En tant qu'individus, nous avons besoin de nourriture affective. Malheureusement pour des raisons diverses, nous en avons parfois manqué. C'est pour cela, entre autres, que nous avons de la peine à recevoir ce que nous réclamons depuis si longtemps. Les partenaires doivent apprendre progressivement à demander, puis à recevoir ce qu'ils ont demandé. Après avoir appris à nettoyer leur espace, les couples apprennent à nourrir cet espace, et progressivement à le sanctifier.
Pourquoi, parfois, nous avons peur des expériences positives.
Lorsqu'enfant, nous arrivons sur la terre, nous avons une incroyable prédisposition à jouer, car nous n'avons pas encore expérimenté le danger.
N'ayant pas encore subi de blessures, nous sommes encore rieurs, joueurs, expressifs. Nous pouvons faire l'expérience de toute notre vitalité, de notre entièreté. Nous sommes encore largement capables de faire l'expérience de tout notre registre émotionnel, parce qu'il n'a pas encore été bloqué. Nous expérimentons avec la même intensité, aussi bien la joie que la peine. Nous sommes protégés et soutenus par des adultes responsables. Ils prennent soin de nous et ils sont censés nous soutenir dans les deux situations, aussi bien la joie que la peine.
Or, en grandissant, beaucoup d'entre nous ont eu des parents, qui n'ont pas pu les soutenir dans leurs expériences, aussi bien positives que négatives. Nous avons alors appris à nous protéger nous-mêmes contre des sensations désagréables. C'est ainsi que nous avons découvert que nous étions plus en sécurité quand nous étions protégés qu'ouverts et vulnérables et que nous ne pouvions pas faire confiance à nos proches pour nous accompagner dans le plaisir. C'est pourquoi aujourd'hui nous recherchons et trouvons des plaisirs dans des situations que nous pensons pouvoir contrôler, telles que la nourriture, l'alcool, les jeux, etc.
Bien sûr, ces systèmes doivent être validés, parce que ce sont des pulsions qui ne nous donnent pas de plaisir durable et dont le prix à payer est souvent très élevé.
Nous recherchons naturellement le plaisir et la sensation d'être ouverts et complètement vivants. Chose étrange, nous pouvons nous sentir plus en sécurité lorsque nous sommes déconnectés que quand nous sommes connectés. Pour beaucoup de gens, il est plus dangereux de se sentir bien avec leur partenaire que le contraire. Il est beaucoup plus facile de se protéger et d'accepter que quelque chose de désagréable se passe, plutôt que d'être ouvert... et déçu que cette chose désagréable se passe réellement.
Les deux situations qui font probablement le plus souffrir un enfant sont la perte (quelle qu'elle soit) et la déception. Quand un petit fait l'expérience d'être ouvert et dans l'attente de quelque chose de merveilleux et que quelque chose de très désagréable se passe, il apprend qu'il est dangereux de rester ouvert. Plus tard, quand il vivra un moment agréable, il finira souvent par se créer lui-même et sans raison apparente un sentiment de malaise. Ce genre de sensation est accentué dans les familles où tout semble bien se passer et soudain des événements explosifs se déclenchent. Les enfants commencent à devenir anxieux même lorsque il y a du calme. Parfois, ils provoquent eux-mêmes une explosion plutôt que de vivre dans cette incertitude que quelque chose de désagréable va se passer.
Il est significatif de voir comment, chez certains couples, après avoir vécu un magnifique moment ensemble, ils provoquent le plus terrible des conflits. S'ils découvraient comment ils associent la peur d'être ouvert et ensuite de subir quelque chose de désagréable, ils comprendraient que quand ils s'ouvrent, immédiatement après, ils deviennent méfiants.
Ils se protègent et partent à l'attaque pour se sentir en sécurité. On entend souvent des personnes dire : « Je ne peux pas m'ouvrir, c'est trop dangereux... »
En effet, si dans la relation, il est trop dangereux de vivre en même temps la connexion et l'ouverture, nous pouvons aisément comprendre pourquoi beaucoup de personnes ont autant de difficultés à réellement accepter et accueillir les compliments qui leur sont faits. Cela nous permet également de mieux comprendre le pourquoi des sabotages et des fuites dans la relation.
Le couple a donc besoin d'apprendre à rester en lien et à expérimenter les sentiments positifs. Il a appris à nettoyer l'espace, à écouter l'enfant blessé chez le partenaire, à lui donner ce qu'il réclame, il a les outils et les compétences pour créer et maintenir le lien dans le couple. Il s'agit maintenant d'engendrer chez chacun des partenaires un état qui s'apparente à celui qu'ils ont connu dans leur phase romantique, mais cette fois sans les substances chimiques !
Puisque le couple a cette conscience de l'autre comme une personne séparée, différente, avec le même droit que lui d'exister, de penser, d'agir, de ressentir, de sentir, alors il est temps de chérir cette personne. De lui donner ce qui va lui permettre de se réaliser pleinement. De mettre à chaque page de l'agenda un rappel de cet engagement. N'oubliez pas que chaque fois que vous manifestez une attention qui correspond à l'un des besoins de votre partenaire, vous vous offrez un cadeau en retour : le cadeau qui consiste à faire grandir un aspect de vous-même jusque-là gelé.
Un des moyens pour transformer et nourrir l'espace sacré entre vous et votre partenaire, ce n'est pas seulement de nettoyer la pollution que vous avez laissé s'accumuler, c'est aussi de mettre de bonnes choses dans cet espace. Chaque fois que vous générez de la romance dans votre couple, que vous apportez du plaisir, de la joie, du rire, des appréciations positives, vous augmentez la sensation de sécurité.
John Gottman, qui s'est penché sur les raisons du succès ou de l'échec des couples, a relevé que les mariages qui durent sont les mariages dans lesquels les partenaires créent au moins cinq interactions positives pour chaque interaction négative. Par interaction positive, Gottman parle de petites choses, telles qu'appeler son partenaire par son petit nom, lui sourire, le toucher, lui prodiguer une caresse et toutes les façons de lui manifester de l'amour.
Beaucoup de gens rétorquent qu'ils ne peuvent pas dire ou faire des choses qu'ils ne sentent pas, car ce n'est pas authentique. Sachez que ces réactions sont fréquentes, mais qu'elles nous ramènent en arrière, qu'elles sont destructrices pour l'épanouissement du couple. Est-ce que la tendresse, l'affection, l'intimité, les caresses ne sont pas authentiques ? Alors que seuls les critiques, les reproches et les blâmes seraient eux authentiques ?
D'autres pensent qu'il suffit d'attendre que l'amour revienne avant qu'ils ne disent ou ne fassent des choses amoureusement.
En fait, au lieu de le ressentir, vous devriez faire l'amour (pas seulement sexuellement), ainsi vous sentiriez l'amour que vous créez, en disant ou en faisant des choses avec amour.
Certaines personnes ont encore cette croyance magique, issue de la petite enfance, « que tout doit m'être donné spontanément puisque l'autre m'aime ».
Attendre de sentir l'amour, c'est comme laisser à votre cerveau reptilien le soin de prendre en charge votre relation. Prenez votre relation en main avec votre nouveau cerveau, avec intentionnalité, décidez de faire et de dire de plus en plus de choses avec amour, et vous découvrirez que le sentiment d'amour grandira.
Guérir une personne, c'est aussi lui donner de la joie chaque jour, lui permettre de se connecter avec sa joie au moins une fois par jour, tous les jours. Ce n'est pas suffisant d'accepter l'autre, il s'agit également d'être proche de lui, dans la différence. Il s'agit de redécouvrir votre partenaire, parce qu'ainsi vous allez redécouvrir l'enfant spontané, ouvert, rieur, joueur, en lui.
Donnez ce qui enchante le cœur de votre partenaire, ainsi l'enfant libre en lui sortira pour recevoir ce cadeau. Donnez à votre partenaire ce que vous voudriez qu'il vous donne.
Parmi les choses simples que le couple doit apprendre à introduire dans son quotidien, il y a les compliments et les appréciations positives.
En effet, notre vieux cerveau est tellement focalisé sur ce qui ne va pas, sur ce qui pourrait poser un problème, que nous oublions à quel point cela est agréable d'être regardé dans les yeux par notre partenaire, de sentir son affection et le bien-être que cela représente.