit dans les Psaumes à propos de l’ouverture de la Mer Rouge : « La mer a vu et elle s’est retirée » ; un verset que nos Sages expliquent de la manière suivante : « Qu’a donc vu la mer ? Elle a vu le cercueil de Yossef ». Or, c’est à l’aide de la loi des concordances (guézéra chava) qu’on l’a déduit. Il est dit en effet au sujet de Yossef fuyant devant la femme de Potifar : « Il s’est enfui dehors – vaYanas ha’Houtsa » (Béréchit 39, 12), et ici, à propos de la Mer Rouge, « vaYanas » : « la mer s’est retirée ». Conclusion : c’est grâce au mérite de Yossef fuyant devant la faute que la Mer Rouge s’est ouverte devant les enfants d’Israël.
En réalité, on retrouve explicitement cette idée dans les « Tikouné Zohar », lorsqu’il est dit que si Yossef n’avait pas tenu bon face à cette épreuve, les enfants d’Israël seraient morts noyés [certes, la question se pose alors de comprendre le sens de la promesse faite par l’Éternel à Avraham Avinou, mais on peut y répondre de différentes manières].
3. Le mérite de Yossef fut donc bien d’avoir résisté à commettre une faute alors qu’il était encore jeune, loin de ses parents, seul et sans aucun soutien. Or, d’après les textes de nos Maîtres, Yossef savait pertinemment que s’il ne fléchissait pas, il encourrait la prison à vie – et c’est effectivement ce qui se produisit, puisque Yossef fut enfermé pendant douze ans, ce qui constitue déjà une lourde peine. Il savait en effet que rien ne permettait de prévoir qu’il pourrait un jour en sortir et que, par conséquent, résister à cette faute impliquait en toute logique qu’il finisse sa vie, seul, dans un cachot.
En revanche, s’il se laissait aller, personne en dehors de la femme de Potifar et de lui-même n’en auraient été informés ; Yossef aurait ainsi pu continuer à vivre confortablement et conserver son titre d’administrateur principal de la fortune d’un ministre de la cour. Mais, en vertu de la crainte qu’il éprouvait envers Hachem, Yossef s’abstint de commettre cette faute, et c’est tout le peuple d’Israël qui, grâce à son geste, fut sauvé lors de l’ouverture de la Mer Rouge.