Bonjour Rav,
Pourquoi le statut de la femme est différent de celui de l'homme dans la Tsni'out (pudeur) ?
Si on dit que les femmes doivent se soumettre aux règles de pudeur pour les "protéger" (comme on "cache" un Séfer Torah sous un tissu, dans une armoire fermée), pourquoi ce n'est pas le cas pour l'homme aussi ?
Si c'est pour ne pas attiser le Yétser Hara' (mauvais penchant) de l'homme, ça revient à annuler des libertés de la femme pour que l'homme ne fasse pas de bêtise, pour que l'homme, finalement, ne se conduise pas comme un animal. Donc l'homme n'est pas capable de se contrôler, et on annule des libertés de la femme pour lui ?!
Kol Touv.
Bonjour,
Il y a un détail étonnant dans votre question.
Vous écrivez : « Si on dit que les femmes doivent se soumettre aux règles de pudeur pour les "protéger" [les hommes] comme on "cache" un Séfer Torah sous un tissu, dans une armoire fermée, pourquoi ce n'est pas le cas pour l'homme aussi ? Si c'est pour ne pas attiser le Yétser Hara' [mauvais penchant] de l'homme, ça revient à annuler des libertés de la femme pour que l'homme ne fasse pas de bêtise. »
1. Il n’est marqué nulle part que la [seule] raison d’exister des lois de la Tsniout est d’éviter aux hommes de fauter.
2. Le raisonnement que vous mentionnez est, certes, mentionné dans les écrits de nos maîtres mais en tant qu’argument clé / persuasif permettant de bien faire comprendre aux femmes la gravité de leur comportement.
3. Il existe 6 raisons expliquant la nécessité de se conformer aux lois de la Tsniout. Voir paragraphe suivant.
4. Première raison : Hachem se trouve partout. Les femmes et les hommes doivent, donc, s’habiller respectueusement et décemment. D’ailleurs, ce fut le premier reflexe d’Adam et ‘Hava dans le Gan Eden. Voir Béréchit, chapitre 3, verset 8. A ce sujet, voir Choul'han ‘Aroukh, chapitre 1, fin de la Halakha 1 et chapitre 2, Halakha 1 et 2.
Donc, même si la femme ou l’homme se trouvent sur une île inhabitée, loin de tout regard [c’était le cas d’Adam et ‘Hava], ils doivent s’habiller conformément aux exigences de la Halakha.
Seconde raison
Il ne faut pas mettre en relief ce qui n’est que secondaire et accessoire. Le corps n’est qu’un support de la Néchama. Il est au service de la Néchama. Il faut s’occuper de lui, certes, mais il ne faut pas lui donner plus d’importance qu’il ne le mérite.
A l’époque de ‘Hanouka, les Grecs voulaient nous inculquer leur manière de voir le monde et d’en tirer profit : la culture physique, le désir, le profit. Ils savaient que cela constituait l’antithèse de la sagesse de la Torah et voulaient, par là, anéantir le peuple juif. A ce sujet, voir, aussi, Yéch'aya [Isaïe], chapitre 22, verset 13.
Dans le même ordre d’idée, de nombreuses choses doivent se faire à l’abri du regard des autres.
Pourquoi ?
Pour que soit conservé leur caractère de chose secondaire et accessoire.
En d’autres termes : afin que l’on ne puisse pas penser [l’auteur de l’action et celui qui en a connaissance] qu’il s’agit d’une norme ou d’une valeur sans limite [qu’il est possible de dépasser]. Vous êtes sensé[e], brillant[e] et intelligent[e]. Donc, il n’est pas nécessaire de commenter davantage. En résumé : même si la femme se trouve loin de tout regard, elle doit être investie de cette idée maîtresse et se conduire en conséquence. Cette raison est, également, valable pour les hommes.
Troisième raison
Parfois, une tenue vestimentaire non conforme aux exigences de la Halakha est une transgression des lois nous exigeant de ne pas imiter les manières de faire des peuples nous entourant. Voir ‘Oz Véhadar Levoucha, page 25, passage 5. Voir ‘Oz Véhadar Levoucha, page 25, passage 5.
Quatrième raison
Lorsque la femme ne s’habille pas correctement, elle éloigne la providence divine du peuple juif. Ceci est une grave interdiction. Nous devons, tous, faire les efforts pour conserver la sainteté de notre entourage. Voir Dévarim, chapitre 23, verset 15. On ne peut bénéficier de cette providence que dans une atmosphère de sainteté : lorsque le « matériel » ne l’emporte pas sur le « spirituel » et n’a pas une place plus importante qu’il n’en mérite. Voir plus haut « Première raison » et « Seconde raison ». Voir ‘Oz Véhadar Levoucha, page 25, passage 5.
Cinquième raison
En s’habillant d’une manière non conforme aux exigences de la Halakha, la femme fait naître chez ceux qui portent le regard sur elle, un désir immodéré de la « posséder » = le dernier des dix commandements [Chémot 20, verset 14]. Le fait, même, de faire naître un tel désir chez l’autre, est une interdiction en soi. Voir ‘Oz Véhadar Levoucha, page 26, passage Révi’it.
Cette raison est différente de celle qui suit.
Sixième raison
Si la femme ignore ce qui précède et ne s’habille pas conformément aux lois de la Tsniout, il est fort possible qu’elle attirera le regard des hommes de son entourage.
Chacun a son libre-arbitre, certes, mais elle aura été à l’origine de la faute commise, mentionnée dans Bamidbar, chapitre 15, verset 39 [attarder son regard sur ce qui pourrait mener vers une transgression ou sur ce qui est susceptible d'éloigner de la pratique des Mitsvot]. Et la Torah nous enjoint : « Devant un aveugle tu ne placeras pas d’embûche » Vayikra, chapitre 19, verset 14.
Mis à part son sens littéral, ce verset nous enseigne la leçon suivante : Chacun d'entre nous a l'obligation de veiller au bien-être matériel et spirituel de son prochain. C'est pourquoi, il est interdit d'amener une autre personne à fauter ou de contribuer à ce qu'elle fasse une action interdite [c’est lui tendre un piège et le faire trébucher]. Voir ‘Oz Véhadar Levoucha, page 25, passage 5 et Le ‘Houmach, édition Edmond J. Safra, page 700.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.