Il est écrit dans la Paracha Béhaalotékha (9, 18) : "עַל פִּי יְהוָה יִסְעוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְעַל פִּי יְהוָה יַחֲנוּ" (Sur l’ordre de l’Éternel les enfants d’Israël voyageaient, et sur l’ordre de l’Éternel ils s’arrêtaient."
De ce verset, il ressort une importante leçon de morale : avant d’entreprendre une quelconque initiative, nous devons nous efforcer de dire : « si D.ieu veut », « avec l’aide de D.ieu ». Ainsi, celui qui part en voyage doit dire : « Je voyage grâce à l’aide du Tout- Puissant et je m’arrêterai en chemin à tel endroit si D.ieu le veut. » Et lorsqu’il arrive à destination, il lui faut encore remercier et louer le Seigneur en disant : « Grâce à D.ieu, je suis arrivé à bon port. » Le nom et la louange du Tout-Puissant se trouveront ainsi dans notre bouche en tous temps et en toutes circonstances (Sim’hat Yossef).
Dans le livre Otsar HaMidrachim est rapportée l’histoire d’un homme riche et généreux dont le coeur n’était pas entièrement attaché à son Créateur et qui ne vouait pas une confiance totale en la Providence. Il s’imaginait en son for intérieur qu’il ne devait sa richesse qu’à ses efforts personnels et que sa prospérité ne dépendait que de lui seul. Il se rendit un jour à la foire dans l’intention d’acquérir des boeufs. En chemin, le prophète Eliahou se présenta à lui sous l’apparence d’un négociant et l’interpella :
« Où te rends-tu ainsi ?
— Je me rends à la foire pour acheter des boeufs.
— Ajoute à tes paroles et précise : « Si D.ieu veut » ou « si telle est la volonté du Tout-Puissant ».
— Mais l’argent est dans ma bourse et la chose ne dépend que de moi ! répliqua le marchand.
— Si c’est ce que tu penses, tes affaires ne réussiront pas ! »
Le marchand poursuivit cependant son chemin sans prendre garde à cet avertissement. Or, sans qu’il s’en rende compte, sa bourse glissa de sa sacoche et tomba sur la route. Le prophète Eliahou l’aperçut, s’en saisit et la déposa sur un rocher au coeur de la forêt, en un lieu désert. Le négociant arriva au marché, et après avoir dépensé bien des efforts, il réussit à sélectionner les boeufs qui lui convenaient. C’est alors que, voulant payer les vendeurs, il constata la disparition de son argent. Il rebroussa chemin de fort méchante humeur.
Après quelques temps, il se munit de nouveau de l’argent nécessaire et quitta sa demeure pour se rendre une nouvelle fois à la foire afin d’acheter des boeufs. Cette fois-ci, le prophète Eliahou se présenta à lui sous l’apparence d’un vieillard et l’interrogea de nouveau sur sa destination. Comme l’homme ne disait toujours pas les mots qu’il lui avait appris à dire, il lui répéta : « Dis si D.ieu veut » ou « si telle est la volonté du Tout- Puissant ». Mais le marchand n’y accorda pas plus d’attention que la fois précédente. Alors, Eliahou le fit s’endormir et pendant son sommeil, il lui subtilisa sa bourse et la déposa aux côtés de la précédente, au plus profond de la forêt.
Quand le marchand s’éveilla et s’aperçut du vol de sa bourse, il retourna chez lui plein d’amertume. Il médita alors sur les deux événements qui lui étaient survenus et parvint à la conclusion que la main divine s’était sans aucun doute manifestée à son égard : il avait été puni pour n’avoir pas écouté les conseils d’Eliahou, qui avait voulu l’exhorter à croire en l’intervention nécessaire et permanente du Ciel dans la réussite ou l’échec de ses entreprises. Il résolut alors qu’à compter de ce jour il dirait constamment « si D.ieu veut », quoi qu’il entreprenne.
Quand pour la troisième fois il prit la route de la foire, le prophète Eliahou lui apparut en la personne d’un jeune homme pauvre à la recherche d’un emploi et lui demanda :
« Où vas-tu ainsi ?
— Je me rends au marché pour acheter des boeufs, si D.ieu veut. »
Eliahou le bénit et lui souhaita de réussir dans ses affaires. Il lui demanda en outre s’il consentirait à avoir recours à ses services : peut-être aurait-il besoin de quelqu’un pour l’aider à conduire ses boeufs. Le marchand lui répondit en ces termes : « Si, avec l’aide du Tout-Puissant, je parviens à acheter des boeufs, je louerai tes services pour m’aider. »
Il réussit à trouver à bon prix de magnifiques bêtes et engagea le jeune homme pour les conduire. Sur le chemin du retour, les boeufs s’échappèrent soudain en direction de la forêt. Le marchand les poursuivit jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent brusquement à coté d’un rocher. Sur place, il découvrit les deux bourses qui avaient disparu. Il se réjouit grandement et poursuivit son chemin en compagnie du jeune homme qui conduisait les boeufs. Quand il parvint devant sa maison, le jeune homme disparut tout à coup et il comprit alors que la main de D.ieu avait dirigé tous les événements qui lui étaient arrivés (Léka’h Tov).