A l'occasion de la lecture d'un nouveau Séfer (livre) de la Torah ce Chabbath, nous vous rapportons les paroles du Grand-Rabbin Yossef-Haim SITRUK dans le journal Hamodia :
Un célèbre adage de la tradition juive invite à entreprendre l’étude des Cinq Livres de la Torah pour un petit enfant lorsqu'il approche de l'âge de 5 ans, en commençant par le livre de Vayikra.
Or, la question qu'on peut légitimement poser est de savoir si c’était bien là la partie de notre Torah la plus attirante pour un enfant ! Est-ce la peine de le confronter à la longue série de tous ces sacrifices du Temple, avec la relative « violence » des effusions de sang des animaux apportés en offrandes ?! Cela ne risque-t-il pas de produire chez lui un effet négatif ?
Les Sages du Talmud expliquent : « Que ceux qui sont purs viennent étudier les choses pures ! » C'est là une optique plus intéressante : car dans la conscience d’un enfant, il est tout simplement fondamental de savoir que l’on peut réparer une bêtise ou une faute. Observez donc un enfant qui a été grondé par ses parents, entendez-le pleurer... Ses pleurs sont touchants, car il se sent réellement malheureux d’avoir fait une bêtise. Proposez-lui le moyen de se racheter, et vous verrez aussitôt son visage s’illuminer. Il s'avère donc possible, pense-t-il, de rattraper ses erreurs !
En fait, la Torah va indiquer à la conscience de l’enfant le principe fondamental voulant qu’il existe toujours « une 2e chance ». Or, cette expérience de la réparation pour un jeune être qui se construit est tout simplement vitale : rien - même pas l'échec - n’est irrémédiable ou définitif, tout est en mutation ! Quant à l’atmosphère du sang versé de l’animal, au lieu de traumatiser l’enfant, cela lui permet à l'inverse de mesurer que toute faute a toujours un impact très fort : le sang versé vient ici lui rappeler que, d'une certaine manière, c’est nous qui devrions être à la place de l’animal… car la vie n’est pas un jeu, mais un enjeu !
Quant aux « images de violence », consultez les bandes dessinées proposées aujourd’hui aux enfants de cet âge là : vous y verrez les visages terrifiants des pseudo-héros dessinés au fil des pages et les histoires hallucinantes dans lesquelles on les entraîne…
Un imminent pédopsychiatre m’avait dit un jour : « C’est utile pour permettre à l’enfant d’exprimer ses angoisses ». J’ai compris de là que l’angoisse de l'enfant n’est pas provoquée par le spectacle qu’il contemple, mais par son imagination qui travaille… Or dans Vayikra, on confronte l'enfant à une situation de « réalité » en lui enseignant que le but de la Torah est d'aider à le construire en tant que personne véhiculant un concept et une dimension qui s’appelle « la pureté » pour lui donner espoir en l’avenir.
Voilà pourquoi aujourd’hui, face à toutes les théories modernes, notre « vieille Torah » présente dans ce domaine un aspect tellement novateur et révolutionnaire.