Le travail, les tâches ménagères et les activités sociales réduisent souvent notre temps passé en famille. Pour occuper nos enfants, on pourrait croire que les dessins animés sont une bonne source de divertissement (et qui nous rend souvent bien service !). Mais le résultat est-il vraiment toujours bénéfique pour eux ?
Une transmission de valeurs à risque
On a tendance à penser que tous les dessins animés “classiques” sont pour nos petits une source de divertissement “bon enfant”. Les princesses aux pouvoirs magiques, les petits animaux parlant, les valeureux chevaliers qui partent en guerre… Plonger dans ces univers merveilleux en deux dimensions ne peut pas faire de mal, non ? Eh bien si !
Cette occupation qui a envahi la vie quotidienne des plus jeunes véhicule plusieurs messages vrais ou faux… qu’on ne peut pas filtrer !
Petite, j’ai longtemps rêvé, très fort, du prince charmant en regardant en boucle cette histoire de princesse qui se rend au bal dans sa belle robe et tombe sous le charme du héros parfait...
Est-ce qu’une fois arrivée à l’âge adulte, je me suis prise pour une princesse ? Tout de même pas ! Mais est-ce que j’ai cru au prince charmant ? Est-ce que j’ai idéalisé le mariage comme une aventure “facile” ? L’expérience de la vie m’aura appris que oui. Sans le savoir. Et je n’avais pas conscience que je faisais fausse route. Plus tard, en prenant l’habitude de me rendre à des cours de Torah, j’ai réalisé que ce n’était pas du tout la conception juive du mariage !
Pire, les valeurs que les dessins animés avaient véhiculées étaient complètement erronées : comme Aladin qui vole des fruits au marché, et c’est le malheureux marchand qui est présenté comme le méchant personnage ! Blanche-Neige qui vit dans un studio avec pas moins de sept “petits” hommes, Astérix qui se drogue à la potion ou encore Pinocchio le petit menteur inoffensif ! Les exemples douteux ne manquent pas...
Un impact certain sur l’enfant
Le Rav Pinkus, l’un des plus grands Rabbanim de notre génération et qui fut spécialiste en éducation, rapporte (dans son livre Ohel Myriam) que des valeurs qui vont à l’encontre de la vision juive, véhiculées même finement, ont un impact sur la Néchama (âme) de l’enfant, un peu comme une empreinte indélébile. D’ailleurs, le Rambam nous enseigne que, par nature, l’homme est influencé par son environnement (Rambam, Hilkhot Déot 6, 1). Et le ‘Hazon Ich nous apprend que dès l’âge de 3 ans, tout ce qu’un enfant voit et entend reste inscrit dans sa mémoire…
Force était de constater que mon environnement était peuplé d’histoires animées qui me faisaient passer des messages qui ne correspondaient pas à la vraie vie ni à de bonnes valeurs morales. Et un enfant ne fait pas toujours la différence entre la réalité et la fiction ! Même s’il s’agit d’un dessin animé, plus il est jeune et plus il mélangera les deux dans sa tête (avez-vous remarqué la capacité de nos enfants à inventer des histoires ? On a parfois du mal à réaliser qu’elles ne sont pas vraies !).
C’est pourquoi, une fois devenue maman, je n’ai pas souhaité que mes enfants subissent la même influence que moi et qu’eux aussi se perdent dans des confusions ou dans des images trop violentes génératrices de cauchemars ou d’angoisses, dont ils se passeraient bien ! Saviez-vous qu’il y a trois fois plus de meurtres dans les dessins animés que dans les films ? (source : British Medical Journal) ! Eh oui ! Entre les scènes de fusillades, de combats ou de décapitations et les personnages maléfiques et effrayants, ou encore celles de pauvres petits animaux qui voient leur parent se faire tuer sous leurs yeux (Némo, Bambi, le Roi Lion… les exemples ne manquent pas !). Rav Pinkus ajoute que l’exposition aux histoires violentes développe, sans que l’on ne s’en rendre compte, une certaine agressivité chez l’enfant.
Privilégier la qualité à la quantité
Pour avoir discuté de ce sujet avec plusieurs mamans, il est vrai qu’il n’est pas facile de trouver une occupation qui plaise à tous nos enfants. En plus, entre le travail, la maison, les fêtes… le temps file sans qu’on puisse être partout à la fois ! Alors malheureusement, beaucoup de parents, par manque de temps, ont transformé les dessins-animés en baby-sitter. Sauf qu’il s’agit d’une “garderie” souvent toxique et qui tend à développer une forme d’addiction. N’avez-vous jamais observé des enfants “piquer une crise” parce que les parents éteignent l’écran ou refusent de mettre un nouveau dessin animé ?
En réalité, quel que soit leur âge, le besoin essentiel d’un enfant est de passer du temps de qualité avec nous. Passer un moment privilégié avec lui ne demande pas de faire des activités ou des sorties extraordinaires, mais en premier lieu de se rendre à 100% disponible pour lui.
C’est à dire sans téléphone à portée de main et sans penser au repas ou à la liste de choses qu’il reste à faire. Ces quelques minutes passées ensemble ont souvent plus d’impact que toute une après-midi sans être “vraiment là”.
Un investissement qui rapporte !
Moi, j’ai profité des moments de repas pour instaurer des activités à faire tous ensemble. Par exemple, le rituel du goûter au retour de l’école : tout le monde s’assoit autour de la table et chacun à tour de rôle doit raconter sa journée, moi y compris ! Ca ne dure que quelques minutes, mais il n’y a pas d’autres priorités à ce moment-là et j’ai constaté qu’on en profite tous.
Quand je n’ai pas la possibilité de jouer avec eux (ce qui arrive souvent car je ne peux pas être partout à la fois !), je ne culpabilise pas ! Au contraire, je leur propose une alternative aussi amusante qu’enrichissante. Certains jours ce sera un jeu de société, d’autres un puzzle ou un jeu de construction. Même les poupées ou bonhommes peuvent devenir source d’histoires et d’aventures qui développent leur imagination !
Autre trouvaille : je profite des tâches quotidiennes pour passer un moment en tête à tête avec chacun. Par exemple, je demande à l’aîné de m’aider à faire la vaisselle et ça nous permet de discuter en même temps (et de terminer plus vite). Pour les plus petits, je profite des trajets vers la garderie pour échanger avec eux.
Et le soir, pour tous c’est une histoire avant de dormir ! Je leur lis le livre “5 minutes avant de s’endormir” (éditions Torah-Box). Chaque soir, c’est une nouvelle histoire liée au mois en cours. Ces 5 minutes ensemble n’ont pas de prix tellement elles sont précieuses pour nous !
Je me sens comme un agriculteur qui sème aujourd’hui des graines pour récolter demain de beaux fruits sucrés. Ces graines sont composées de chacune des minutes de qualité que je passe avec mes enfants au quotidien. Et avec ça, aucun dessin animé ne pourrait rivaliser !