Bonjour Rav,
Dans la Guémara de Kidouchin (page 30b), il nous est enseigné qu'Hachem a créé le Yetser Hara' et qu'Il a créé la Torah comme remède.
Le mot utilisé par la Guémara pour désigner le remède - qui est la Torah - est le mot "Tavline" qui veut dire "épice".
Pourquoi parle-t-on d'épice pour désigner la Torah qui est le remède du Yetser Hara' ?
Merci beaucoup.
Bonjour,
Première explication
Le mot « Tavline » signifie épice, aromate. Dans le Talmud Kiddouchin 30b et le Méssilat Yécharim [chapitre 5], il faut donner à ce mot le sens de médicament.
D’ailleurs, c’est l’explication qu’apporte le Ram’hal, dans Méssilat Yécharim, en disant : « Véhiné Pachout, Chéïm Haboré Lo Bara Lémaka Zo Ela Réfoua Zo… ». Début du chapitre 5.
Réfoua = médicament = substance utilisée pour traiter une maladie ou un mauvais fonctionnement du corps.
Vivre selon les conseils du Yétser Hara' est la « chose » la plus nuisible pour le corps humain.
A l’époque, de nombreuses plantes étaient utilisées comme des médicaments, pour traiter toutes sortes de maladies.
L’utilisation du terme « Tavline » met, donc, en évidence l’importance et l’indispensabilité de l’étude de la Torah pour réussir le combat contre le Yétser Hara' et les mauvaises pulsions.
Seconde explication
Rav ‘Haïm de Volozin explique la comparaison de la Torah à l’épice de la manière suivante :
De même que l’épice donne du goût aux plats, et, sans épices, les aliments ne sont pas « consommables », de même, grâce à la Torah, et seulement grâce à la Torah, il est possible de freiner les mauvaises influences du Yétser Hara' et de l’utiliser, uniquement dans certaines limites : convenablement et raisonnablement.
Troisième explication
Question introductive : Comment peut-on comparer la Torah à une épice ?
L’épice n’est-elle pas une partie secondaire dans un plat ?
Le plat n’est-il pas l’essentiel ?
Comment est-il possible de concevoir que la Torah est secondaire par rapport au Yétser Hara' ?
Réponse :
Le but de la création de l’être humain est sa lutte contre le mal.
C’est pourquoi, le Yétser Hara' s’installe dans l’être humain dès sa naissance.
Le Midrash dit que le mot « Tov » figurant dans les versets de la création du monde fait allusion au Yétser Hatov. « Tov Méod » fait allusion au Yétser Hara'.
Le Ram’hal explique cela dans plusieurs de ses écrits [Da'at Tevounot, Dérekh Hachem, etc. : afin que la récompense du 'Olam Haba soit bien méritée et qu’elle n’entraîne pas de gêne, ni de honte].
Le moyen qu’Hachem met à notre disposition est l’étude la Torah.
La Torah doit, donc, être perçue comme un moyen de pouvoir vaincre le mal qui nous est tendu par le Yétser Hara', dont l’unique mission est de nous faire tomber.
De même que l’épice est une partie infime du plat cuisiné mais il lui donne du goût et le rend attirant et consommable ; de même, la Torah doit être considérée comme « l’arme défensive » nous permettant d’utiliser le Yétser Hara' dans le but pour lequel Hachem l’a créé.
Dans Avot Dérabbi Nathan [chapitre 16], la Torah est comparée au feu et le Yétser Hara', au métal.
Tant que le métal est chauffé par le feu, il est possible de le façonner et de le modeler.
L’idée développée ici est assez profonde. Dans le cadre de cette réponse, il n’est pas possible d’expliquer davantage.
Quatrième explication
Le Yétser Hara' pousse l’homme vers ce qui est agréable même si cela est interdit.
Il le pousse à tirer profit de ce monde sans prendre en considération les Mitsvot.
L’homme risque de se dire : « Il faudrait, tout de même, profiter et avoir du plaisir. Pourquoi se priver ? ». Voir Yéshaya, chapitre 22, verset 13.
Hachem répond : « J’ai créé le Yétser Hara' [qui pense uniquement à te faire profiter d’une manière interdite], mais J’ai créé également la « Torah Tavline » ; cette épice qui donne du goût à la vie ».
Et cette épice est infiniment plus savoureuse et meilleure que celles proposées par le Yétser Hara'.
Les épices donnent du goût aux plats. C’est grâce aux épices que les aliments sont agréables.
« La Torah d'Hachem est parfaite, elle réconforte l'âme. Les préceptes d'Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur. Les commandements de l’Éternel sont lumineux, ils éclairent les yeux. Les jugements de l’Éternel sont vérité, ils sont parfaits. Plus désirables que l'or, que beaucoup d'or fin, plus doux que le miel » [Téhilim 19].
Qu’Hachem te protège et bénisse.