Chère amie,
Fatiguée, débordée, énervée. La fête approche à grands pas et tu te sens moins à jour que jamais ? C’est normal, comme si la course pré-Pessa’h était plus liée à un phénomène « Min Hachamayim » (décidé par le Ciel) qu’à ta mauvaise organisation. C’est d’ailleurs le même phénomène que chaque vendredi, si l’on s’y penche : que l’on soit invité ou non, le vendredi après-midi est TOUJOURS une grande course ; si ce n’est dans la cuisine, ce sera FORÇÉMENT ailleurs : c’est « Min Hachamayim ».
Alors, puisqu’il en est ainsi, puisque de toutes les façons, TOUT sera sans aucun doute prêt pour le Jour J, pourquoi risquer une rupture d’"énervisme" ?!? L’une des rares affections qui soit, de plus, hautement contagieuse… ;-)
Quelle est la meilleure base pour l’épanouissement d’un foyer juif ? (1)
La Guémara (Brakhot 10) répond à cette question : c’est l’ambiance qui règne à la maison, autrement dit, le conditionnement intérieur. Les enfants y sont extrêmement sensibles, en silence. Et plus particulièrement à la façon dont la maman mène la danse. Pourquoi en est-il ainsi ? Un principe torahïque connu énonce : « Un homme ne peut étudier que dans un endroit où il se sent bien », c’est une condition sine qua non. Il en est de même pour nos enfants : ils ne pourront apprendre de la vie, de leurs maîtres, de leurs parents, et grâce à cela, devenir des adultes équilibrés, que s’ils ont reçus un bagage affectif suffisant.
Ainsi, sachant que réussir sa vie de femme, c’est avant tout réussir l’éducation de ses enfants, nous devons mettre en PRIORITÉ la gestion d’une ambiance agréable à la maison, aussi bien pendant le ménage de Pessa’h que pendant le reste de l’année. Concrètement, se parler sans pression, sans crier d’une pièce à l’autre, maintenir un fond musical, etc.
Nos enfants doivent être heureux de rentrer à la maison chaque jour, auquel cas ils seront progressivement attirés vers les milieux qui leur procureront ce sentiment sympathique d’être accueilli avec un sourire, de recevoir de la considération, de bénéficier d’une écoute attentive, de conseils, d’absence de jugement négatif, etc. Et qui peut imaginer vers quels milieux ils risquent alors de recharger ce bagage affectif ? Cela peut démarrer en toute innocence avec le voisinage, mais aussi aller jusqu’à de véritables catastrophes sociales, de très mauvaises fréquentations. Puisse Hachem nous préserver d’une telle peine.
Les cartes sont donc AUJOURD’HUI entre nos mains : si nous nous sentons frôler le burn-out à la maison, nous devons être capables de nous arrêter avant de franchir la ligne rouge : la limite de la rupture d’"énervisme", dont les conséquences ne se ressentent jamais tout de suite…
Le sentiment inégalable d’avoir accompli quelque chose de GRAND.
Oui, il est vrai que tant de séjours proposés pour Pessa’h semblent alléchants ; ménage envoyé aux oubliettes, dispense de courses interminables, pieds sous la table, enfants pris en charge… Soit, mais tu veux que je te dise ? Certes, cela paraît enviable et doit certainement être très agréable. Mais la grande satisfaction, qui ne s’attrape QUE derrière toute cette fatigue (physique et émotionnelle !), elle, ne peut s’acheter nulle part. Elle est unique, et procure un sentiment particulier d’être en règle avec soi-même. Un sentiment de grandeur d’avoir franchi tout cela, une vraie montagne.
Lorsque toute une chacune s’exclame « oui, c’est vrai, mais c’est duuuuuurrrr ! », finalement, il faut bien comprendre qu’il n’y a que derrière les choses dures à accomplir que se logent les plus précieux cadeaux.
Illustrons notre propos à l’aide d’une image utilisée par Rav Benchetrit(2) : celle de l’alpiniste ; un alpiniste se fixe comme objectif de monter l’Everest. Un autre, se fixe le même objectif, mais… en hélicoptère !
Une fois là-haut, au même endroit et au même moment, qui de nos deux amis sera le plus fier, le plus rempli de l’intérieur, le plus gonflé de satisfaction ? La réponse est évidente.
Vu sous cet angle, les filles, on a de quoi recharger nos batteries.
Pessa’h Cachère Vésaméa’h !
À très bientôt,
EXERCICE PRATIQUE : deux choses très simples à mettre en application dès que possible : choisir des musiques agréables et entraînantes à diffuser chaque jour à la maison, et tenter de ne plus s’appeler d’une pièce à l’autre… Deux immenses pas vers le bonheur familial !
(1) D’après un cours de Rav Serge Attia sur Torah-Box.
(2) Rav Yehia Benchetrit, « La vie, une invitation à être ».