Dorit et Noam Sherman ont attendu de nombreuses années avant de goûter au bonheur d’être parents. Après plusieurs séries de traitements, ils ont finalement donné naissance à deux fois des triplés ! Pleine de reconnaissance envers Hakadoch Baroukh Hou pour ce miracle, Dorit nous ouvre son cœur…
Dorit Sherman et son époux Noam sont mariés depuis 20 ans. Vingt ans traversés par des épreuves difficiles, des espoirs et des déceptions, pour finalement donner vie à la famille comblée qu’ils forment aujourd’hui.
Lorsqu’ils se sont mariés, comme tous les jeunes couples autour d’eux, Dorit et Noam rêvaient eux aussi de fonder ensemble une famille. Sauf qu’ils étaient loin d’imaginer les embûches qui allaient se dresser sur leur chemin… « J’avais 20 ans à l’époque et je rêvais d’une grande famille, commence Dorit. Pas un seul instant, je n’avais imaginé que D.ieu puisse vouloir le contraire. Autour de moi, mes copines se mariaient et accouchaient les unes après les autres. Chez nous, les semaines et les mois passaient, et le silence entre les murs se faisait de plus en plus pesant. »
Au bout d’un an d’attente et d’espoirs déçus, Dorit et Noam décident de consulter un médecin. Celui-ci n’y est pas allé par quatre chemins pour leur annoncer la pire des nouvelles, celle qu’ils ne pourraient jamais avoir d’enfants. « Je me rappelle très bien lui avoir répondu : "Sauf votre respect, le vrai médecin est D.ieu et c’est à Lui que revient la décision de faire de nous des parents ou non." »
Un défi au quotidien
Quand on lui demande comment elle a vécu cette annonce dramatique, Dorit répond : « Dire que ce fut facile serait mentir. Ce fut une période très dure pour nous deux. Nous rentrions à la maison et étions accueillis par le silence. Nous demandions à Hachem : "Hachem, est-ce vraiment ce que Tu as décidé pour nous ?" Le fait que nous habitions dans un petit village de jeunes couples n’arrangeait pas les choses, car nous avions l’impression que tous les regards étaient rivés sur nous en permanence. Certains jours, j’avais envie de fuir sous terre. Nous avons alors décidé de déménager », se souvient Dorit.
Dorit et son mari emménagent à Lod. « Ce changement de lieu fut une bénédiction. Les gens y sont si gentils, et avec tant de simplicité, que je m’y suis sentie tout de suite à l’aise. Je n’avais plus honte. Le jour où une vieille dame de ma connaissance me lança depuis son balcon : "Si D.ieu veut, bientôt une Brit-Mila chez toi !", ça ne m’a pas offensée, au contraire ! »
Entre-temps, elle et Noam continuent de subir des traitements de fertilité lourds, en dépit des chances presque nulles de réussite selon les médecins. « Parallèlement, nous avions constitué un dossier d’adoption. Je me rappelle que je marchais dans les rues et rêvais de trouver un bébé abandonné, duquel je pourrais m’occuper. Cette envie d’avoir des enfants était plus forte que moi », raconte-t-elle.
La délivrance chez Rabbi Elimélekh de Lizensk
Les années passent et les épreuves s’intensifient pour le couple. Traitement après traitement, les espoirs qu’ils nourrissent se heurtent à la dureté de la réalité. « A chaque traitement, nous nous raccrochions à l’espoir que cette fois serait la bonne. Des nuits d’insomnies succédaient à des journées pleines de tension… Puis, toujours la même nouvelle qui s’abattait sur nous. »
Peu avant une sixième tentative – la dernière que les médecins étaient prêts à entreprendre – un ami du couple leur conseille de se joindre à un voyage organisé sur la tombe de Rabbi Elimélekh de Lizensk, un célèbre Rabbi ‘hassidique, auteur du « Noam Elimélekh ».
« C’est une Ségoula pour avoir des enfants que de prier sur sa tombe et d’étudier son livre. Bien que nous ne fussions que quelques jours avant Roch Hachana, Noam y alla en compagnie de neuf autres hommes. Il y a déversé des torrents de larmes. Pour ma part, j’avais organisé le même soir une grande soirée de Hafrachat ‘Hala. Lui là-bas et moi ici… Il faut croire que les prières eurent leur effet. Noam m’a avoué plus tard qu’il avait prié non pas pour un ni pour deux, mais bien pour trois enfants ! »
Et au terme d’une nouvelle série de traitements, Dorit apprend qu’elle est enfin enceinte…
« Vous attendez des triplés ! »
Sonnés à l’annonce d’une telle nouvelle, Dorit et Noam sont loin d’imaginer qu’ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Car lorsque quelques jours plus tard, ils sont convoqués pour effectuer une première échographie, ils apprennent que Dorit attend… des triplés !
« Les médecins, contrairement à nous, n’étaient pas très enthousiastes. Leur grande peur, ce sont les grossesses multiples. Ils essayèrent de me convaincre de renoncer à au moins l’un d’eux, mais pour moi, c’était tout simplement inimaginable. Devant leur insistance, on est allé consulter malgré tout le Rav Mordekhai Eliahou zatsal. Il trancha qu’il n’y avait pour l’heure aucun élément permettant de justifier une telle décision et nous donna sa bénédiction. »
Au terme d’une grossesse mouvementée au cours de laquelle elle est alitée presque en permanence, Dorit met finalement au monde ses trois trésors : un garçon – Elimélekh, en hommage à Rabbi Elimélekh – et deux filles, Hallel et Argaman. « Ce n’étaient pas des enfants comme les autres. Ces enfants, nous les avions obtenus à force de prières et de larmes ! C’était un cadeau indescriptible », se souvient Dorit avec émotion.
De retour à la maison
Quand on lui demande comment s’est passé son retour à la maison et si le fait d’être passée du statut de femme sans enfant à celui de mère de trois bébés n’a pas été trop difficile, Dorit rit puis répond : « Etonnamment, non ! Peut-être avons-nous bénéficié de l’aide d’Hachem, peut-être était-ce parce que nous les avions attendus si longtemps… Quoi qu’il en soit, notre bonheur était tel qu’il reléguait complètement au second plan la difficulté inhérente à élever des triplés. »
Les mois passent, puis les années. Dorit décide de reprendre le travail et confie ses enfants à la crèche. Tout semble rentré dans l’ordre, les années d’épreuve sont derrière eux. Enfin, pas pour très longtemps… Car vient le jour où l’un des enfants demande de but en blanc à Dorit : « Pourquoi tous les enfants ont des petits frères et sœurs et nous non ? » Dorit et Noam échangent un regard effrayé. Puis ils sourient et déclarent sans hésitation : « On recommence l’aventure ! »
Evidemment, ce ne fut pas une décision facile à prendre. Le couple sait ce qui l’attend. Les traitements, en plus d’être coûteux, sont épuisants aussi bien sur le plan physique que moral. Dorit et Noam décident qu’ils sont prêts malgré tout à affronter les difficultés, si cela peut leur permettre de connaître à nouveau le bonheur de mettre au monde des enfants.
« Lorsque nous nous sommes retrouvés assis face au médecin, celui-ci avait peine à y croire. "Encore vous ?!", nous a-t-il demandé. "Vous avez déjà trois enfants magnifiques et en parfaite santé, que voulez-vous de plus ?" Mais nous étions déterminés. » Et c’est probablement la confiance totale qu’ils ont en Hachem qui va déclencher la réalisation d’un double miracle cette fois ; car non seulement Dorit tombe enceinte dès la première tentative, mais en plus, il s’agit à nouveau de triplés !
Devant la mine dubitative des médecins et leurs tergiversations quant à l’utilité de garder les trois fœtus, Dorit oppose un argument-massue : elle a déjà vécu une grossesse multiple et celle-ci s’est bien déroulée ! « Le Rav Eliahou était déjà trop affaibli pour nous conseiller mais les autres Rabbanim que nous avons consultés ainsi qu’un spécialiste en grossesses multiples nous ont tous donné leur bénédiction. »
Comme pour la fois précédente, l’accouchement de Dorit se passe sans encombre. Après quelques jours passés au service des prématurés, la famille Sherman se retrouve réunie chez elle, trois bébés (deux garçons et une fille) en plus !
Elever des triplés, mission impossible ?
Aujourd’hui, les premiers triplés Sherman ont 15 ans et les seconds, 9 ans. Ils dégagent une joie de vivre qu’on ne rencontre pas chez tous les enfants ! « Les gens ne me croient pas, mais il y a un côté facile à élever des triplés. Ca n’est pas aussi difficile qu’on ne l’imagine ! Il y a à cela plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’enfants pour lesquels nous avons tant pleuré que nous ne ressentons même pas de difficulté. Deuxièmement, nous n’avons jamais connu ce que cela représente d’élever un seul bébé, nous avons été habitués dès le départ à nous en occuper de trois en même temps. De l’extérieur, ça peut sembler épuisant, mais lorsque c’est la réalité à laquelle on est habitué, tout se met en place naturellement. C’est vrai que lorsque les grands sont entrés au CP et que nous devions faire avec eux les devoirs pendant que les bébés nous tournaient entre les jambes, ça n’était pas triste… Mais jamais je ne me suis sentie dépassée ni épuisée outre mesure. Au contraire, le sentiment qui m’envahissait au quotidien et ce jusqu’à aujourd’hui, c’est une reconnaissance infinie envers le Maître du monde ! »