Hachem a donné la Torah et les mitsvot afin de purifier les créatures. L’objectif de cet inestimable cadeau est de nous raffiner, de nous améliorer.

Rav Israël Salanter disait qu’il est plus facile d’apprendre sept fois le Talmud que de changer un seul trait de caractère.

La Torah de celui qui étudie sans chercher à améliorer ses midoth (traits de caractère) est comparable à une boucle de nez qui se trouverait sur le groin d’un porc…

Le ‘hessed ne se fait pas forcément avec de l’argent. Il est parfois difficile de recevoir, car on se sent alors redevable envers son bienfaiteur. Lorsque nous donnons à autrui, essayons donc de le faire en lui évitant ce sentiment de gêne. Voici, à ce propos, une histoire :

A l’approche de Chabbath, un homme se trouvait en pleine forêt. Il s’était perdu et se demandait où il passerait Chabbath, lorsqu’il aperçu, au loin, une habitation. En s’y approchant, il vit -à sa grande joie- qu’une mézouza était posée près de la porte. Il tapa à la porte et demanda au propriétaire de la maison s’il pouvait le recevoir pour Chabbath. Mais, à son grand étonnement, au lieu de le faire entrer, l’homme se mit à lui poser des questions embarrassantes, telles que : « Alors vous allez prendre les trois repas de Chabbat chez nous ?! Et quand est-ce que vous repartez ? » ; et il lui demanda même une importante somme d’argent en échange de la chambre qu’il lui ‘‘offrit’’ pour quelques heures !!

L’homme qui s’était perdu comprit ainsi que, s’il voulait passer Chabbath chez cet ‘’hôte’’, il devait aider à préparer les repas et donner la somme d’argent qui lui était demandée.

Inutile de préciser qu’après avoir dépensé autant d’argent, l’invité ne se gêna pas pour manger à son aise !! Il se resservit à plusieurs reprises de la nourriture, parmi les nombreux plats qui lui furent proposés.

Lorsqu’il s’apprêta à quitter son ‘‘hôte’’, celui-ci lui dit qu’il avait l’habitude, lorsque ses invités repartaient, de leur donner un cadeau pour qu’ils se rappellent de lui. Et il lui tendit une enveloppe.

L’invité refusa tout d’abord de la prendre, disant à son hôte que, même sans ce rappel,  il se souviendrait de lui (comment aurait-il pu oublier un hôte si ‘‘mémorable’’ ?!). Mais finalement, il l’accepta ; et -après l’avoir ouverte- s’aperçut qu’elle contenait… la somme d’argent qu’il avait donné au propriétaire de la maison pour qu’il accepte de l’héberger !

‘‘Pourquoi m’a-t-il rendu l’argent que je lui ai donné ?’’ se demandait-il.

L’hôte expliqua alors à son invité le comportement qu’il avait eu envers lui : il lui avait réclamé de l’argent dans le seul but de pouvoir lui faire du bien. Car si l’invité n’avait rien payé, aurait-il osé manger à sa faim comme il l’avait fait ? Ne se serait-il pas plutôt senti terriblement gêné de recevoir autant de bontés sans ne rien donner en retour ? Le fait d’avoir payé donnait à l’invité l’impression qu’il n’était pas redevable à son hôte ; et il pouvait ainsi vraiment profiter de tout ce que celui-ci désirait lui offrir.   

A présent, voici deux histoires qui rappellent l’importance de juger autrui favorablement :

1)     Alors qu’il se trouvait à une soirée de mariage, le Ktav Sofer annonça aux invités qu’il avait une surprise pour eux : il leur montra un ma’hatsit hashékel qui datait de l’époque du second Beth Hamikdash et fit circuler la pièce de monnaie dans la salle, pour leur permettre de la voir de plus près.

Mais, au moment où il voulut récupérer la pièce, celle-ci avait disparue ! Et, comme aucun invité ne venait la lui ramener, il fut décidé que -faute d’autre solution pour pouvoir la récupérer- chacun devait fouiller les poches d’un des convives pour voir si la fameuse pièce y était dissimulée…

Cependant, avant que cette recherche ne commence, un Rav se leva et demanda à l’assemblée de patienter encore un quart d’heure. Le délai écoulé, la pièce n’avait toujours pas été retrouvée.

Le même Rav réitéra alors sa demande et l’assemblée était sur le point d’attendre un quart d’heure supplémentaire avant d’entamer les fouilles, lorsqu’au bout de quelques minutes, un serveur entra dans la salle avec -en main- la pièce si recherchée ! Elle avait été débarrassée par erreur et n’était donc en la possession d’aucun des convives ; c’est pourquoi personne -parmi eux- ne l’avait rendue au propriétaire.

Mais -chose encore plus surprenante- le Rav qui avait demandé qu’on patiente avant d’entamer les recherches sortit alors de sa poche… une pièceidentique à celle qui venait d’être rendue au Ktav Sofer !

En vérité, il avait lui aussi amené un ma’hatsit hashékel datant de l’époque du second Beth Hamikdash ; mais, ne voulant pas gâcher la joie du Rav qui voulait montrer cette pièce de monnaie rare et précieuse aux invités, il avait gardé la sienne en poche. Si on avait fouillé ses poches et qu’on en avait sorti la pièce, qui aurait cru qu’il s’agissait de la sienne, et non de celle du Ktav Sofer ?

2)     Un mariage luxueux fut célébré à Yéroushalayim. Les invités qui connaissaient la famille du marié savaient qu’elle avait souvent besoin d’aide financière ; et ils étaient donc très étonnés de voir ces gens dépenser autant d’argent à l’occasion de ce mariage…

Lorsque les Chéva Bérakhot eurent lieu dans ce même hôtel -en présence de plus d’une centaine de personnes- certains commencèrent à parler contre cette famille, qui faisait appel à la charité et se permettait -par ailleurs- d’engager des dépenses aussi considérables pour le mariage de leur fils…

Lorsque de tels propos arrivèrent aux oreilles du Rabbin de la Communauté, celui-ci se sentit obligé de dire aux gens la vérité :

Quelques temps avant le mariage, le père du marié partit en quête d’une salle dans laquelle  pourrait avoir lieu le mariage de son fils. Il ne savait pas ce que coûtait la location d’une salle d’hôtel en vue de la réalisation d’un mariage, et entra donc dans le premier hôtel qui se trouvait sur son chemin (celui dans lequel avait eu lieu le fameux mariage).

Lorsqu’il se renseigna sur les tarifs, la personne à laquelle il s’adressa lui posa quelques questions sur son identité, avant… d’éclater en sanglots !

Elle expliqua ensuite sa réaction à l’homme, qui ne comprenait pas la raison de ses larmes : « Votre père est celui qui -avant la Seconde Guerre mondiale- nous a aidé à fuir l’Allemagne, et nous a donc permis d’être en vie aujourd’hui. J’insiste pour que le mariage de votre fils ait lieu dans cet hôtel, à mes frais ».

C’est ainsi que ces gens, apparemment démunis, purent offrir à leur fils un mariage aussi luxueux.

Pour savoir donner, il ne suffit pas de répondre à des sollicitations ; il faut parfois imaginer une stratégie pour que celui auquel on donne puisse recevoir. Cela prouvera notre conscience de son besoin et notre envie de l’aider.

Le fait de juger favorablement autrui est l’expression d’un amour profond envers lui : on VEUT le voir grand ; on ne cherche pas à exister à ses dépends, à ‘‘se grandir’’ en le rabaissant.

L’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot est nécessaire ; mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi que nous devenions meilleurs à travers cela.

Il ne nous est pas demandé de faire ‘‘de la religion’’, mais de réaliser ce qu’Hachem attend de nous : d’être à l’écoute de Sa parole et de progresser tout le temps, dans tous les domaines et en particulier dans ce qui concerne la relation à autrui.

Le premier Beth Hamikdash a été reconstruit au bout de 70 ans, alors qu’il a -pourtant- été détruit en raison de fautes gravissimes (idolâtrie, adultère et meurtre). A l’époque du Second Beth Hamikdash, par contre, les gens étudiaient la Torah et accomplissaient les mitsvot. Mais ils ne s’aimaient pas entre eux. Ils ne priaient pas pour la réussite d’autrui ; ils se réjouissaient de son échec. Ils ne cherchaient pas à donner mais surtout à prendre. Ils étaient entrés dans la société des Droits de l’Homme, alors que la Torah nous enseigne les devoirs de l’être humain.

Il y a, selon le Gaon de Vilna, une autre différence entre la période du premier Beth Hamikdash et celle du second :

A   l’époque du premier Temple, les gens savaient qu’ils avaient fauté, et ils étaient donc en mesure de corriger leurs erreurs. Mais à la période du second Beth Hamikdash, les fautes étaient invisibles aux yeux des personnes qui les commettaient, puisqu’elles trouvaient toujours de quoi les ‘‘justifier’’ ; et, dans une telle situation, comment envisager une quelconque téchouva ?

Nous devons réparer ce qui a engendré la destruction du second Temple. C’est un travail difficile et profond, mais il nous est demandé au quotidien.

Les Maîtres de la Kabbale expliquent que les portes du chant sont juste à côté de celles de la téchouva.

La téchouva nécessite une prise de conscience des domaines dans lesquels on doit s’améliorer. Elle doit être faite béssim’ha (dans la joie) et sans sentiment de culpabilité.

Dans la téfila d’Arvith, nous demandons à Hachem d’écarter le Satane qui est devant nous et celui qui est derrière nous. 

Le Satane qui est derrière nous, c’est celui qui, lorsque nous avons échoué, essaye de construire en nous un sentiment de culpabilité pour nous empêcher d’avancer.

Il faut le contrecarrer à travers la joie de réaliser que nous ne sommes pas parfaits ; de découvrir qu’il y a des choses que nous devons améliorer en nous, et qui sont autant d’opportunités de continuer à grandir.

A nous de décider de ne plus être les enfants de notre passé, mais plutôt les parents de notre futur !

 * Paroles prononcées par le Rav Elie Lemmel à la soirée Torah-Box "Koumzits" du 15 Mai 2012 au Casino de Paris

* Retranscription par : Mme Léa Marciano