La parabole suivante du ‘Hafets ‘Haïm nous éclaire sur la façon de nous préparer, pendant le mois d’Eloul, aux Jours Redoutables.
Un commerçant de village se rendait toujours en ville pour renouveler son stock. Il entra, un jour, chez son fournisseur habituel pour commander une grande quantité de marchandise à crédit.
“Je regrette de ne pas pouvoir vous satisfaire”, lui répondit le grossiste. “En effet, en vérifiant mes comptes, j’ai constaté que vous n’avez pas payé vos factures depuis plusieurs mois déjà ! À chaque fois, vous m’avez promis de m’envoyer la somme due aussitôt de retour au village sans jamais tenir parole. Vous comprendrez que, dans ces conditions, je refuse de vous vendre quoi que ce soit.”
Le commerçant se confondit en excuses, expliqua qu’il avait eu des impondérables mais il lui assura que, cette fois, il réglerait le solde de toutes ses dettes sans faute dès qu’il arriverait chez lui. Le grossiste se laissa convaincre et lui livra la marchandise à crédit.
Un mois puis deux passèrent sans nul signe de vie du commerçant. Il apparut pourtant quelques semaines plus tard chez son fournisseur pour se réapprovisionner.
Il essuya, cette fois, un refus catégorique. “Il y a des limites à tout !” lui dit le grossiste. “Je n’ai plus aucune confiance en votre parole. Je regrette mais vous ne recevrez plus rien de moi !” Ni prières ni promesses ne firent revenir le fournisseur sur sa décision.
Pendant cette discussion, un client entra dans la boutique et surprit les propos des deux hommes. “Je m’excuse d’intervenir”, dit l’homme en s’adressant au villageois “mais il est inutile d’insister. Vous n’avez aucune chance. Tout achat à crédit exige un minimum de confiance réciproque et vous l’avez trahie en manquant à chaque reprise à votre parole. Tout ce que vous pouvez faire à présent, c’est tenter de rétablir ce climat de confiance. Comment vous y prendre ? Tout d’abord, s’il vous est impossible de payer une forte somme en une seule fois, pourquoi commander une si grande quantité de marchandises ? Achetez plutôt quelques petits articles que vous pouvez régler au comptant. Certes, vous ferez nettement moins de bénéfices mais qu’importe, vous viendrez vous réapprovisionner plus souvent ! Peu à peu, votre fournisseur reconnaîtra que vous êtes sérieux et que vous payez vos créances. En vous voyant honorer vos engagements, il oubliera les événements passés et consentira à vous faire crédit comme par le passé.”
Au seuil de la nouvelle année, nous allons solliciter le bonheur, la santé et la prospérité. Dans le ciel, on nous demandera : “De quel droit, en échange de quels mérites sollicitez-vous cela ?”
“À crédit !” répondrons-nous. “Nous promettons dorénavant de nous améliorer !”
Mais dans le Ciel, on vérifiera les “carnets”.
“Vous avez dit la même chose l’année dernière, il y a deux ans, il y a trois ans”, nous rétorquera-t-on, “et jusqu’à présent, rien n’a changé. Vous n’êtes pas dignes de confiance. Votre parole est sans valeur car vous n’honorez pas vos engagements. Vos décisions ne sont pas suivies d’effet, votre Vidouï n’est pas sincère...” Que répondre à cela ?
Nous n’avons pas le choix. Nous devons, dès maintenant, nous efforcer de rétablir un rapport de confiance. De quelle façon nous y prendre ? En ne nous engageant que pour de petits changements, faciles à respecter, juste pour prouver notre détermination. Achetons seulement de la “marchandise” que nous sommes en mesure de payer comptant : deux heures par jour sans dire de Lachone Hara', engageons-nous à bien nous concentrer sur le premier verset du Chéma', sur la première bénédiction de la 'Amida, de faire attention à telle Brakha, etc.
Ainsi, lorsqu’au Jour du Jugement nous promettrons d’améliorer notre conduite, on nous fera confiance. Mettons donc le mois d’Eloul à profit...