Notre maître Maïmonide, le Rambam, exerçait en tant que médecin personnel du roi d’Egypte. Cependant, sa réussite dérangeait les ministres du roi, et, par jalousie, ils incitèrent le roi à se débarrasser de lui et à nommer à sa place un médecin musulman nommé Khamoun. "Rabbi Moché ben Maïmon est juif, pourquoi ne prendrais-tu pas un médecin issu de la même religion que toi ?" Et c’est ainsi qu’ils louangèrent jour et nuit les compétences du docteur Khamoun au détriment du Rambam.
Le roi savait qu’ils parlaient par jalousie et connaissait l’infinie grandeur de la sagesse du Rambam et de ses compétences. Il lui était très difficile d’abandonner son médecin personnel si dévoué, mais d’autre part, il ne pouvait résister à la pression de ses ministres. Il décida donc, sans hésiter, d’établir une confrontation dangereuse entre le Rambam et le plus grand des médecins arabes.
Le roi convoqua les deux médecins et les soumit à un horrible défi : "Chacun de vous devra essayer d’empoisonner son rival, et celui qui réussira à se sauver de cet empoisonnement et qui restera en vie grâce à un remède qu’il aura préparé à l’avance, sera désigné comme étant le médecin personnel du roi."
Pour déterminer lequel des deux médecins devrait avaler le poison de son rival le premier, le roi procéda à un tirage au sort. Le résultat fut que Rambam serait le premier à boire le poison.
Le médecin musulman rentra chez lui et s’affaira pendant une semaine entière uniquement à la préparation d’un poison puissant et rapide. Un élixir de mort si terrible, que même si on faisait avaler à la victime toutes sortes de remèdes, il serait déjà trop tard.
Le Rambam plaça sa confiance entièrement en l'Eternel. Il prépara des remèdes appropriés pour combattre le poison. Il demanda également à ses élèves de l’allonger sur le sol immédiatement après qu’il eut ingurgité le poison afin que son sang ne circule pas rapidement et que le poison n'ait pas le temps de se propager dans tout le corps. Lorsqu’il serait allongé, ils devraient immédiatement lui faire boire le mélange qu’il avait lui-même confectionné auparavant.
Le jour décisif arriva, et tous les habitants d’Egypte attendaient impatiemment de savoir lequel survivrait à cette terrible épreuve.
Les deux médecins se tinrent devant le roi tenant chacun entre ses mains sa préparation. Khamoun, le médecin musulman, s’approcha et tendit au Rambam la terrible préparation qu’il avait lui-même préparé. Sur le visage du Rambam, aucun signe d’inquiétude. Ses lèvres murmuraient longuement et lentement une prière, et il bu d’un seul trait le poison. Immédiatement après avoir avalé le poison, ses élèves l’allongèrent au sol et lui firent boire le mélange qu’il avait lui-même préparé afin de neutraliser le poison.
Par grâce divine, au bout de quelques jours, il apparut que, de même que le poison était suffisamment efficace pour menacer la vie du Rambam, ainsi le remède fonctionna à merveille et fit son effet. Le Rambam se rétablit peu à peu et guérit complètement. Après quelques jours, il retourna à son poste comme si rien ne s’était passé.
Arriva alors le tour du Rambam de faire boire au médecin musulman le poison. Le moment opportun se présenta, et Khamoun trembla de tout son corps quand il se retrouva face au médecin juif. Il savait à quel point le poison qu’il lui avait fait boire était dangereux, et à présent, il pouvait voir la vigueur du Rambam, qui avait réussi à survivre à son poisson meurtrier. Il avait très peur. Quelques jours auparavant, il avait rempli son ventre de toutes sortes de remèdes et de potions en tout genre pour préparer son corps à faire face au poison destructeur du médecin juif.
Quelques minutes avant l’épreuve, le Rambam entra dans la cuisine du palais royal, prit deux concombres, deux tomates, quelques poivrons et beaucoup d’épices. Il mélangea le tout et prépara une boisson absolument inoffensive mais d’apparence terrible et redoutable.
Muni de cette boisson, le Rambam entra devant le Roi et ses ministres et il en fit boire son adversaire. Les mains tremblantes de peur, son corps s’ébranla comme une branche dans le vent, Khamoun avala la terrible boisson et prit immédiatement le remède contre le poison. Connaissant les sensations et les effets de l’empoisonnement, Khamoun s’attendait à de terribles frissons et des faiblesses du corps. Etonnement, il n’en fut rien. C’était comme s’il n’avait pas avalé de poison.
Et ceci le terrorisa. Il savait que le Rambam était un géant dans la connaissance du corps humain et dans l’influence des élixirs sur celui-ci. Ceci le préoccupa tellement qu’il dit à ses proches : "Rambam, dans son infinie sagesse, m’a probablement donné un élixir qui agit lentement et qui ne fera effet que lorsque je mangerai un aliment supplémentaire, peut-être de la viande..."
Ainsi, Khamoun cessa de manger de la viande. Ses doutes sur les effets du poison associé à un autre aliment l’obligèrent à retirer les gâteaux cuits au four de son alimentation, mais voyant que la viande et les gâteaux ne faisaient pas fonctionner le poison, il commença à retirer le lait de son alimentation.
Une semaine plus tard, Khamoun était très inquiet. Il se coucha, se leva, sortit de chez lui et revint, prit sa tension et ausculta son pouls. Il pensait que d’ici quelques instants, le poison allait agir car sa puissance était telle qu’il n’agissait pas immédiatement.
Et voici que le Rambam croisa Khamoun dans les couloirs du palais, le visage livide et le corps amaigri, n’ayant plus que la peau sur les os. "Dis-moi je t’en prie, demanda le médecin juif, est-ce vrai que tu ne manges plus rien et ne bois plus rien ?"
A ce moment précis, le visage de Khamoun se figea, et il s’évanouit aux pieds du Rambam. Le Rambam l’ausculta et constata que son cœur avait cessé de battre.
Le roi d’Egypte fut satisfait du résultat du défi. Il convoqua le Rambam, et lui demanda de lui dévoiler la composition de ce poison qui agit une semaine plus tard…
"Qu’Hachem me préserve de ce genre de choses, je ne l’ai pas du tout empoisonné. Je ne me sers pas de la sagesse que m’a gratifié Hachem pour faire du mal. Ma compétence médicale a pour but de faire vivre, et non de tuer", répondit le Rambam au roi. Le roi fut particulièrement surpris, Khamoun était bien mort une semaine après avoir bu du poison !
"Il est mort à cause de lui, expliqua le Rambam. Il est mort de par son imagination suite à la peur du poison qui n’agissait pas."
Le roi comprit que le Rambam était non seulement un grand médecin, mais aussi un grand Sage, et il le plaça au-dessus de tous les ministres.
Il ne nous reste plus qu’à conclure, suite à cette formidable histoire : il faut être particulièrement vigilant à la force de notre imagination, qui peut mener un homme à sa perte, voire à sa mort…
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