Chaque personnage qui a marqué l’histoire du peuple juif cherche à nous transmettre un message particulier, en exemplifiant une Midda (trait de caractère) bien spécifique. En ce jour du 11 du mois de ‘Hechvan, et, ce, en l’honneur de la Hilloula (l’anniversaire de décès) de notre matriarche et pionnière du peuple juif, Ra'hel Iménou, discutons de son parcours ainsi que de l’héritage qu’elle nous a légué.
D’abord, il faut savoir que Ra'hel n’a vécu que jusqu’à l’âge de 36 ans, tout en ayant eu une vie de grande proximité avec Hachem, et de sacrifices. Ya’acov, son mari, a dû travailler 7 ans afin de l'épouser mais son père, Lavan, qui était un Racha’ (impie), l’a trompé et a plutôt décidé qu’il se devait de marier Léa d’abord, en prétextant que cette dernière était l’aînée. En effet, Ra'hel était la bien-aimée de Ya’acov, mais, par amour et par pitié pour sa sœur Léa, elle l’a laissée l’épouser avant elle. Ra'hel a en effet révélé à sa sœur les Simanim (conclus avec Ya’acov au préalable pour s'assurer qu'il s'agissait bien d'elle), afin qu’elle ne soit pas humiliée devant Ya’acov.
Ra'hel est celle qui a le plus plaidé en faveur du peuple juif, et qui a supplié Hachem de nous protéger et de ne pas nous surcharger d’épreuves en Galout (exil). Alors que le Temple fut détruit, Ra'hel implora Hachem en invoquant :
« Maître de l'univers, Tu sais que c’est moi que Ya’acov aimait le plus et qu’il a travaillé pour mon père durant sept ans pour m’épouser. Et quand vint le moment du mariage, mon père échangea ma sœur à ma place, mais je n’en ai nullement voulu à ma sœur et je n’ai pas permis qu’on lui fasse honte. Si moi, simple être humain, je n’ai pas voulu humilier ma sœur pour obtenir ce que je voulais, comment pourrais-Tu, Toi - D.ieu éternel, vivant et miséricordieux - être jaloux d’idoles qui n’existent pas, de cette idolâtrie qui ne repose sur rien et ne signifie rien, et permettre que mes enfants soient envoyés en exil ?! ». De tous les autres patriarches qui ont imploré Hachem, Ra'hel est la seule à qui Il a répondu favorablement. C’est d’ailleurs elle qui est enterrée à Beth-Lé’hèm, et non à Mé’arat Hamakhpéla, à l’instar des autres patriarches et matriarches, afin que ses enfants puissent plus aisément aller prier sur son tombeau.
Le Rav Mordékhaï Bitton, en citant le Midrach, soutient que, de par cette abnégation de soi sans précédent, Ra'hel nous enseigne un principe fondamental : celui du silence. Quand savoir se taire au bénéfice d’autrui, et quand accepter que notre tour de briller n’est pas encore arrivé. Telle représente l’une des nombreuses vertus de Ra’hel Iménou. De plus, la pudeur sans précédent de Ra'hel est fortement liée à la Midda du silence qu’elle possède. En effet, la Tsni'out (modestie) est intimement liée à la façon dont nous nous exprimons, et, ainsi, à la parole. Plus quelqu’un parle et plus la superficialité l’envahit. À l’inverse, plus quelqu’un cherche à vivre de manière cachée, et plus il accède à son intériorité et à des dimensions supérieures. Il faut bien comprendre cependant que le judaïsme ne prône pas à tout un chacun de garder le silence constamment ! Mais savoir que toute vérité n'est pas bonne à dire... surtout lorsqu'on sait qu'elle va provoquer de la peine chez l'autre.
En ce jour de la Hilloula de Ra’hel Iménou, prions pour que nous nous imprégnions de sa pudeur extrême, ainsi que de sa sensibilité envers autrui. En tant que Bnot Israël, il semble primordial que nous travaillions non seulement sur notre modestie extérieure, mais également intérieure. Celle-ci s’articule d’une multitude de manières, tel que l’équilibre entre parole et silence. Faisons en sorte que notre intégrité soit assez élevée afin que nous cernions nos points faibles de cette Midda si délicate. Que le mérite de Ra’hel Iménou vous propulse au maximum de votre potentiel !