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Votre archaïsme pour dominer les femmes

Rédigé le Dimanche 28 Décembre 2014
La question de Janick D.

Bonjour,

Vous avez diffusé un article appelé "La discrétion d'une femme donne une valeur inestimable à ses actes", disant notamment : "Le travail d’une femme, réalisé dans la discrétion, donne une valeur inestimable à ses actes. Elle est capable de pénétrer les Cieux et de faire mériter à son foyer des bénédictions et une aide du Ciel infinies."

Ce type d'argument était développé au moyen âge pour justifier la domination masculine. Il est vieux comme le monde et dénote un certain archaïsme qui dévalorise notre belle Torah.

Ça fait pas mal de temps que je constate que votre site est un ramassis d'idées basiques qui n'ont rien à voir avec la profondeur de nos textes. Vous devriez vous interroger sur le rôle et la place des hommes dans le judaïsme, et laisser les femmes s'interroger elles-même sur leur propre rôle.

Il me semble que dans cette attitude, qui consiste pour des hommes à se préoccuper de la tenue vestimentaire des femmes et de leur place au sein du judaïsme, il y a une grande impudeur qui va à l'encontre de nos valeurs.

Messieurs les hommes, soyez donc plus pudiques et ne vous occupez pas des femmes ! Ça vire à l'obsession sexuelle !

La réponse de Rav Elie LELLOUCHE
Rav Elie LELLOUCHE
97 réponses

Bonjour,

Les qualités de discrétion et de pudeur constituent des principes fondamentaux du service divin dans le judaïsme.

Dans la Bible déjà, le prophète Mikha déclare : "Ce qu'Hachem attend de toi n'est rien d'autre que l'exercice de la justice, l'amour de la bonté et une conduite pudique avec L'Eternel ton D.ieu" .En ce sens, la Tsni'out concerne aussi bien les hommes que les femmes. La retenue dans le comportement et la discrétion sur le plan vestimentaire sont des qualités que tout juif, homme ou femme, doit travailler "d'arrache-pied" s'il veut être en cohérence avec le message de notre Torah.

Cela étant, certaines Middot (qualités morales) revêtiront un éclat particulier lorsqu'elles seront portées par une femme, alors que d'autres contribueront plus particulièrement à l'édification morale de l'homme.

Ainsi en est-il de la pudeur. Il n'y a là aucun sexisme ni l'affirmation d'une quelconque volonté de "domination masculine", il s'agit simplement pour chacun de mesurer l'enjeu qui est le sien dans son évolution spirituel.

Le Rav Elie Munk dans son livre "Le monde des prières" écrit d'ailleurs que l'histoire juive, plus qu'aucun discours, prouve le respect et la haute considération dans lesquels étaient tenues les femmes dans les communautés de nos aïeuls. Si l'on voulait se livrer à des comparaisons, l'on pourrait dire que la pudeur est à la femme ce que la modestie est à l'homme. Cela ne signifie pas qu'une femme ne doive pas travailler l'humilité, mais la modestie confère à l'homme qui est parvenu à l'acquérir une dimension spirituelle et morale particulièrement élevée, alors même que pour une femme cette stature spirituelle lui sera acquise par le biais de sa discrétion.

Dans le même ordre d'idée, le biologiste François Jacob, prix Nobel de médecine en 1965, mettait en garde, dans un article écrit pour un journal national, contre le risque qui consisterait à amalgamer les notions d'égalité et d'identité en matière de relations hommes - femmes. Si les femmes et les hommes sont égaux en droit, il n'en sont pas moins différents, que ce soit sur le plan biologique, affectif ou psychologique. Il n'est donc pas étonnant que ce soit également le cas sur le plan des enjeux religieux.

La Guémara témoigne d'ailleurs de l'importance de la Tsni'out pour une femme. Faisant référence au chapitre 18, verset 9 du Livre de Béréchit (La Genèse) relatant la visite des anges à Avraham et au cours de laquelle ces derniers lui demandent où se trouve son épouse, les Sages du Talmud s'interrogent sur le bien-fondé de cette question. En effet, les anges savaient pertinemment que Sarah se trouvait dans sa tente. La réponse que donnent nos Sages est éloquente. Ceci nous enseigne, déclarent-ils, que Sarah Iménou était Tsnou'a (discrète) et les anges recherchaient ainsi à la rendre plus chère à son mari (Traité Baba Metsi'a 67a).

Oui, la pudeur et la discrétion sont des vertus qui anoblissent et valorisent la femme. Le combat pour ces valeurs dans nos sociétés, et en particulier au sein du peuple juif qui revendique son lien avec la Torah, doit être mené avec d'autant plus de détermination que jamais la dignité et l'image des femmes n'ont été aussi bafouées. Il ne s'agit pas ici d'obsession, mais simplement d'alerter les femmes juives sur l'importance qu'il y a à pérenniser nos valeurs face à l'agression de la civilisation occidentale qui, sous couvert de libération des femmes, les rendent esclaves d'une mode qui les avilit.

Cela étant dit, la discrétion prônée par le judaïsme en matière de comportement féminin ne signifie pas que la femme juive doive être effacée. Si c'est le sens de votre intervention, alors je la partage. Son implication pleine et entière dans les valeurs de transmission est primordiale, mais ceci ne peut se faire en compromettant les éléments même de sa force.

C'est la raison pour laquelle une femme ne pourra être placée en chef de communauté.

Cette responsabilité risquera de porter atteinte à ces valeurs si nobles.

Kol Touv.

Mékorot / Sources : Le Monde Des Prières.
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