Dans la paracha Ki-Tavo (28, 47), il est écrit : תַּחַת אֲשֶׁר לֹא עָבַדְתָּ אֶת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ בְּשִׂמְחָה וּבְטוּב לֵבָב מֵרבֹ כֹּל (Parce que tu n’auras pas servi l’Eternel ton D.ieu avec joie et contentement de coeur, au sein de l’abondance).
Le sentiment de joie est l’une des dispositions les plus essentielles dans notre service du Créateur. Lorsqu’un homme accomplit les mitsvot dans la joie, il prouve l’attachement et l’amour qu’il éprouve pour D.ieu. Ce sentiment survient lorsqu’on est pleinement satisfait de ce que l’on possède et du lot qui nous est imparti. En revanche, les personnes vouant leur existence aux futilités de ce monde matériel ne trouveront jamais la sérénité : la convoitise et la jalousie les empêcheront de ressentir une joie intense et profonde, car elles seront sans cesse envahies par le sentiment de manque.
Le roi Chlomo s’est déjà exprimé en ce sens en déclarant : « Qui aime l’argent n’est jamais rassasié d’argent » (Kohélet 5, 9). Hillel l’Ancien formula la même idée dans les Pirké Avot : « Celui qui accroît ses richesses accroît ses soucis ! » (2, 7). Mais quiconque comprend que ce monde-ci n’est qu’un couloir conduisant au Monde futur (ibid. 4, 16), réalisant que la vie ici-bas est un simple passage, n’éprouvera jamais la moindre jalousie envers autrui et sera continuellement heureux de ce qu’il possède.
Le fils d’un grand roi tomba un jour dans un état de profonde dépression. De nombreux médecins furent sollicités, mais aucun d’eux ne parvint à trouver un remède à son mal. Un jour, arriva un médecin venu d’une contrée fort lointaine et lorsque le malade fut soumis à son diagnostic, il déclara connaître un traitement pouvant le guérir. Celui-ci consistait à vêtir le malade avec la chemise d’un homme heureux.
Le roi envoya aussitôt ses serviteurs chez une famille très fortunée, propriétaire d’une grande chaîne d’hôtels, convaincu que ses membres étaient assurément heureux. Mais cette mission se solda par un échec, car ces personnes avouèrent ne pas connaître le bonheur, en raison de leurs affaires qui leur causaient énormément de tension et de souci. La délégation se rendit ensuite auprès de personnes plus modérément fortunée, mais à nouveau, elle n’y trouva pas le bonheur. Et ainsi de suite, les serviteurs du roi allèrent frapper à la porte de personnes à qui la vie semblait sourire, mais ils reçurent invariablement la même réponse.
Ils arrivèrent finalement chez un modeste berger, qui admit être effectivement heureux. Mais lorsqu’ils voulurent lui emprunter sa chemise, celui-ci avoua qu’il n’en possédait tout simplement pas ! D’ailleurs, ajouta-t-il, si tel avait été le cas, il n’aurait certainement pas été heureux. En effet, la charge de devoir laver et prendre soin d’une chemise lui aurait causé tant de tracas, qu’elle lui aurait ôté tout bonheur… (’Hedvat Ha’haïm).