Chalom Rav ,
Dans la soit-disant contradiction de Yehoyakin, vous dites que le Radak explique que Yehoyakin devint roi à l'âge de huit ans , mais qu'il n'était que le roi effectif , et ce jusqu'à dix ans plus tard où il devint roi à part entière à la mort de son père . Seulement voilà : il est dit dans 2 Rois 24: 8 que Yahoyakin avait huit ans lorsqu'il devint roi , et qu'il régna trois mois à Jérusalem . Si il était resté roi effectif pendant 10 ans , il aurait été dit : Yehoyakin régna 10 ans à Jérusalem . Puis lorsqu'il devint roi à part entière, il aurait été dit : Yehoyakin régna 3 mois et dix jours à Jérusalem .
Comme ça une contradiction aurait corrigé une autre, et cela serait parfaitement compréhensible .
Voilà donc en gros, si Yehoyakin devint roi effectif et le resta pendant 10 ans , alors pourquoi est-il écrit qu'il ne régna que trois mois à ce moment là ?
Merci
Bonjour,
Permettez-moi d’abord de vous signifier, que ce n’est pas dans : « 2 Rois 24: 8 que Yahoyakin avait huit ans lorsqu'il devint roi », mais dans Chroniques, 2, 36, 9. Dans Rois, 2, 24, 8 le texte cite 18 ans.
Avant de répondre, faisons la remarque, que dans Rois, le verset ne mentionne qu’un règne de trois mois, mais dans Chroniques : « il règne trois mois et dix jours ». Pourquoi figure-t-il dix jours de plus ?
En fait, pour dire « dix jours », le texte utilise le mot : yamim. D’habitude, ce mot signifie jours, mais parfois, la Thora l’utilise pour signifier : années.
Examinons Lévitique, 25, 29 :
« Si un homme vend une maison d'habitation dans une ville entourée de murs, il aura le droit de rachat jusqu'à l'accomplissement d'une année depuis la vente; son droit de rachat durera un an ».
Le mot un an à la fin du verset est formulé avec le mot yamim.
La raison de ce fait curieux s’éclairci par une locution, que Rebekka adresse à son fils Jacob :
« Maintenant, mon fils, écoute ma voix! Lève-toi, fuis chez Lavan, mon frère, à Haran; et reste auprès de lui quelque jours, jusqu'à ce que la fureur de ton frère s'apaise » (Genèse, 27, 43-44).
Rebekka dit yamim ahadim, quelques jours, or Jacob reste chez Lavan des longues années ! Car les sept ans que Jacob travaille chez Lavan pour obtenir Rahel, sont passées à ses yeux comme « quelques jours », tellement il a été excité à l’idée de marier avec elle :
« Ainsi Jacob servit sept années pour Rachel: et elles furent à ses yeux comme quelques jours, parce qu'il l'aimait », (Genèse, 29, 20).
Ainsi, quand Lavan essaye de retarder le départ de sa sœur Rebekka, il utilise le mot yamim pour dire année :
« Que la jeune fille reste avec nous yamim, ou une dizaine », (Genèse, 24, 55).
Rachi commente (en nom de la Guémarah) : « que veut dire : yamim, des jours ? Lavan aurait-il demandé : « laisses nous la fille encore quelques jours, ou une dizaine » ? Mais qui demande-donc un petit service, et si l’autre refuse, un plus grand ? Non, yamim veut dire : année. Lavan a demandé : « laisse nous la fille encore une année, et sinon, au moins dix mois ».
Lavan utilise le mot yamim pour dire à Eliezer : laisses-nous la fille encore un an, qui passera rapide comme quelques jours.
Ainsi en est-il dans le verset cité du rachat de sa maison. La Thora appelle l’année yamim, pour avertir le vendeur: « ne tardes pas de la racheter, car l’année passera rapidement, comme quelques jours » !
Venons donc à votre question, pourquoi dans le verset dans Chroniques, qui indique la royauté à huit ans, ne précise-t-il pas qu’il a régner encore « dix ans et trois mois » ?
Cependant, en tenant compte de la remarque, que le texte dans Chroniques ajoute en plus des trois mois, que le règne dure encore « dix yamim », la réponse coule de source : Le mot yamim voudrait dire ici : années. Le roi a régné trois mois, en dehors de dix ans.
En fait, depuis que son père l’avait désigné à ses huit ans comme le futur roi, le fils a été tellement excité, à ce que les dix ans sont passées à ses yeux si rapidement, comme s’il s’agissait de quelques jours.