Dans notre paracha « Choftim », la thora nous enjoint à écouter les sages, comme le dit le verset : « ne dévie pas de la parole que te diront les sages, ni à droite ni à gauche ». Le célèbre commentateur rachi rapporte l'enseignement de nos maîtres, à savoir qu'il faut faire confiance aux sages et aux maîtres de thora, même s'ils affirment sur la gauche que c'est la droite.
Ce principe constitue la base de la réussite dans le service divin. Il est appelé la émounat 'hakhamim, la foi en nos sages.
Avec l'aide de D', nous allons essayer de comprendre la raison de ce principe. En effet, pourquoi devrions-nous croire à ce que les sages nous affirment, même lorsque nous voyons clairement l'inverse ?
Na'hmanide explique que les sages et les véritables maîtres de thora sont emplis d'un souffle divin et qu'ils savent ainsi précisément la volonté du Tout-puissant. Bien qu'ils soient entièrement détachés des profits de ce monde, ils gardent un lien solide avec la réalité, et ils sont dotés de connaissances et d'une compréhension qui leur permettent de résoudre toutes les solutions.
On raconte qu'un jour de kippour, des soldats entrèrent dans la synagogue de Brisk et demandèrent à parler au rav de la ville. Celui-ci était alors le jeune rav Its'hak Zéev Solovaïtchik, plus tard connu sous le nom du Grize. Le rav était en train de réciter la prière du matin et se trouvait au milieu de la 'amida. Il ne pouvait pas s'interrompre et ne voyait même pas ce qui se passait.
Les soldats demandèrent à quelques fidèles de transmettre au rav qu'il devait venir au régiment le plus proche dès la fin de sa prière. Ils expliquèrent qu'un juif était condamné à mort et que la loi imposait de ne tuer aucun condamné tant qu'il ne s'était pas repenti accompagné de son guide religieux. [Au passage, notons la différence entre les générations...]
Lorsque le rav finit sa 'amida, on lui transmit le message. Cependant, à la stupéfaction de tous, le rav décida de ne pas se rendre à sa convocation. Plusieurs fidèles essayèrent de le persuader de changer d'avis, en lui expliquant que ce refus causerait de grands problèmes à la communauté entière. Mais le rav était ferme : il n'irait pas voir le condamné.
La prière se poursuivit par la lecture de la thora et par la prière de moussaf. C'est à ce moment-là que les soldats revinrent pour chercher le rav. Ils le trouvèrent à nouveau au milieu de la 'amida et décidèrent d'attendre qu'il finisse. Mais le rav comprit qu'ils l'attendaient et fit durer sa prière pendant plus d'une heure
Plusieurs fidèles étaient en colère et craignaient les mauvaises répercussions de cette affaire. Le rav était alors très jeune et il venait de commencer à diriger cette communauté. Nombreux étaient les fidèles qui se sentaient plus intelligents que lui. Comprenant que lerav était décidé à ne pas suivre les soldats, l'un des fidèles se dirigea vers eux et se fit passer pour le rav de la ville. Il se rendit donc aux côtés du condamné et l'aida à se repentir. Celui-ci fut exécuté...
Peu de temps après, une délégation fit irruption dans la synagogue pour savoir si le ravs'était déjà rendu chez le condamné. Celle-ci expliqua qu'il y avait eu une grave erreur et que le condamné était innocent ! C'est alors que tout le monde comprit la grandeur du rav,qui avait su quel était le comportement à suivre.
Lorsque l'on écoute les maîtres de thora, on accomplit une mitsva, et ce même si leurs directives n'ont l'air d'avoir aucun intérêt. En effet, le simple fait d'accomplir les paroles de nos sages consiste en l'accomplissement de la volonté de D'. Celui qui respecte les barrières fixées par les sages recevra les bénédictions qu'elles apportent.
La foi en nos sages doit d'être forte et ne doit pas dépendre de notre compréhension. D'ailleurs il est souvent arrivé que cette croyance ait apporté la délivrance à ceux qui en avaient besoin.
Lorsque nous prenons conscience de la grandeur de la thora et des mitsvot, nous cultivons la foi en nos maîtres. En effet, chaque action faite selon la volonté de D' sanctifie le corps et l'âme. Celui qui se retient de fauter et multiplie les mitsvot arrive donc à se purifier à tel point que la splendeur divine repose sur lui !
C'est aussi en honorant et en respectant les sages et les érudits que nous parviendrons à leur faire entièrement confiance. Ainsi, outre la mitsva d'aimer et de respecter les maîtres, nous méritons la émounat 'hakhamim, avec tous les bénéfices qui en découlent.
Il nous arrive de penser que certaines barrières et précautions de nos sages sont inutiles. Par exemple, certains ont du mal à comprendre l'interdiction du yih'oud (isolement entre un homme et une femme qui n'est pas la sienne) ou de fréquenter certains endroits etc. Cependant, ces lois sont autant désirées par D' que d'autres ! De plus, la triste réalité montre que ceux qui ne respectent pas les prescriptions de nos sages, tombent tôt ou tard dans le filet du mauvais penchant.
Je vous rappelle que nous venons de débuter le mois de Elloul, qui est le mois de la téchouva, du repentir. Il existe de nombreuses histoires sur le regard des générations précédentes sur ce grand mois. Cependant, il faut tout d'abord vivre son Elloul ! Chacun doit essayer de profiter de cette période pendant laquelle le Saint-béni-soit-Il est proche de nous, pour se rapprocher de Lui.
Heureux est celui qui parviendra à commencer bli nédér une nouvelle habitude. Par exemple, de lire le chéma avant de dormir, de réciter les bénédictions du matin mot à mot, d'étudier une minute avant de se coucher, de garder particulièrement ses yeux lors du passage dans une station de métro etc.
En nous conformant à la volonté de D', nous arriverons à sanctifier notre cœur et notre corps, et nous recevrons prochainement le messie, amen.