Adar est une période de Sim’ha, de joie, découlant de notre relation à Hachem et à notre prochain. Nous devons aspirer à insuffler plus de joie dans nos existences, en approfondissant notre relation à Hachem et à autrui. Nous sommes doublement bénis cette année avec deux mois d’Adar.
Cette année m’a donné plus de temps pour préparer ma croisade contre les adolescents et la consommation d’alcool. En ce mois d’Adar II, je vous donne le meilleur de moi-même. Ce n’est pas une dose d’alcool. C’est une dose de réalité et un plaidoyer sincère pour recadrer notre attitude sur la consommation d’alcool à Pourim.
Le judaïsme a une relation complexe à l’alcool. Nous, les Juifs, commençons à boire jeunes, vraiment jeunes. Il y a le vin bu à la Brit-Mila lorsque le bébé n’a que huit jours. Puis il y a le vin lors du Pidyone Haben (rachat du premier-né). Les deux gorgées lors de la ‘Houppa, le mariage. Le point central de notre semaine est le repas de Chabbath du vendredi soir lorsqu’un papa typique ou un homme au-dessus de l’âge de la Bar-Mitsva récite le Kiddouch en buvant du vin. La Havdala, le Kiddouch du Yom Tov. Les célèbres 4 coupes de vin le soir du Séder de Pessa'h.
Y a-t-il une fête juive sans que l’on prenne un verre de Schnaps et que l'on s’exclame : « Lé’haïm ! »
Aucune synagogue ou Yéchiva ne souhaite que ses membres ou ses élèves deviennent alcooliques. Mais soyons honnêtes. De nombreuses synagogues et autres créent une vie sociale autour de l’alcool et pour être dans le coup, il faut y participer. Pensez au club de Kiddouch où des hommes, à un moment donné pendant la lecture de la Torah et certainement avant le discours du Rav, quittent la synagogue et se préparent leur propre réunion d’alcool et de nourriture.
Notre Torah est remplie de références au vin, alors de toute évidence, le vin est important et joue un rôle majeur dans le judaïsme. Le Livre des Juges décrit le vin comme « apportant la joie à D.ieu et à l’homme. » Chaque sacrifice apporté au Mikdach, au Temple, était accompagné par une libation de vin.
De même, il y a des passages dans notre Torah où la consommation de vin a été mal gérée - ou disons plus exactement, abusée. La Torah n’aseptise pas ces moments et leurs conséquences. Noa’h a été déconsidéré par une consommation excessive de vin. Les faux pas des fils d’Aharon ont été en partie dus à une intoxication (d’alcool). Et ce ne sont que deux exemples.
Puis il y a Pourim. Ce jour a une mauvaise réputation en raison de la consommation d’alcool. N’oublions pas Sim’hat Torah. Une infirmière travaillant aux urgences m’a dit un jour qu’elle et ses collègues nomment ce jour « Le Halloween des Juifs. »
Hum…
Alors comment considérer le vin et l’alcool - sont-ils des héros ou des vilains ?
Comme pour tout dans la vie, l’équilibre est une bonne chose. L’alcool, lorsqu’il est bu de manière appropriée, peut améliorer notre spiritualité. De même, lorsqu’il est traité de manière inappropriée, il peut engendrer un ‘Hiloul Hachem, une profanation du Nom divin, que D.ieu préserve.
Les Kohanim n’étaient pas autorisés à servir dans le Beth Hamikdach s’ils étaient en état d’ivresse. Nous avons l’interdiction de prier si nous sommes saouls. Un Kohen n’a pas le droit de monter sur l’estrade pour bénir le peuple s’il a bu un seul verre de vin.
L’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal au jardin d’Eden, selon un avis, est à la fois « bien et mal ». Lorsqu’il est utilisé à bon escient, son potentiel pour le bien est infini. De la même manière, s’il n’est pas employé à bon escient, les conséquences négatives sont de la même proportion. Il incombe à chacun d’entre nous de choisir. Nous choisirons, nous l’espérons, de faire un Kiddouch Hachem, une sanctification du Nom.
Une partie de notre choix doit inclure l’interdiction à nos adolescents de boire même une goutte de liqueur. Il faut refuser aux adolescents, sans compromis, la consommation d’alcool. Les adolescents ne doivent jamais avoir le choix de boire. Boire de l’alcool est dangereux. Il tue. Les adolescents qui conduisent ont 17 fois plus de chance de mourir dans un accident de voiture lorsqu’ils ont un taux d’alcool de 0,8% (la limite légale) dans le sang que lorsqu’ils n’ont rien bu. Une dose de whisky ou une bière sont suffisantes pour élever le niveau d’alcool.
Le pourcentage d’adolescents au lycée qui consomment de l’alcool et boivent a heureusement diminué de plus de 50% depuis 1991. Mais il reste encore beaucoup à faire. En 2011, près d’un million d’adolescents ont bu de l’alcool puis ont pris la voiture. La consommation d’alcool augmente les chances de toute personne d’être blessée à la fois à la maison et en-dehors. D’après certaines statistiques, l’alcool est un facteur dans 40% des accidents d’autoroute, des suicides, des chutes fatales, dans 60 % des attaques à caractère sexuel et des lésions traumatiques et dans 60 % d’incendies mortels, de noyades et d’homicides.
De plus, vous avez certainement lu que la consommation d’alcool est responsable de problèmes de santé comme des maladies du foie ou de cirrhose du foie, des atteintes au cerveau ou la démence, l’hypertension artérielle, un rythme cardiaque irrégulier et le cancer.
Il est triste de constater que les adolescents connaissent les noms et valeurs des divers malts et l’âge des whiskys, et dans quel type de fût le whisky a été vieilli. Il était autrefois courant d’apporter une bouteille de vin comme cadeau pour un repas de Chabbath. Aujourd’hui, un whisky « de qualité supérieure » est le cadeau typique. Qu’est-il advenu des délicatesses faites maison ?
Nous avons beaucoup d’informations ici. Que sommes-nous censés faire ?
Les parents doivent être impliqués dans la vie de leurs enfants et protéger leurs jeunes conducteurs. J’enjoins les parents à créer un accord parents-adolescents qui stipule, entre autres, l’interdiction de conduire un véhicule après avoir bu une goutte d’alcool. Des recherches ont indiqué que lorsque des parents établissent et mettent en place des règles liées à la conduite, les nouveaux conducteurs ont des taux plus bas de conduite risquée, d’infractions routières et d’accidents de la route.
A cet effet, les parents doivent jouer leur rôle et fixer des règles. Elles seront discutées et expliquées aux enfants, qui, à leur tour, répéteront ces règles aux parents. Elles seront appliquées et respectées par toutes les parties. Votre enfant n’aime peut-être pas ces règles, et c’est sa prérogative. Mais il relève de son obligation de les suivre.
Nous avons observé des écoles et des synagogues instaurer des règles sur la consommation d’alcool, mais les changements ne sont pas évidents. Certaines règles sont respectées. Un grand nombre d’entre elles ne le sont pas, malheureusement. Les enseignants et les rabbins peuvent boire chez eux à la maison, leur « propriété privée. » Certains Juifs louent des salles privées et invitent des convives et des mineurs consomment toutes sortes d’alcool. Nous n’avons malheureusement aucun contrôle sur ce genre de cas.
Il doit y avoir un appel à l’action, et je pense qu’un groupe démographique parmi nous peut exercer une influence positive sur le changement.
Les mères juives. Nos épouses, nos mères, nos filles, nos sœurs. Les femmes juives dans notre vie. Elles ont le pouvoir de rétablir une forme d’équilibre.
Dans le Livre de Chemouël, Eli Hakohen est assis à l’entrée de l’Ohel Moèd, la Tente d’assignation. ‘Hanna, femme stérile et désespérée d’avoir un enfant, passe devant le « gardien » et commence à déverser son cœur vers Hachem. ‘Hanna passe devant le Grand-Prêtre qui pense par erreur qu’elle est saoule, alors qu’en réalité, elle a inondé les Portes du Ciel par sa prière sincère.
Plus tard, elle apporte son fils Chemouël à Eli, car elle a fait le vœu que si elle est bénie d’un enfant, elle l’élèvera pour devenir un serviteur de D.ieu. Le Prophète indique qu’elle apporta Chemouël avec un manteau ou une veste. Ce manteau est mentionné ensuite lorsque Chaoul, au chapitre 28, fait appel à la sagesse de Hachem dans sa bataille contre les Plichtim, les Philistins. Il consulte une nécromancienne d’Endor qui prétend voir le fantôme de Chemouël se lever parmi les morts. Il est écrit que Chemouël porte le même manteau que sa mère ‘Hanna lui avait donné lorsqu’elle l’avait conduit au Michkan, au sanctuaire.
Le Rav Pelcovitz explique que le manteau fait référence à l’influence de sa mère. Tout ce que Chemouël a accompli tout au long de sa vie et au-delà est dû à l’influence durable de sa mère.
Un grand nombre de mères juives - et de pères - prient intensément pour leurs enfants. Nous voulons que nos enfants deviennent des adultes fonctionnels qui donnent d’eux-mêmes à la société et perpétuent nos traditions, ce qui inclut également le fait d’être de bons maris et pères. Nous, les hommes, pouvons faire beaucoup pour aider, en commençant par notre propre conduite et notre soutien à nos épouses.
J’enjoins les mères juives à passer à l’action. Collaborez et présentez une demande aux enseignants et Raché Yéchivot de vos fils, aux rabbins des synagogues, pour mettre l’alcool à la porte. Lorsque vos maris verront que vous êtes sérieuses, ils seront à vos côtés. Et s’ils ne le sont pas, sachez que vous agissez pour le bien de votre fils et de tous nos fils, et au final, pour tout le Klal Israël.
Et comme toujours, priez.
Hylton I. Lightman