Dans notre paracha Vayichla'h (32, 12) il est écrit : "הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי מִיַּד עֵשָׂו כִּי יָרֵא אָנכִֹי אֹתוֹ פֶּן יָבוֹא וְהִכַּנִי אֵם עַל בָּנִים" (Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d’Essav ; car je crains qu’il ne m’attaque et ne me frappe, joignant la mère aux enfants !)
Ce verset soulève une interrogation : pourquoi Yaacov Avinou appréhendait-il l’assaut de son frère Essav alors qu’il était lui-même doté d’une force colossale, comme le prouve l’épisode de sa rencontre avec Ra’hel où il fit glisser la pierre de dessus la margelle du puits avec l’aisance de « celui qui retire le bouchon de l’ouverture d’une bouteille » (Béréchit Rabba 70, 12) ?
La parabole suivante va nous permettre de résoudre cette difficulté :
Il était une fois un village sans médecin, où se trouvaient quelques malades. Quant au maire, il avait choisi d’installer ses pénates dans une ville lointaine, en compagnie de son médecin privé…. Parmi les villageois, se trouvait un homme respectable qui était aimé par le maire. Un jour, celui-ci fut pris l’un léger mal de tête, et bien que ce dernier n’eût rien d’affolant, il décida pourtant d’exagérer ses symptômes, et se tordit de douleur en hurlant.
Lorsque le maire eut vent du « malaise » de son bien-aimé, il dépêcha sur le champ son praticien à son chevet. Intrigués par la comédie jouée par leur père, ses enfants le questionnèrent : « Pourquoi avoir dérangé le médecin du maire pour un mal de tête bénin ? » Le chef de famille de répondre : « Mon but était d’attirer le médecin du maire au village afin qu’il soigne nos malades. J’ai donc simulé une grave maladie afin qu’il se déplace à mon chevet et par la même occasion, qu’il examine ceux qui en ont réellement besoin. »
De même, Yaacov Avinou savait que toutes les vicissitudes qu’il vivait présageaient le destin des générations futures, en vertu de l’adage talmudique : « Les actions des pères sont un signe pour les fils. » Sa prière à l’approche d’Essav était donc simultanément dirigée à l’intention de ses descendants et des propres tribulations qu’ils affronteraient. Et D.ieu écouta sa requête et lui promit que dans le futur, Il sauverait le peuple d’Israël par le mérite de leur ancêtre Yaacov (Ohel Yaacov).