Bonjour Rav,
Est-il vrai qu'une coutume interdit la visite à un endeuillé ?
Bonjour,
Jusqu’à preuve du contraire, l’affirmation mentionnée dans votre question ne fait pas partie des « quatre vérités ». C’est, apparemment, de la pure superstition et une croyance irrationnelle qui s’est installée, indûment, chez certaines âmes sensibles.
Ci-dessous quelques détails concernant votre question.
1. Hachem lui-même console les endeuillés
Le fait de consoler une personne ayant perdu un proche est une très grande Mitsva.
Hachem, lui-même, s’est rendu chez Its’hak Avinou afin de le consoler suite à la disparition de son père, Avraham Avinou.
Voir Béréchit, chapitre 25, verset 11 et Rachi ainsi que Talmud Sota 14a.
2. La Mitsva est-elle d’ordre Toraïque ou rabbinique ?
D’après certains décisionnaires, c’est une Mitsva d’ordre rabbinique [au même titre que l’allumage des bougies du Chabbath, selon certains, de la célébration de ‘Hannouka et Pourim, ou Nétilat Yadaïm avant la consommation de pain]. Voir Rambam, Hilkhot Avel, chapitre 14, Halakha 1.
Selon d’autres, cette Mitsva est d’ordre Toraïque, elle est déduite d’un verset de la Torah : Dévarim, chapitre 13, verset 5 ou Vayikra, chapitre 19, verset 18. Voir Talmud Sota 14a et Michepeté Hachalom, chapitre 15, Halakha 31.
Voir aussi Kohélet [l’Ecclésiaste], chapitre 7, verset 2.
3. « Séoudat Havraa » - le premier repas de l’endeuillé
Après l’enterrement, l’endeuillé n’a pas le droit de consommer son premier repas à partir d’aliments lui appartenant. Voir Choul’han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 378, Halakha 1.
C’est une Mitsva pour tous les voisins et tous les amis de lui apporter un repas afin qu’il puisse manger conformément à la Halakha.
Si personne ne lui a apporté un repas, il lui est permis de consommer des aliments lui appartenant [s’il est gêné d’en faire part à ses amis ou à ses voisins].
4. En quoi consiste cette Mitsva ?
Alléger l’endeuillé de son chagrin par des paroles réconfortantes. Ce n’est pas toujours une tâche facile. Mais, assez souvent, nos paroles et notre présence sont assez consolatrices.
5. Par téléphone ?
En cas d’impossibilité, la Mitsva peut être accomplie par téléphone. Igrot Moché, Ora’h ‘Haïm, volume 4, question 40, passage 11.
6. Une précaution très importante
En général, les endeuillés sont assez épuisés [moralement et physiquement]. Il faut prendre cela en considération et savoir que notre présence est parfois gênante.
Voir Choul’han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 376, Halakha 1.
Malheureusement, de nos jours, ce détail n’est pas suffisamment respecté.
Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.