Tout croyant - ou même incroyant - ne peut être que bouleversé en apprenant qu’une cathédrale a brûlé, même s’il ne s’agit pas d’un monument religieux, et d’autant plus qu’il s’agit probablement d’un symbole qui relie certainement plus d’un milliard d’hommes à la fois, en une transcendance.
Dans le cas présent, les souvenirs historiques s’éveillent en nous, même sans relation spirituelle. Histoire religieuse certes, mais aussi événement métaphysique.
Dans un siècle athée, matérialiste, l’émotion qui saisit un contemporain dépasse les croyances, et prouve bien que le besoin d’une foi en un Être Supérieur habite l’homme du 21ème siècle.
Se rappelle-t-on de la phrase d’André Malraux qui disait que “le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas” ?
N’a-t-on pas l’impression que c’est un peu la religion qui a brûlé ? C’est cette réflexion qui nous vient à l’esprit.
Mais le Juif croyant, comment doit-il réagir ?
La cathédrale n’est pas son lieu de prière, mais la voir brûler ne peut que l’affliger. Ce n’est pas l’opposition entre les croyances, la différence entre les cultes qui suscite notre réflexion dans cette circonstance si triste, mais qu’un lieu consacré à de la spiritualité soit détruit est une annonce négative pour une humanité déboussolée.
Lieu de prière, il doit élever l’individu, et c’est précisément cet aspect - la prière -qui a été touchée.
C’est ce niveau qui attire notre attention.
Citons pour conclure, une phrase de Rosenzweig, philosophe juif devenu pratiquant après avoir connu et ressenti la tentation chrétienne : la prière, écrit-il dans l’Etoile de la Rédemption, est une illumination qui donne la possibilité à celui qui prie d’obtenir le Royaume [divin].” (p313)
Si l’on brûle ce qui nous permet d’avoir accès à la rédemption, il est clair que l’ordre du monde est bouleversé.
La destruction d’un lieu de prière retarde, en toute hypothèse, la venue du Royaume divin.
Divergente aujourd’hui, la « conjonction entre la voie des nations et celle d’Israël viendra immanquablement. Cette certitude absolue résulte du fait que la vérité, qui est une et indivisible pour Israël, comme pour les nations finit nécessairement par triompher.” (Rav Elie Munk, Vers l’harmonie, p.158)
Et il conclut : “de la fraternité de toutes les créatures jaillira l’adoration commune de D.ieu, père de tous les hommes, et se réalisera, ce jour-là, la prophétie de Zacharie : “L’Eternel sera Roi sur toute la terre, en ce jour, l’Eternel sera Un, et unique sera Son nom.” (Zacharie 14, 9)