Comment s’appellera notre temps ? 

Qu’est-ce qui retiendra l’attention des historiens qui l’observeront avec recul, dans une ou deux décennies ? Comment définiront-ils sa couleur, sa particularité dans le déroulement des siècles ?

Car notre époque n’est pas anodine, avouons-le. 

Son instabilité, sa charge anxiogène provoquée par la perte de toute respiration spirituelle la rendent opaque, apparemment tolérante et contenante, mais en vérité solitaire, égocentrée et sans autre écho que le brouhaha de sa propre digestion. 

Sa dissolution morale est certainement l'une de ses caractéristiques les plus flagrantes, car jamais comme aujourd’hui il n'a été possible de naviguer (et de déraper) sur l’immense « réseau », pour finalement perdre ce précieux « à l’image de D.ieu » auquel, bon an mal an, les hommes ont tenu, jusqu'à il y a peu encore.  

À l’image des épopées délirantes de Georges Miller et de ses Mad Max, notre civilisation, dégénérée et hagarde, semble avoir pris le volant d’un véhicule en furie pour le conduire à l’extrémité d’un abîme.

APOCALYPSE… NOW ?APOCALYPSE… NOW ?

Le symptôme le plus récent de cette décadence a eu lieu en direct, lors de la cérémonie d’ouverture des J.O à Paris, il y a à peine un mois. 

Alors que le monde entier, les yeux rivés sur le pays de Molière incarnant talent et tradition, attendait de la « hauteur », du Victor Hugo, du Prévert, des « Grands Boulevards », il reçut à la place, un tableau obscène de bacchanales, mis en scène par la fine fleur du progressisme woke, moquant la tradition, les valeurs et la richissime histoire de France. 

APOCALYPSE… NOW ?

Chrono-quoi ?

Le nom d’une époque s’appelle un chrononyme. Enchantée !

Le grand spécialiste de ce domaine est Dominique Kalifa, que le sujet a passionné. 

Qui par exemple a inventé le mot « Renaissance », qui commence au 15ème siècle et voit en effet « ressurgir » des énergies éteintes après 1000 ans d’un Moyen Âge austère, bigot et cruel ? 

Et qui donc a collé ce qualificatif étrange de « Moyen » à la période médiévale s’étendant de l’an 400 à 1492 ? 

A-t-il mérité cette épithète parce qu’il se situe entre l’Antiquité et la Renaissance, « au milieu », ou alors, parce que les gentilshommes de la Renaissance le regardaient en effet comme une période obscure, une parenthèse médiocre, « moyenne » et barbare après l’âge d’or de l’Antiquité gréco-romaine ?

APOCALYPSE… NOW ?APOCALYPSE… NOW ?

Kalifa nous apprend que les « Lumières », la « Restauration », « la Belle Époque », l’« Entre deux Guerres », « les Sixties », toutes ces appellations seront tantôt « la trouvaille » d’un écrivain, d’un journaliste ou d’un quidam, qui parfois, sans le vouloir, réussissent à synthétiser l’air du temps en une expression, soit le fait d’académiciens qui, perchés sur le monticule de l’Histoire, décideront a postériori quel nom donner à telle tranche d'âge. 

Les chrononymes de nos Maîtres

Les Sages du Talmud ont également nommé leurs époques.

Sans grandiloquence, avec une économie de mots, dans leur langage limpide, concis et ciblé, ils coupent le gâteau de l’Histoire en trois. Ni plus ni moins.

« Le monde a 6000 ans : 2000 ans de "Tohu", 2000 de "Torah" et 2000 ans d’"Avènement du Machia’h". » ('Avoda Zara 9 ;71)

Le premier volet s’est avéré caduc et stérile, tohu-bohu confus, désordonné, lorsqu’enfin, mille-neuf-cent-quarante-huit années après la Création, l’homme providentiel naît : Abraham. 

Celui pour qui tout cela enfin valait la peine. 

Le Patriarche âgé de 52 ans, rapprochera ses contemporains de la foi en un D.ieu Unique, les « réunissant sous les ailes de la Providence » et marquera  ainsi la fin d’une période d’égarement et d’étourdissement, selon les mots de Rachi. 

APOCALYPSE… NOW ?

Et en effet, la période qui s’ouvre devant Abraham et sa descendance, sera « Torah » : révélation au Mont Sinaï, construction du Tabernacle, entrée en Erets Israël et édification des deux Temples, seront les principales étapes qui permettront l’extraordinaire diffusion de la Parole de D.ieu aux hommes.

Après la destruction du Deuxième Temple, nous rentrons déjà, dans l’« ère messianique », à laquelle notre période contemporaine appartient, et dont nous avons déjà entamé 1784 années. 

Tous les signes annonçant la fin des temps se sont réalisés : de l’impertinence des enfants envers leurs parents à l’inflation galopante, du mépris pour les érudits qui craignent D.ieu à la Galilée prenant feu, en passant par l’errance de ses habitants, délogés de leurs demeures. 

Tout y est, et sans ouvrir le journal.

Vers une nouvelle ère…

Ce que l'on peut dire de sûr, est que nous sommes manifestement dans une période de transition, provoquant de fortes turbulences et laissant prévoir l’éclosion d’une ère nouvelle, pas simplement culturellement ou géopolitiquement, comme ce fut toujours le cas lors du basculement d’un siècle ou d’un millénaire vers un autre, mais fondamentalement différente. 

Les prophéties, et particulièrement celles d’Ezéchiel et de Zacharie, rapportent qu’à la toute fin de cette période messianique, on verra Edom et Ismaël ensemble, monter sur Jérusalem ; une coalition de tous les peuples de la terre les rejoindra pour défaire le peuple hébreu, réinstallé à Tsion. Mais des luttes intestines les dresseront les uns contre les autres.

APOCALYPSE… NOW ?

Est-ce à traduire sur le terrain par un islamisme radical qui, conforté par le soutien indéfectible des nations éclairées, même après avoir commis les pires atrocités, a trouvé en Edom un allié fidèle ? 


Dans quelques heures, la nuit va tomber et le Neuf Av va débuter. Mais tout peut encore changer et le jeûne être aboli. Il n’y a pas chez nous d’Apocalypse, avec sa résonance de mort et de destruction, mais bien plutôt les dernières « contractions », littéralement « 'Hevlé Machia'h », douleurs de l’enfantement qui vont enclencher le processus final.

« Gros » de quelque chose qu’il porte en lui depuis 2000 ans, le monde va bientôt accoucher, c’est évident, et la naissance d’un bébé est toujours une joie incommensurable. 

Que la Délivrance vienne, vite, en douceur, enveloppée des nuées de Sa Compassion et de Sa Miséricorde et que Son Royaume enfin soit restauré ; que Son peuple chéri, 'Am Israël, lui aussi soit réinvesti de la place qui lui revient, celle d'être la Lumière et le Phare des Nations.

Car le « Temps Machia’h » est arrivé.

Tiens ! Quel beau nom pour notre époque…