S’arracher de la Grèce, c’est précisément passer d’un destin tragique où l’on ne comprend rien à la signification de son existence à celle où la lumière de l’enseignement des Sages d’Israël donne un sens limpide aussi bien à la joie qu’à la souffrance.
Durant les huit jours de ‘Hanouka, il est interdit de jeûner ou de prononcer un éloge funèbre.
Si aucun travail n’est prohibé, toutefois l’usage s’est répandu de ne pas travailler au moins pendant la demi-heure où brûlent les bougies à partir de la tombée de la nuit. En particulier les femmes s’abstiendront de s’adonner aux travaux ménagers pendant ce moment sacré.
‘Hanouka ou l’éloge de la femme juive
La fête des lumières est l’occasion pour les hommes de louer leurs épouses. De façon récurrente dans l’Histoire, les femmes ont montré une résistance aux persécutions religieuses par des actes de courage et de dévouement qui font la fierté de la gente féminine juive.
C’est le sens même de la lumière, première création de D.ieu, avant toute séparation entre le masculin et le féminin. À ‘Hanouka, les femmes dévoilent une relation au divin qui excède leur féminité. La dimension du Or (lumière) induit une relation avec l’origine dont l’intensité efface tout antagonisme et tout conflit. On fera donc des cadeaux à son épouse et on exprimera sa reconnaissance pour ses tâches quotidiennes dans le foyer. L’une des explications possibles de la coutume qui fait chômer les femmes durant l’illumination des bougies serait la volonté de valoriser leurs efforts journaliers aux yeux des époux.
Bien que la célébration de ‘Hanouka ne comporte pas comme à Pourim l’injonction d’un repas obligatoire, on a pourtant pris l’habitude depuis des temps très anciens d’accompagner la joie des lumières par des festins.
Enseigner aux enfants l’altruisme
Le mot ‘Hanouka a pour étymologie ‘Hinoukh (éducation). Cette période de l'année est en effet propice au rapprochement des cœurs et à la paix des familles. On a pour habitude d’offrir aux enfants de petites sommes d’argent ainsi que des toupies où sont gravées les lettres symboliques נ ,ג ,ה ,פ (pour : Ness Gadol Haya Po : Un grand miracle a eu lieu là).
C’est donc la dimension poétique du miraculeux qu’il est essentiel d’enseigner aux enfants. Celle où la crispation des intérêts particuliers, le chacun pour soi, l’égoïsme, fut-il spirituel, doivent être dénoncés comme racine du mal. L’altruisme, l’inspiration et l’aspiration au merveilleux constituent, contrairement aux idées reçues, l’une des garanties les plus puissantes à l’élévation morale, à la grandeur d’âme des jeunes et moins jeunes.
Une tradition talmudique stipule qu’aux trois grandes fêtes bibliques que sont Pessa’h, Chavou’ot et Souccot, correspondent trois autres fixées par les Sages. Pourim, qui est aussi une réception de la Torah, renvoie à Chavou’ot. Pessa’h est le prélude de la grande fête qu’établiront les Sages et qui brillera à la fin des temps lors de la délivrance universelle. Souccot se prolonge dans ‘Hanouka du fait de la protection surnaturelle que D.ieu prodigue à Son peuple durant les pérégrinations de l’Histoire, doublée d’une protection spirituelle se manifestant par la préservation de la pensée juive face à la pensée grecque.
S’arracher de la Grèce
Ainsi, le travail intérieur que chacun se devra d’accomplir durant ces huit précieuses journées de ‘Hanouka tourne essentiellement autour de l’idée de la Hachga’ha Pratit (Providence individuelle). Traduire son existence en providence consiste à donner du sens spirituel aux événements de notre existence et à briser l'attitude tragique où la vie est ballottée au gré du caprice des événements extérieurs.
S’arracher de la Grèce, c’est précisément passer d’un destin tragique où l’on ne comprend rien à la signification de son existence à celle où la lumière de l’enseignement des Sages d’Israël donne un sens limpide aussi bien à la joie qu’à la souffrance. L’une des raisons pour lesquelles la tradition veut que l’on place la ‘Hanoukia face à la Mézouza est pour signifier le caractère protecteur et providentiel de la lumière des bougies de ‘Hanouka.