Y-a-t-il plus grande joie que de se rendre compte que ce que l’on avait pensé être un coup dur, s’avère en vérité être un bienfait extraordinaire ? On nous a refusé un emploi pour en définitif en trouver un bien meilleur, on n’a pas pu s’associer dans un grand projet dont les planificateurs sont en réalité des escrocs, un contretemps nous empêche d’arriver à temps pour prendre un autobus qui va faire un accident, un simple mot “de trop” provoque la rupture avec un éventuel conjoint qui plus tard se révélera comme une personne au caractère exécrable, etc.
Si pour des événements ponctuels, nous avons ressenti le bonheur de voir la “main” du Créateur qui dirige notre vie vers le bien, à plus forte raison si nous étions capables de La déceler continuellement, à quel point un sentiment de satisfaction intense nous envahirait. Mais nous en sommes incapables et nous butons très souvent sur des questions sans réponse.
Notre époque est particulièrement secouée par divers événements dont on ne perçoit pas la portée, comme la montée de l’Islam radical, la dépendance à internet et aux Smartphones, les changements brutaux de gouvernements aux USA, l’instabilité politique en Israël et dernièrement le Covid-19 qui nous rend tous un peu fous.
Un Juif a appris de ses ancêtres à accepter avec Emouna son destin, en sachant que tout ce qui lui arrive est pour son bien. De même, le peuple hébreu, fortement secoué pendant ce long exil, attend patiemment la Délivrance avec confiance, toujours fidèle à son poste.
Mais il arrive parfois dans la vie que le puzzle de tous les éléments disparates et incompréhensibles de l’existence s’associent et nous donnent la vision d’un magnifique tableau. Cela a été le cas chez nos ancêtres lors de la traversée de la mer Rouge où, sortant du pénible et long esclavage, libres et riches, ils eurent devant les yeux le spectacle de leurs maitres cruels périssant noyés sous les vagues impétueuses. La promesse de l’Eternel à ce moment s’était entièrement réalisée et dans l’extase de cette délivrance, ils entonnèrent un chant, la fameuse Chira que l’on prononce dans la prière du matin (Az Yachir Moché).
Ce chant est prophétique puisque nos Sages déduisent de ce texte une allusion à la résurrection des morts qui aura lieu à la fin des temps (Sanhédrin 91b). En effet, Il est écrit “Alors Moché chantera” au futur, ce qui indique que Moché Rabbénou va revivre et, associé aux autres ressuscités, va chanter à nouveau. Dans les Psaumes (126, 2), nous trouvons aussi le fait qu’au moment de la Délivrance finale, durant laquelle tous les Juifs retourneront sur leur terre à l’époque messianique tant attendue, “D.ieu remplira nos bouches de chants joyeux et notre langue d’allégresse”.
La sortie d’Egypte comme la délivrance de la fin des temps est marquée par des chants de joie, parce que justement, après une longue période durant laquelle les Juifs furent éprouvés, vient le moment d'éclaircissement qui explique la nécessité de l’exil et donne un sens à toutes leurs tribulations. La résurrection des morts est le moment de la récompense suprême pour avoir gardé la foi en D.ieu et Lui avoir été fidèle. C’est un moment de clarification où chacun prend parfaitement conscience de son but sur terre. Alors là aussi, on chante de toute son âme le chant de la vie qui longtemps est restée une énigme et qui prend tout son sens dans cette réalité de lumière et de dévoilement.
En attendant, nous sommes encore dans l’obscurité et nous devons nous abstenir de vouloir tout comprendre. Car la plus grande souffrance de l’homme n’est pas dans sa chair, mais au niveau de l’esprit.
Le moment de la Révélation n’est pas encore arrivé, et ce n’est qu’alors qu’il nous sera donné de saisir l’énigme de l’existence.
”Ceux qui ont semé dans les larmes, récolteront dans la joie” (Téhilim 126, 5).