À la fin du mois de Tamouz 5775 (2015) se fiança une jeune fille de mon quartier avec un Ba’hour discret et sérieux. La Kala venait d’une famille ayant traversé des turbulences dans plusieurs domaines et le ‘Hatan avait perdu ses deux parents – que D.ieu préserve – l’année précédant son mariage. Toute personne ayant assisté aux fiançailles s’émerveilla de la noblesse et de la grâce qui émanaient du visage des fiancés et ressentit l’envie de participer et de les soutenir financièrement dans cette merveilleuse étape de leur vie.
Un jeune homme extra, une jeune fille pieuse, si tout semblait parfait, le financement de la fête n’y était pas…
Je ne sais par quel mérite, mais la providence Divine, génératrice de toutes les circonstances, décida de me missionner pour agir en faveur de cette cause sainte…
Voici l’histoire :
Un ou deux jours après les fiançailles, une donatrice du Collel m’appela pour discuter. Au cours de notre échange, nous passâmes d’un sujet à l’autre et nous nous attardâmes sur le fait que ses enfants prenaient de l’âge et qu’ils ne trouvaient toujours pas leur âme sœur. J’ai soudain émis l’hypothèse que ces difficultés étaient volontairement initiées du Ciel, et qu’il fallait par conséquent réagir fortement pour éveiller la miséricorde Divine. La compassion maternelle de cette maman pour ses enfants se raviva, aussi elle me demanda : « Que penses-tu qu’il faut faire ? »
Voyant qu’elle désirait accomplir un acte pour « bousculer » le décret Céleste, il me vint tout d’un coup une idée. Je lui demandai : « Souhaites-tu réellement qu’Hakadoch Baroukh Hou se préoccupe ‘personnellement’ du destin de tes enfants ? »
« Bien sûr ! » me répondit-elle.
« Alors, il t’incombe également de te préoccuper des Siens. Tu seras en mesure, alors, de Le solliciter pour qu’Il s’occupe de tes propres enfants ! » lui répondis-je. Étonnée, elle me demanda : « Ça veut dire quoi ‘se préoccuper des enfants d’Hachem’ ? »
Je lui racontai alors que je connaissais une jeune fille sur le point de se marier avec un jeune homme orphelin de père et de mère, ces derniers ne disposant de rien pour leur mariage… Je lui proposai donc de prendre en charge tous les frais du mariage, incluant traiteur, orchestre, photographe, décoration florale, habits et une partie du mobilier pour que le jeune couple puisse démarrer – exactement comme si cet orphelin était son propre fils… Je savais que cette démarche était loin d’être évidente, mais j’étais convaincu que concernant celui qui s’efforce au-delà de ses possibilités pour les enfants d’Hachem, Hakadoch Baroukh Hou écarte tous les accusateurs et les décrets qui entravent la bénédiction, et bénit celui-ci de tout ce dont il a besoin !
À ma grande surprise, elle accepta immédiatement ! Après un calcul précis avec le Rav qui gérait les affaires du Ba’hour, les frais totaux du mariage s’élevaient à 5 000 euros ! Une somme loin d’être insignifiante.
Je me souviens être venu avec cette somme en espèces, répartie dans plusieurs enveloppes, pour les remettre le soir des noces aux divers prestataires – du traiteur jusqu’aux décorations, etc. Il est important de préciser que la donatrice prit à cœur cette sainte initiative et me pria de me tenir sous la ‘Houpa et d’enregistrer en direct le déroulement des bénédictions nuptiales, de manière à ce qu’elle puisse les écouter, sur son lieu de travail, de l’autre côté du monde.
Le mariage se déroula merveilleusement, Baroukh Hachem, et nous attendîmes que la Brakha se déverse sur la famille des donateurs. Quelques mois passèrent, mais toujours rien de nouveau. Le mois de Chvat arriva et ma promesse « d’avant Roch Hachana » se faisait attendre, qu’allais-je bien pouvoir leur dire…
Le mardi 3 Adar de cette année (5766), la donatrice et son mari se rendirent en Israël. Dans leur programme, ils prévirent de pèleriner la tombe de mon père zatsal. Pour cela, ils convinrent avec moi de nous rencontrer rue Yaffo, à Jérusalem, afin que nous allions ensemble au cimetière de Har Haménou’hot, conscients que chercher une tombe dans cet immense cimetière n’était pas une mince affaire…
Arrivés à l’entrée de la parcelle où est enterré mon père zatsal, un sentiment particulier m’enveloppa, une sorte d’éclairement spirituel venu du Ciel. Je m’approchai du couple et leur demandai : « Vous souhaitez sortir gagnants du pèlerinage sur la tombe de mon père ? »
Les deux me regardèrent d’un air étonné : « Nous ne comprenons pas ta question ! »
Je leur demandai à nouveau : « Vous souhaitez que votre prière sur la tombe soit exaucée ? »
« Évidemment ! Pourquoi sommes-nous venus jusqu’ici, si ce n’est pour cette raison ?! » me répondirent-ils spontanément.
En entendant leur détermination, je continuai : « S’il en est ainsi, voici ce que je suggère de faire, et D.ieu sera avec vous – ne formulez que ces deux demandes :
1) Mériter de pouvoir marier un enfant avant Roch Hachana.
2) Mériter de déloger la télévision de la salle à manger ! »
J’insistai sur le fait qu’ils ne demandent ni plus ni moins que ces deux prières.
Je vis leur visage troublé et insistai : « Êtes-vous d’accord ? »
« Oui, nous sommes d’accord, nous ferons comme tu as dit ! » répondirent-ils dans un souffle.
Je les priai toutefois d’attendre à l’entrée de la parcelle, car je souhaitais me recueillir seul sur la tombe de mon père.
Je m’avançai jusqu’à la rangée où se trouvait mon père et me dressait devant sa tombe, les yeux larmoyants. Je lui racontai qu’à l’entrée de la parcelle se trouvait un couple qui avait grandement participé à la réussite du Collel, pendant de nombreuses années, et qu’il était de notre devoir de leur exprimer notre reconnaissance, comme mon père me l’a toujours enseigné de son vivant.
Je poursuivis : « Papa, ils vont venir et se dresser devant ton tombeau dans quelques instants, et ils te formuleront deux demandes, ni plus ni moins ! Je t’implore, donne-moi un signe de ta demeure Céleste, que tout ce que j’ai fait pour fonder le Collel et le diriger, et tout ce que j’ai enduré et supporté pour lui, je l’ai fait en stricte conformité avec les règles de vérité et de droiture, et l’accomplissement de ces deux demandes seront pour moi des signes que la vérité est ainsi… »
Lorsque j’achevai cette prière émouvante, je rejoignis le couple qui m’attendait hors du carré et leur fit signe d’y pénétrer pour y prier. Ils s’approchèrent de la tombe tandis que je sortis les attendre jusqu’à ce qu’ils finissent. Je ne leur racontai rien de ce que j’avais demandé sur la tombe, car je souhaitais garder ce secret pour moi. Rappelons que cette anecdote se passa au début du mois d’Adar Beth.
Au sortir du cimetière, chacun rentra chez soi. Depuis ce jour, cependant, une inquiétude particulière m’habitait, celle de découvrir si j’avais été à la hauteur de revendiquer ce que je prétendais ou si ce n’était pas le cas… Je savais que même si l’une des deux demandes se réalisait, sans la seconde, cela serait un signe que ma prière n’avait point été exaucée, car ma demande portait sur deux choses, et à mes yeux, c’était deux ou rien…
La nouvelle ne tarda pas !
Vendredi 15 Adar Beth, Chouchan Pourim 5766, la femme me téléphona pour m’annoncer les fiançailles de son fils. Ma joie était grande de constater combien la bonté de D.ieu était infinie, car moins de deux semaines s’étaient écoulées depuis notre rencontre… Le mariage fut fixé au 19 Av 5766, soit avant Roch Hachana, comme on l’avait demandé.
La deuxième nouvelle arriva au courant du mois de Iyar, deux mois après notre rendez-vous du cimetière. La donatrice m’annonça que le poste de télévision avait été débarrassé de leur maison, avec l’aide de D.ieu, et qu’après des dizaines d’années de vains efforts, ils étaient enfin parvenus à passer à l’acte.
Combien cette histoire me renforça ! Combien de forces y puisai-je !
Hakadoch Baroukh Hou nous montre au travers de ce récit comment Il supervise tous les actes des créatures, et que derrière les difficultés auxquelles chacun d’entre nous se trouve confronté, derrière les nombreux obstacles souvent accompagnés de larmes et de désespoir, derrière une forme d’obscurité dans laquelle on ressent le sentiment d’avoir perdu le chemin de la lumière et de la clarté se cache Hakadoch Baroukh Hou qui nous surveille. Il nous fait parfois un clin d’œil lorsqu’on L’implore avec sincérité et humilité.
Il s’agit peut-être de l’explication du verset (Téhilim 145,18) : « D.ieu est proche de ceux qui L’implorent, ceux qui Le supplient avec vérité », qui signifie qu’Hachem se manifeste de manière palpable lorsqu’on revendique un signe de l’authenticité et de la véracité de notre démarche.