Question 

Chalom Rav Malka

Je viens de lire attentivement la réponse que vous avez donnée à un homme dont la femme s’occupe de ses parents toute la journée et qui affirme que la Mitsva de Kiboud Horim qu’elle observe s’accomplit aux dépens de ses enfants et de son foyer. Votre réponse lui montrant l’importance de cette Mitsva m’a tout à fait satisfait. Mais, comme vous l’avez écrit, il convient d’établir un équilibre entre ces deux charges afin que le foyer et les enfants n’en subissent pas de préjudices. Cette question m’a particulièrement touché, car j’affronte quelque chose d’un peu différent, mais tout de même, d’un peu semblable avec mes parents. Ils sont également très âgés et nous nous efforçons de prendre soin d’eux autant que possible. Il y a cependant un problème. Ils ont des exigences qu’il nous est absolument impossible de remplir. Sans entrer dans les détails, je dirais que ce sont des désirs qui nous demandent des efforts considérables et qui nous causent même de l’humiliation. De plus, ma mère a malheureusement l’habitude d’offenser ma femme (ainsi que, parfois, moi-même) avec des mots blessants et durs. À chaque fois que mon épouse revient de chez mes parents, elle rentre le cœur brisé. Nous ne savons pas vraiment ce qu’il faut faire et aimerions connaître la Halakha à ce sujet.  

Réponse

Bonjour,

J’ai éprouvé beaucoup de peine en prenant connaissance de la situation que vous vivez. Sans nul doute, vos paroles viennent du cœur. Je pense néanmoins que la première chose que vous devez entendre dans votre cas, c’est ce qu’en pense la Halakha

  1. Les enfants doivent s’occuper de leurs parents et être prêts à satisfaire tous leurs désirs, même si c’est difficile. Mais lorsque le parent perd la raison, exagère démesurément et fait des demandes inhabituelles, les enfants sont dispensés de respecter ses desiderata. Par conséquent, dans une telle situation, il vaut mieux, d’après la Halakha, qu’ils ne rendent pas visite à leurs parents afin de ne pas entendre leurs doléances et d’être contraints de les refuser. (voir Rambam, Halalhot Mamrim, chap.6, Halakha 10 ; Choul’han Aroukh, Yoré Déa, chap. 240, §10 ; Ba’h sur le Tour
  2. De même, dans le cas où les parents insultent et vexent leurs enfants, ceux-ci sont autorisés à pas ne les rencontrer et à ne pas leur parler. En vérité, il est difficile, d’une part, de savoir si la limite à ne pas dépasser a été franchie puisque cette dernière se situe à des degrés différents et qu’il y a des blessures qu’un fils ou une fille est capable, à notre avis, de supporter, et, d’autre part, il y a, à l’évidence, des vexations intolérables. C’est pourquoi les enfants, dans une telle situation, sont tenus de consulter régulièrement un Rav afin qu’il leur indique si leurs parents leur font assurément du mal et si la souffrance qu’ils éprouvent leur donne le droit de rompre toute relation avec leurs parents (’Hout Chéni Kontrass Kiboud Av Vaèm).
  3. Tout ce que nous venons de voir concerne le cas où quelqu’un est en mesure de pourvoir aux besoins fondamentaux des parents ou bien que ceux-ci sont capables de prendre soin d’eux-mêmes, mais si ces conditions ne sont pas remplies, les enfants auront l’obligation de veiller à ce qu’une tierce personne aide leurs parents. Et si, malgré tout, aucune de ces possibilités ne s’offre à eux, ils devront se préoccuper de leur fournir tout ce qui est de première nécessité, de se taire et d’accepter ces tourments avec amour. Par contre, nulle question de négliger leurs parents (’Hout Chéni, idem).

Voilà pour la Halakha. Il m’importe toutefois de souligner également un point relatif à la foi. Ce n’est pas pour rien que ’Hazal (les Sages, que leur souvenir soit béni !) ont défini la Mitsva de Kiboud Horim comme l’un des commandements les plus difficiles à accomplir. Cette difficulté ne réside pas dans les actions d’ordre technique qu’il faut effectuer, mais surtout dans la relation parents-enfants qui est souvent complexe et délicate. C’est difficile à tout âge et, fréquemment, encore plus difficile lorsque les parents vieillissent et que les enfants sont déjà eux-mêmes pères ou mères de famille et très occupés. Ils n’ont ni le loisir ni la force d’assumer une charge aussi lourde. Mais c’est justement parce que cette Mitsva est si difficile que la récompense est si grande. La capacité dont font preuve les enfants à respecter leurs parents même lorsque ces derniers leur imposent des tâches ardues ou bien les vexent ou les insultent est une qualité nécessitant de la noblesse et un haut niveau spirituel. Il est exact que chacun doit se soucier de lui-même et il existe des relations avec des parents qui sont vraiment susceptibles d’avoir un effet destructeur sur les enfants. Mais, dans la majorité des cas, il est possible d’y faire face et de réussir à observer cette Mitsva si importante. 

Et permettez-moi de le répéter : nos enfants voient comment nous nous comportons avec nos parents. Nous aussi vieillirons un jour… 

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