« Vous prendrez, le premier jour, du fruit de l’arbre Hadar, des branches de palmier », nous apprend la Torah au sujet de Souccot. ’Hazal demandent : pourquoi est-il question du « premier jour », alors que cette fête tombe le quinze du mois ?
Et de répondre qu’il s’agit du premier jour concernant le compte des fautes, car après Yom Kippour, nous sommes tous lavés de tout péché. À cet égard, le premier jour de Souccot est aussi celui d’une page blanche dans le domaine des fautes. Mais qu’en est-il des jours entre Yom Kippour et Souccot ? Du fait que l’homme est alors occupé à construire sa Soucca et à se procurer les Arba’at Haminim, il ne peut se rendre coupable de transgressions, expliquent-ils. Ce n’est qu’à Souccot qu’il retrouve une certaine tranquillité, que le Yétser Hara’ peut mettre à contribution pour le faire trébucher.
En approfondissant davantage, on peut ici découvrir des notions-clés concernant le « compte » des fautes. « Sache devant Qui tu seras amené à rendre des comptes [litt. être jugé (Din) et rendre compte (’Hechbon)] », nous engagent ’Hazal. Mais quelle est la nuance entre ces deux concepts ? Rendre des comptes, n’est-ce pas être jugé ? Le Din, expliquent-ils, porte sur les péchés de l’homme et leurs causes. Pourquoi l’homme a-t-il fauté ? Pourquoi ne s’est-il pas comporté convenablement ? Le ’Hechbon, en revanche, renvoie à ce qu’il aurait pu réaliser s’il n’avait pas fauté : quelle Mitsva aurait-il pu accomplir le cas échéant ?
Au cours de Yom Kippour, jour éminemment élevé, Hachem juge les fautes et péchés, interpellant l’homme : « Pourquoi as-tu fauté ? Pourquoi n’as-tu pas bien agi ? » Peu après l’issue de ce jour redoutable arrive la fête de Souccot, jour « des comptes » par essence. Ainsi, à la suite du jugement de Yom Kippour, on se penche sur le compte des Mitsvot, on observe de quelle manière l’homme met à contribution son temps libre pour « rectifier le tir ».
De ce fait, Hachem nous a gratifiés des jours intermédiaires entre ces deux fêtes, afin d’y accomplir un maximum de Mitsvot : la Soucca, les quatre espèces, etc. On suit de très près la façon dont on exploite notre temps, puis, à la fin du mois de Tichri vient la nuit fatidique d’Hochana Rabba, où les décrets sont promulgués.
On comprend à présent l’importance des Mitsvot liées à Souccot, qu’il faut s’efforcer de réaliser de la manière la plus sublime, dans l’esprit du verset « C’est mon D.ieu et je veux L’embellir », par exemple, en utilisant de la belle vaisselle dans la Soucca, en achetant l’Éthrog le plus parfait possible, etc. Le but étant de chérir les Mitsvot et de se réjouir en les accomplissant, afin que ce bilan suivant le jugement de Yom Kippour soit nettement positif.
Ne nous relâchons donc pas en cette période, en croyant que la légèreté et le laisser-aller sont de mise – on a en effet tendance, après toute l’élévation des Yamim Noraïm, à faiblir –, ce qui est faux. Au contraire, tant que les décrets n’ont pas encore été scellés, jusqu’à Hochana Rabba, tout reste ouvert et, à travers le ’Hechbon, on peut tant atténuer le Din que – à D.ieu ne plaise – le durcir.
Il nous incombe donc de nous dévouer et d’accomplir scrupuleusement chaque Mitsva, petite ou grande. En retour, Hachem nous gratifiera de Ses bienfaits, d’une lumière nouvelle, d’une assistance du Ciel exceptionnelle, d’une réussite accrue et d’une année marquée d’une vraie bénédiction.