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Yom Ha'atsmaout : se réjouir - dans quelle limite ?

Rédigé le Jeudi 12 Mai 2016
La question de Anonyme

Chalom,

Concernant Yom Ha'atsmaout, c'est un jour à la fois triste et heureux : triste car cela a été initié sans aucune volonté religieuse, et même pire, certains ont voulu "déjudaïser" les juifs (en coupant les Péot des enfants etc.), mais heureux car nous avons pu revenir sur notre terre.

En ce qui me concerne, je suis religieuse, donc je ne fais pas le Hallel, et Yom Ha'atsmaout est un jour comme un autre. Cependant, je me demande si on ne doit pas se réjouir quand même qu'Hachem nous ait laissé revenir sur notre terre ?

On voit que plusieurs fois les Bné Israël ont voulu retourner en Israël avant que ce soit le bon moment et qu'ils ont été anéantis par les autres peuples. Là, ça n'a pas été le cas, donc Hachem voulait-Il que cela se passe de cette manière et à ce moment ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40334 réponses

Bonjour,

Il n'est pas interdit de se réjouir le jour de Yom Ha’atsmaout.

Bien au contraire, il faut être envahi de reconnaissance vis à vis d'Hachem nous ayant permis de vivre sur une terre où, mieux que partout dans le monde, il est possible d’accomplir les Mitsvot.

Rav Ovadia Yossef s'est prononcé à ce sujet. Chaque mot vaut son pesant d'or : https://www.torah-box.com/news/monde-torah/yom-haatsmaout-rav-ovadia-merci-hachem-pour-ses-miracles_304.html

Le Rav de Brisk, un des géants de la Torah du siècle passé, a affirmé que :

"L’acceptation de l'O.N.U. concernant la création de l'état d'Israël, est un joli sourire de la part du Ciel".

Cependant :

1. Il ne faut pas perdre de vue que certains de nos confrères sont encore loin du droit chemin.

2. Il est strictement interdit de marquer cette reconnaissance et cette joie d'une manière non conforme à la Halakha.

Lisez ce qui suit, c'est une merveille.

Dans le dernier livre de la Torah, le Séfer Devarim, Moché Rabbénou s'apprête à se séparer des Bné Israël. A son grand regret, il les quitte de l’autre côté du Jourdain et va les laisser parcourir la terre d’Israël.

Bien évidement, il ne les quittera pas avant de leur avoir donné toutes les recommandations nécessaires pour pouvoir réussir leurs missions : conquérir la terre d'Israël et surtout en assurer la pérennité.

Toutes ces leçons continuent d’être actuelles.

Le peuple juif est encore aujourd’hui à l’orée de la terre d’Israël et a peut-être besoin de relire les recommandations de Moché Rabbénou afin de résider sur cette terre comme il se doit. Hachem n’a pas envoyé les Bné Israël dans un désert où ils n'auraient « gêné personne », mais Sa volonté était de nous diriger vers le pays qu’Il avait prévu d’attribuer au peuple d’Israël depuis la création du monde.

Les règles qu’Il a fixées sont très claires : "Si vous vous conduisez comme le firent les Cananéens avant vous, Je vous chasserai comme Je les ai chassés devant vous". En d’autres termes, il n’y a pas de préférences, de népotisme à l’égard des Bné Israël. Il y a des règles que les Bné Israël ont eu le bonheur de connaitre par avance : écouter les lois de la Torah, les respecter, en faire notre idéal, et surtout éviter d’être « assimilés » par les modes de vie de ceux qui nous entourent.

Cela ne veut pas dire pour autant que la terre d’Israël doit être un "No man's land", un lieu dépourvu de toute vie humaine en-dehors des Bné Israël. La Torah conçoit, comme le dira très bien Rambam, que des non-juifs puissent y résider. Cependant, ils auront le devoir d’accepter la mission du peuple d’Israël et de respecter les lois « noa’hides », les sept Mitsvot que l’humanité doit respecter.

En d’autres termes, si un non-juif veut rester en Erets Israël, il doit accepter d’être un homme moral tel que la Torah le définit. Dans cet environnement, les Juifs peuvent résider, se développer, et le feront nécessairement.

Qui pouvait prévoir dès l’origine, en-dehors de l’Eternel Lui-même, qu’après être entré en Erets Israël nous serions obligés de la quitter, non pas une fois, mais deux ? Ce fut hélas le cas, dans des drames de larmes et de sang...

Mais la même Torah dit bien que la terre d’Israël reviendra un jour, quoi qu'il arrive, au peuple d’Israël et à lui seul.

Cette troisième chance, « la dernière », nous y sommes.

Voilà pourquoi, à mon humble avis, le vrai danger des Juifs en Erets Israël n’est pas représenté par un défi militaire ou économique (dont nos frères ont déjà prouvé qu’ils étaient largement capables de surmonter), ni un défi social : là encore le succès était au rendez-vous.

La véritable question est de savoir quelle est notre référence en tant que guide, comme on le dit dans la ‘Amida de tous les jours « Hachiva Chofténou Kévarichona », « fais revenir nos juges comme autrefois ».

Quelle justice pour le peuple juif en terre d’Israël ? Voilà la vraie question.

Ce problème n'a rien à voir, par ailleurs, avec les qualités des hommes actuellement chargés de la justice, mais plutôt de la référence des lois auxquelles ils sont eux-mêmes dépendants.

Lorsque l’état d’Israël aura accepté l’idée que le peuple juif ne peut être « gouverné » uniquement par une loi qui est conforme aux idéaux de la Torah, il n’y aura plus de souci à se faire à propos de la pérennité du peuple sur sa terre, ni à propos de leur coexistence avec leurs voisins. Ces derniers deviendront pacifiques au vu de la qualité morale du peuple d’Israël et accepteront tous, car c’est bien le cas, qu’il existe un D.ieu au-dessus de nous qui a donné des lois auxquelles tout le monde est soumis... Et dont Il a chargé Son peuple, le peuple d’Israël, d’être l’éclaireur, la lumière, la bannière.

Signé : Rav Joseph Sitruk.

Ci-dessous, une réponse que j'ai rédigée l'an dernier et que je vous adresse avec le plus grand plaisir :

La conception du Yom Ha’atsmaout défendue et véhiculée par les dirigeants de l'état d'Israël ainsi que par une partie importante de l'ensemble des habitants de notre pays, est bien différente de celle qui est adoptée par les représentants de la Torah.

Voici, en peu de mots et comme vous souhaitez le savoir, la manière de fêter le Yom Ha’atsmaout selon la Torah : 

1. Chaque pas de notre vie est guidé, géré et calculé par la HALAKHA, et ce, pour notre plus grand bien.

La HALAKHA se trouve dans les écrits du RAMBAM et du CHOUL'HAN 'AROUKH.

Le CHOUL'HAN 'AROUKH est cette œuvre gigantesque rédigée par Rabbi Yossef Karo [1488-1575] où se trouvent les moindres détails concernant notre manière de vivre : penser, manger, travailler, dormir, parler, chanter, marcher, etc., et ce, pour notre plus grand bien. Tout y est; comme une table dressée et prête pour le repas.

La notion d'indépendance n'existe pas dans la Torah ! Qu'on ne vous dise pas le contraire ! Le peuple juif a toujours été et sera toujours DÉPENDANT d’HACHEM E’HAD et de SA TORAH. Le TÉHILIM est rempli de versets renfermant cette idée. Si les lois régissant notre mode de vie ne sont pas celles de la Torah, il n'est pas possible d'affirmer que nous sommes indépendants. Même le plus grand des méchants de tous les temps – BIL’AM HARACHA’ - comprit cela : "Voici c'est un peuple qui résidera SOLITAIRE et qui, parmi les autres nations, ne sera pas compté". [Bamidbar 23, 9] Nos Sages disent : A travers cette bénédiction, on devine sa véritable intention : il espérait voir les enfants d'Israël s'assimiler aux autres nations et se retrouver dépourvus tout à la fois de religion et de renom. Voir Sanhédrin 105a.

Tout commentaire serait superflu.

2. Nous devons louer Hakadoch Baroukh Hou pour chaque respiration et pour chaque pas qu'Il nous permet de faire. "On ouvre les yeux le matin, disons MERCI. Tout le reste, c'est du surplus".

Donc à plus forte raison qu'il repose sur nous de Le remercier pour nous avoir permis de regagner notre terre où il est possible d'étudier ["tant que les politiciens nous le permettront"] et d'accomplir toutes les Mitsvot.

Mais chacun a sa manière de remercier.

Les uns rejettent la Kippa et les autres font pousser du concombre pendant Chabbath.

Les uns font disparaître toute séparation entre les hommes et les femmes et les autres mettent sur pied des lois interdisant le respect du Chabbath.

Les uns emprisonnent ceux qui s'adonnent à l'étude de la Torah et les autres investissent des MILLIARDS pour envoyer des satellites dans l'espace [Ofek 7 et Ofek 8] afin d'espionner nos ennemis. Bien évidemment, Hachem est allé dormir, Il ne nous surveille plus. 'HASS VÉCHALOM ! [Voir Téhilim 127]

Les uns vont faire griller un morceau de viande sur la pelouse du coin, et les autres... vont implorer la miséricorde Divine pour que soit édifiée la ville sainte - Yérouchalaïm - constituant le soubassement du royaume messianique fondé par Hachem et dirigé par Son serviteur, issu de la maison de David : Le Machia'h.

3. Ouvrons-donc les yeux : Hachem attend-Il vraiment des grillades le jour de Yom Ha’atsmaout ? N'avons-nous pas suffisamment de belles fêtes extraordinaires pour exprimer notre gratitude envers Lui ?

N'est-ce pas plutôt l'odeur de l'encens et des sacrifices brûlés sur le Mizbéa'h que l'on devrait regretter ?!

Nous avons l'obligation de fuir les usages solidement enracinés des autres peuples. La différence entre les "décrets" de la Torah et les "décrets" des autres sociétés consiste à savoir que les premiers sont des décrets de D.ieu, tandis que les autres sont le produit de l'esprit humain. La Torah nous demande d'être vigilants afin de ne pas tomber dans le piège du conditionnement qui conduit à adopter les pratiques des sociétés étrangères.

Hachem avertit les Bné Israël : "Vous ne marcherez pas dans leur voies" Vayikra, chapitre 18, verset 3.

Ce verset ne nous interdit pas la pratique de l'idolâtrie ou la superstition, car d'autres passages explicites de la Torah traitent des interdictions s'y rapportant.

Ici, la Torah donne au juif un avertissement d'ordre général : il ne doit ni participer aux usages sociaux des non-juifs, ni les imiter.

Hachem dit : "Ne vous asseyez pas dans leurs théâtres, dans leurs cirques, ou dans leurs stades." Torat Cohanim sur A'haré Mot.

Dans tous les domaines de la vie, nous devons être reconnaissants en tant que peuple élu d’Hachem en nous dissociant des habitudes sociales des non-juifs, qui, quand elles n'ont pas leur source dans des pratiques idolâtres, sont dans le meilleur des cas, frivoles et dénués de sens [Midrash raconte Vayikra page 264].

4. Le jour de Yom Haatsmaout, je vous conseille de prendre un Téhilim et de réciter une bonne partie des Psaumes suivants avec leur traduction : 8, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 22, 23, 25, 27, 30, 33, 34, 42, 55, 71, 81, 86, 91, 100, 113, 118, 121, 127, 142, 144, 145.

5. Je conclurai en disant : "Fais-nous revenir notre Père, à Ta Torah, approche-nous, notre Roi, de Ton service; ramène-nous d'un repentir total devant Toi. Fais retentir la grande trompette pour notre délivrance et rassemble nos exilés [physiquement et spirituellement]. Rassemble-nous, tous ensemble, des quatre coins de la terre [et des quatre coins du pays]. Amen.

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

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