Chalom Rav,
Pouvez-vous m'expliquer exactement si et pourquoi le lait non Chamour est interdit ?
Cette interdiction s'applique que dans la consommation de lait liquide et fromage, ou bien aussi tout autre aliment fait à base de lait ?
Comment reconnaître un produit avec du lait Chamour ?
Merci et Kol Touv.
Chalom Eden,
Je précise que cette réponse se veut un EXPOSE THEORIQUE de notions de Cacheroute, mais dans la pratique, il faut vérifier ce qui est réellement permis auprès de Rabbanim spécialistes de la question, qui connaissent bien le domaine des produits alimentaires avec ses innovations technologiques permanentes.
La Torah a dressé une liste de mammifères considérés comme "impurs", impropres à la consommation et le lait de leurs femelles est lui aussi interdit.
Dès lors, si on se procure du lait - sous sa forme liquide - auprès d'un non-juif, il y a lieu de craindre qu'il mélange du lait d'animaux "purs" (vache, chèvre) avec du lait d'animaux "impurs" (truie, chamelle), en général pour des motifs économiques. S'il n'y avait de crainte de mélange, le lait d'animaux impurs serait reconaissable à sa teinte caractéristique. C'est la raison pour laquelle nos Sages ont prescrit de surveiller la traite, d'où la notion de lait Chamour.
Certains décisionnaires ont permis, au cours de l'histoire et au vu des circonstances, la consommation de lait non surveillé : production excédentaire, absence d'espèces impures dans les élevages, amendes très lourdes accompagnées de la fermeture de l'établissement en cas de fraude, etc., mais cela reste exceptionnel. Cet interdit s'applique dans tout aliment dans lequel on peut utiliser du lait (glaces, gâteaux, etc.)
Quant aux produits laitiers : beurre, yaourts, fromages, le Talmud dans le traité 'Avoda Zara (35b) nous livre un enseignement de la plus haute importance : le lait des animaux impurs ne peut fermenter ! Par conséquent, si on dispose d'un produit laitier qui est passé de l'état liquide à l'état solide, cela prouve a posteriori que le lait utilisé provenait d'animaux purs.
C'est la raison pour laquelle certains décisionnaires ont tranché que le beurre n'est pas inclus dans l'interdiction du lait non surveillé. Si on peut être certain qu'il n'y a pas d'autre problème de Cacheroute (matières grasses ajoutées, émulsifiants, restes de lait non surveillé, récipients), on pourrait donc s'en procurer même s'il n'a pas été fait à partir de lait Chamour.
Certains décisionnaires assimilent la poudre de lait au beurre pour les même raisons, ce qui pousse certaines surveillances à l'utiliser en précisant toutefois : "Cachère pour ceux qui consomment de la poudre de lait non surveillé".
Les Yaourts non plus ne peuvent être réalisés autrement qu'avec du lait d'animaux purs, mais dans ce cas aussi, il faut s'assurer des autres composants, en partulier des gélifiants à base de produits animaliers.
Les Hekhchérim les plus stricts ne s'appuient néanmoins pas sur ces permissions et n'utilisent que du lait Chamour et le mettent en évidence en précisant "Micha'at Ha'haliva" (production surveillée depuis la traite).
Par contre, pour le fromage, on ne peut s'appuyer sur la preuve a posteriori, car le fromage ne peut s'obtenir, contrairement au beurre, par simple action mécanique, il faut le précipiter. Les Goyim utilisaient pour cela la cayette d'animaux abattus par leurs soins, donc sans Ché'hita, ou d'autres produits interdits. Les 'Hakhamim ont donc interdit la consommation de fromages confectionnés par les non-juifs.
Il s'agit d'une interdiction plus rigoureuse que celle du lait, une Guézéra, un décret rabbinique, que l'on ne peut annuler même si les producteurs non-juifs utilisent de la présure chimique ou végétale. C'est pourquoi les fromages doivent toujours être achetés avec surveillance.
En espérant avoir répondu à votre attente, cordialement.
Kol Touv.