[Vidéo] Rav Benchetrit sur "Toulouse" au Koumzits 2012
Soirée Koumzits 2012
au Casino de Paris
Intervention du Rav Yehia Benchetrit
Le 16 Mai 2012, Torah-Box organisait pour la première fois un "Koumzits" au Casino de Paris. Après le drame de Toulouse, il fallait recharger les batteries materielles et spirituelles de notre communauté.
Quelques heures avant l’attentat de Toulouse, Rav Benchetrit se trouvait dans cette ville. Il y était venu pour un Chabbat plein, organisé à l’école Ozar HaTorah et auquel ont participé des dizaines de personnes, dont le Rav Yonathan Sandler.
Lorsqu’il a entendu parler du terrible attentat, Rav Benchetrit a d’abord voulu annuler les conférences qu’il avait prévu de donner dans la semaine ; mais il s’est dit ensuite qu’agir de la sorte serait une manière de céder devant le terrorisme. Il a donc décidé de continuer à donner des cours de Torah avec sim’ha, humour et profondeur, malgré l’angoisse due au terrible événement qui venait d’avoir lieu.
Lorsqu’il prononça le Dvar Torah qui va suivre, le public auquel il s’adressa était en train de vivre un événement assez joyeux (le concert) mais traversait, en même temps, une période difficile (puisque l’attentat s’était produit environ deux mois auparavant). C’est ce qui l’amena à dire que la vie est peut-être un mélange de douceur et d’amertume.
Parfois, nous ne savons pas si Hachem attend de nous que nous nous réjouissions ou que nous nous attristions. Il arrive, en effet, qu’une personne vive un heureux événement et soit, dans la même journée, confrontée à une situation très difficile.
Nous avons tendance à avoir une image positive de la vie et à considérer la mort comme angoissante et effrayante. Mais, en vérité, nous devons accepter la vie et la mort ; car elles sont -toutes deux- des messages d’Hachem.
Tout ce qu’Hachem fait est pour le bien, comme il est dit « Kol ma déavid Ra’hamana létav ». Certaines choses sont douloureuses (divorce, décès…) ; mais chaque événement que nous vivons et chaque personne que nous rencontrons sert à nous compléter, à révéler une facette de notre personnalité, à exprimer une partie de notre potentiel. C’est en ce sens qu’ils sont ‘’tov’’, même s’ils ne correspondent pas forcément à ce que nous aurions voulu.
En effet, dans la Torah, le mot ‘’tov’’ signifie ‘’complet’’, et non ‘’bon’’ ou ‘’agréable’’. Il est -par exemple- employé pour parler du yétser hara (mauvais penchant) ; car, lorsqu’on sait maîtriser celui-ci, on peut atteindre de très hauts niveaux spirituels.
Pour obtenir une chose, il faut s’en rapprocher, mais aussi nous éloigner de ce qui nous en sépare. Pour devenir ‘hakham, il faut sacrifier la bêtise et les mauvaises midot. Pour qu’un couple puisse atteindre l’amour commun, il faut que chacun des conjoints ait sacrifié son amour-propre (c'est-à-dire son orgueil et son égoïsme). Pour aider un enfant à devenir ce qu’il doit être, il faut l’aimer tel qu’il est (ce qui implique parfois de renoncer à réaliser nos propres ambitions à travers lui), sans le comparer à qui que ce soit.
Il n’est pas toujours évident d’accepter la réalité telle qu’elle est. Mais Hachem ne cherche pas forcément à nous faire plaisir ; Il désire nous faire du BIEN.
De nos jours, les gens veulent tout obtenir rapidement : le chalom bayit, la réussite dans l’éducation des enfants, l’argent... Mais, dans la vie, il faut acquérir ; et cela prend du temps.
Pour pouvoir amener sous la ‘Houpa un tsadik équilibré et autonome, il faut avoir fait preuve de beaucoup de patience envers cet enfant.
Au lieu de considérer nos efforts comme un sacrifice, voyons-les comme un investissement.
On ne peut donner le meilleur que si on a sacrifié le pire. Le bien ne se développera que lorsqu’on aura sacrifié le mal. Pour devenir intelligent, il faut avoir sacrifié la bêtise ; pour devenir généreux, il faut avoir sacrifié l’égoïsme…
La Torah nous demande de bénir le bien et le mal : « Kéchem chémévarékhim al hatova, kakh mévarékhim al haraa ».
Bénir le bien, c’est faire en sorte qu’il puisse se développer. Cela consiste par exemple à s’investir dans son chalom bayit -même lorsque tout va bien dans le couple- pour lui permettre de durer.
Bénir le mal ne signifie aucunement ‘’savourer’’ la douleur. Il s’agit de voir le positif qui se trouve dans l’événement, pour lui permettre de se développer.
Lorsqu’il nous est impossible de le voir le bien qui se trouve dans le mal, il reste la émouna.La émouna commence là où la compréhension s’arrête. Si la réponse à une question dépasse tellement notre entendement que nous ne pourrons l’avoir qu’au Machia’h, arrêtons de nous interroger sur ce sujet que nous ne sommes -pour l’instant- pas en mesure de saisir. Acceptons les données même si nous ne les comprenons pas, faisons preuve de émouna.
Lorsqu’on accepte une plaie, elle cicatrise ; lorsqu’on la refuse, elle putréfie.
Lorsqu’on accepte un événement, on détruit le négatif qu’il contient ; et on permet ainsi au positif qu’il renferme d’apparaître et de se multiplier.
Qu’Hachem nous aide à détruire le négatif qui est en nous pour que le positif puisse se dévoiler et que nous puissions accueillir le Machia’h !
Retranscription : Melle Léa Marciano
>> 1ère partie du Koumzits : Yossef-'Haim Shwekey