Le bruit des feuilles sous la plante de ses pieds énerve David qui est déjà très tendu. Il serre les dents d’impuissance et il enfile son cartable sur le dos. Il ne s’agit que de quelques kilos, mais pour David, c’est comme s’il portait un lourd fardeau sur ses épaules.

L’enveloppe blanche que David a reçue du professeur est bien fermée, mais il sait ce qu’elle contient. Le professeur le lui a déjà dit.

Il arrive finalement chez lui et après une demi-heure d’hésitation et de récitation de Téhilim, il tend doucement le terrible document.

Il baisse la tête, les yeux rivés au sol, honteux et confus.

La réaction de sa mère ne tarde pas.

Que s’est-il réellement passé ?
 

Premier cas de figure :

La maman lit le mot du professeur et écarquille les yeux de plus en plus à chaque nouvelle phrase.

-  « C’est incroyable ! Tu n’as pas honte ! »

Sans le vouloir, ses yeux larmoient déjà et elle s’adresse à David en ces termes :

-      « Aucun de nos enfants ne s’est aussi mal comporté ! Non seulement tu es paresseux, mais aussi menteur et effronté… Sors de la pièce ! »

-      « Je n’irai pas voir le directeur demain ! Que ce soit bien clair, tu n’as qu’à t’arranger avec lui… »

-      « On verra comment papa va réagir ! »

David reprend l’enveloppe et la lettre et s’enfuit dans sa chambre en attendant anxieusement le retour de son père !

Il en veut à la Terre entière : à ses frères qui sont plus doués que lui et qui lui ont laissé le rôle de la « bête noire » de la famille, à sa mère qui le gronde et à son père qui est sur le point de le punir, au professeur et au directeur qui fixent des principes si durs à respecter…

Il s’en prend au monde entier sauf à lui-même !
 

Deuxième cas de figure :

La maman lit le mot du professeur et retient sa respiration.

Les larmes coulent le long de ses joues, elle se tourne vers David, lui relève le menton et plonge ses yeux dans les siens.

-  « Chéri, comment as-tu pu te conduire ainsi ? Cette façon d’agir ne te convient pas du tout ! Tu fais toujours attention à ne pas dépasser les limites autorisées ! »

Elle l’enlace. Il est si proche d’elle qu’il se met à sangloter, sans que personne ne le voie !

-  « Tu regrettes, mon petit cœur ! »

Sa voix est chaude comme ses caresses !

-  « Lorsque j’irai demain dans le bureau du directeur, puis-je lui promettre en ton nom que tu ne te comporteras plus de la sorte ? »

Il opine de la tête, pris au dépourvu et n’arrive à articuler aucun son.

Il n’essaie pas de s’esquiver. Les mots de sa mère défient son caractère rebelle. Il sait qu’il s’efforce de se plier aux lois, mais qu’au dernier moment, quelque chose le pousse toujours à faire un faux pas…

Il regrette sincèrement. Il retourne dans sa chambre avec l’idée de rédiger une lettre d’excuses que ses parents présenteront au directeur.

En une minute, sa maman a décidé de la façon de prendre les événements. Elle avait le choix entre aider son fils à sortir de l’impasse où il était ou lui jeter la pierre.

Ce « feed-back » positif est indispensable pour l’enfant même lorsqu’il se comporte correctement.

Lorsque l’enfant trébuche, il a besoin d’une bonne dose d’encouragements et de confiance pour considérer son échec comme ponctuel et pour avoir la force d’avancer.

La tendance spontanée à coller à l’enfant une étiquette de raté, de mauvais garnement ou de menteur, l’embourbe et l’empêche de tourner la page.

C’est précisément lorsqu’il est impuissant que les parents doivent à tout prix se focaliser sur ses points positifs et les mettre en valeur !

Néanmoins, on ne doit pas faire de louanges à un enfant qui n’en est pas digne. Lorsqu’un enfant revient de l’école avec un mauvais résultat et que sa mère met en exergue sa vivacité d’esprit, il sentira que son compliment est faux. Au contraire, il aura moins confiance en lui.

Trouver le point fort de l’enfant et lui apporter des solutions pour réparer ses torts est la bonne formule !

Pour qu’un enfant désire reproduire des attitudes positives, pour qu’il se sente revivre, il est conseillé de prononcer des phrases telles que :

-      « Ce matin, tu as été une petite fille merveilleuse. Tu t’es levée tôt et tu t’es habillée rapidement ! Dommage de tout gâcher par de vaines disputes ! »

-      « Tu as tellement bien révisé tes Michnayot hier après-midi que notre maison était tout entière imprégnée de Torah ! Cette note est sûrement une exception ! »

Chaque fleur a sa saison, certaines poussent au printemps, d’autres sont toujours vertes. Certaines sortent une nouvelle feuille chaque semaine alors que l’on ne discerne la beauté d’autres plantes qu’au bout de quelques années.

Les enfants sont à leur image.

Certains comblent leurs parents de satisfaction depuis leur tendre enfance. D’autres échouent irrémédiablement et restent moyens dans de nombreux domaines.

Tu dois t’efforcer de trouver ce qu’il y a de bon en eux. Mais tu arrives toujours à la même conclusion : D.ieu les a créés sans talents particuliers et sans beaucoup de capacités.

Tu mets tout ton cœur pour épanouir ton enfant difficile pour préserver son honneur et pour l’élever comme les autres même si tu sais pertinemment que les autres le dépasseront sans conteste.

Et voici qu’un beau jour, une surprise t’attend, une merveilleuse fleur s’ouvre !

« La vigne a fleuri. Le bourgeon est apparu. Les grenades ont poussé… » (Cantique des Cantiques 7, 12)

Tu découvres au comble du bonheur que cette fleur est très spéciale. C’est un enfant profond et délicat.

Tu es en extase devant cet arbre majestueux qui a poussé au beau milieu de ton jardin.